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fenfe furent encore plus vives qu'elles ne l'avoient été jufques-là. Le courage croiffoit à proportion du danger. Animés de part & d'autre par les motifs les plus puiffans, ils fe battoient comme des lions. Quand les béliers eurent abbattu quelques pans de murailles, & qu'on eut jetté les ponts, les Argyrafpides montent courageufement à la brêche, aiant à leur tête Adméte, l'un des plus braves Officiers de l'armée, qui fut tué d'un coup de pertuifane pendant qu'il encourageoit les fiens. La présence du Prince, & encore plus fon exemple, animoient les troupes. Il monta lui-même fur une des tours qui étoit fort haute & s'expofa au plus grand péril où jamais fon courage l'eût porté. Car étant d'abord reconnu aux marques roiales & à la richeffe de fes armes, il fervit de but à tous les traits des ennemis. Là il fit des prodiges de brayoure. Il tua à coup de javelot plufieurs de ceux qui défendoient la muraille: puis les joignant de plus près, il renverfa dans la ville ou dans la mer les uns à coups d'épée, les autres avec fon bouclier, parce que la tour d'où il combattoit touchoit prefque

au mur. Il y paffa bientôt par le moien des pontons, & fuivi de la Nobleffe, il fe rendit maître de deux tours, & de l'espace qui étoit entre-deux. Déja les béliers avoient fait bréche en plu fieurs endroits, l'armée navale avoit forcé le port, & quelques-uns des Macédoniens s'étoient faifis des tours qu'ils trouvérent abandonnées. Les Tyriens, voiant les ennemis maîtres de leur rempart, fe retirérent vers la place d'Agénor, où ils firent ferme : mais Alexandre, furvenant avec fon régiment des gardes, en tua une partie, & chaffa l'autre. En même tems, la ville étant prife du côté du port, les Macédoniens couroient par tout, & n'épargnoient perfonne, irrités de la longue réfiftance des affiégés, & du mauvais traitement qu'on avoit fait à quelques-uns de leurs compagnons qui avoient été pris au retour de Sidon, & jettés en bas du mur après avoir été égorgés à la vûe de toute l'armée.

Les Tyriens fe voiant accablés de tous côtés, les uns s'enfuient au temple implorant le fecours des dieux, les autres s'enfermant dans leurs maifons préviennent le vainqueur par une

mort volontaire, d'autres enfin fe lancent fur l'ennemi réfolus de vendre chérement leur vie. La plupart étoient montés fur les toits, & jettoient des pierres, & tout ce qui leur venoit à la main, fur ceux qui avançoient dans la ville. Le Roi commanda qu'on fit main-baffe fur tous les habitans, à la réserve de ceux qui s'étoient réfugiés dans les temples, & qu'on mît le feu par tout. Quoique cet ordre eût été publié à fon de trompe, aucun de ceux qui portoient les armes n'eut recours aux afyles. Les temples n'étoient pleins que des filles & des enfans qui étoient reftés dans la ville. Les vieillards fe tenoient à l'entrée de leurs maifons, n'attendant que l'heure d'être immolés à la fureur du foldat. Il eft vrai que les Sidoniens qui fe trouvérent dans le camp d'Alexandre, en fauvérent beaucoup. Car étant entrés dans la ville pêle-mêle avec les victorieux, & fe reffouvenant de l'affinité qu'ils avoient avec les Tyriens, parce qu'on tenoit qu'Agénor avoit fondé les villes de Sidon & de Tyr, ils en menérent plufieurs fécrettement dans leurs vaif feaux, & les transportérent à Sidon.

Il y en eut jufqu'à quinze mille qui furent, par cette officieufe tromperie, dérobés à la rage du vainqueur; & l'on peut juger combien le carnage fut grand, puifqu'il fut trouvé jufqu'à fix mille foldats taillés en piéces fur le rempart de la ville. Mais la colére du Roi n'étant pas encore affouvie, il fit voir un fpectacle horrible aux yeux mêmes des vainqueurs. Car deux mille hommes étant reftés du maffacre après qu'on fut las de tuer, il les fit attacher en croix le long du rivage de la mer. Il pardonna aux Ambaffadeurs de Carthage qui étoient venus dans leur métropole, felon l'ancienne coutume, pour offrir à Hercule un facrifice annuel. Le nombre des prifonniers, tant habitans qu'étrangers, monta à trente mille perfonnes: ils furent tous vendus. La perte, du côté des Macédoniens, fut très médiocre.

Alexandre facrifia à Hercule, & conduifit la cérémonie avec toutes fes troupes fous les armes : & la flote AN.M. 3672, en fit autant de fon côté. Il célébra Av.J.C.332 auffi des Jeux Gymniques en l'honneur du même dieu, & dans fon temple. Pour ce qui regarde la ftatue d'Apollon dont on a parlé, il lui fit

Ster fes chaînes, lui rendit fa premiére liberté, & ordonna que ce Dieu feroit honoré deformais fous le furnom de Philalexander, c'est-à-dire Ami d'Alexandre. Si l'on en croit Timée, les Grecs commencérent à lui rendre ce culte folennel comme à l'auteur de la prife de Tyr, arrivée le jour & l'heure même que les Carthaginois avoient enlevé cette ftatue à ceux de Géle. La ville de Tyr fut prife après fept mois de fiége, vers la Fin de Septembre.

C'est ainsi qu'achevérent de s'accomplir les menaces que Dieu avoit prononcées contre la ville de Tyr par la bouche de fes Prophétes. Nabucodonofor en avoit commencé l'exécution par le fiége & la prise de cette ville. Alexandre y mir le comble par la défolation qui vient d'être décrite. Comme ce double événement eft un des faits de l'hiftoire les plus confidérables, & que l'Ecriture Sainte nous en a marqué des circonftances très-finguliéres, j'effaierai de réunir ici fous un même point de vue tout ce qu'elle nous apprend de la ville de Tyr: fa puiffance, ses richeffes, fa fierté, fon irréligion; les différentes

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