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Ifai. c. v. 15.

23.

Après un tel exemple, continue le Prophéte, Tyr, qui eft une ville fi inférieure en tant de maniéres à Babylone, ofera-t-elle efpérer que les menaces de Dieu contre elle feront moins réelles pour lui ôter l'Empire de la mer, & brifer fes forces navales ?

a

Pour lui faire mieux fentir l'abus qu'elle a fait de la profpérité, Dieu la tiendra dans l'humiliation & l'oubli pendant foixante-dix ans. Mais après ce tems d'obfcurité, elle cherchera à reparoître dans le monde . 16. comme une courtisanne pleine d'attraits & d'artifices, b qui ne pense qu'à corrompre la jeuneffe, & qu'à flater les paffions. Elle emploiera les fraudes, la féduction, les appas, pour relever fon commerce. Elle fera le tour du monde pour amaffer ce qui eft rare & délicieux en chaque pays; l'apour enchanter les nations par mour & l'admiration du fuperflu, du magnifique; pour leur infpirer l'aver

a Et erit in die illa: In oblivione eris, ô Tyre, feptuaginta annis... Poft feptuaginta autem annos erit Tyro quafi canticum meretricis.

b Sume citharam, circui civitatem, meretrix oblivioni tradita: bene cane, frequenta canticum, ut memoria fit tui.

fion de la fimplicité, de la frugalité, des anciennes mœurs. Et elle mettra tout en ufage pour renouer fes anciennes liaifons, pour regagner la confiance de ses premiers correfpondans, & pour récompenfer par une promte abondance la ftérilité de foixante-dix ans.

Ainfi à proportion que Dieu don- v.17: nera à Tyr des facilités pour rétablir fon négoce & fon crédit, elle retournera à fon trafic honteux, qu'il avoit voulu faire ceffer, en lui ôtant tous les biens dont elle faifoit un fi pernicieux ufage.

Mais enfin Tyr, convertie par v.18. l'Evangile, ne fera plus le fcandale de l'univers. Elle ne facrifiera plus fon travail à l'idolatrie des richeffes, mais au culte du Seigneur, & au foulagement de ceux qui le fervent. Elle ne les rendra plus ftériles en les retenant, mais elle les répandra comme

,

a Et erit poft feptua-Ines ejus & mercedes ejus ginta annos vifitabit fanctificatæ Domino. Non Dominus Tyrum, & re- condentur, neque repoducet eam ad mercedes nentur, quia his qui hafuas: & rurfum fornica- bitaverint coram Domibitur cum univerfis re- no, erit negotiatio ejus, gnis terræ fuper faciem ut manducent in faturitatem, & veftiantur ufque ad vetuftatem.

terræ.

b Et erunt negotiatio

une femence féconde dans les mains des fidéles & des Miniftres de l'Evan

gile.

Un des deffeins de Dieu dans les prophéties que nous venons de raporter, eft de nous donner une jufte idée d'un commerce, dont l'avarice eft l'unique motif, & dont les délices, la vanité, & la corruption des mœurs font le fruit. Nous regardons les villes qu'un tel commerce enrichit, ( & il ( en eft de même des particuliers ) comme plus heureufes que les autres comme dignes d'envie, comme méritant par leur induftrie, par leur travail, & par le fuccès de leurs foins & de leur conduite, d'être propofées aux autres comme des modèles. Mais Dieu nous les repréfente au contraire fous l'idée honteufe d'une femme fans vertu & fans pudeur, qui ne penfe qu'à féduire & qu'à corrompre la jeuneffe, qui ne flate que les paffions & les fens, qui eft ennemie de la modeftie & de tout fentiment d'honneur & qui effaçant de fon front tout veftige de honte, fait gloire de fon ignominie. Il ne s'enfuit pas de là que le trafic foit mauvais en fui-même. On doit féparer du fonds effentiel du

,

commerce, jufte & légitime quand on en use bien, les paffions des hommes qui s'y mélent, & qui en pervertiffent l'ordre & la fin. Tyr, devenue chrétienne, apprend aux Négocians la conduite qu'ils doivent garder dans leur trafic, & l'ufage qu'ils doivent faire de leurs gains.

§. VIII.

Secondes Lettres de Darius à Alexandre. Voiage de celui-ci à Jérufalem. Honneurs qu'il rend au grand Prêtre Faddus. On lui montre les prophéties de Daniel qui le regardoient. Le Roi accorde de grands priviléges aux Juifs: en refufe de pareils aux Samaritains. Il affiége & prend Gaza: entre en Egypte, & s'en rend maître : commence ày bâtir Alexandrie: paffe en Libye, vifite le temple de Jupiter Ammon, & fe fait déclarer le fils de ce dieu. Il retourne en Egypte.

2. Curt.lib.

PENDANT qu'Alexandre étoit en- Plut. in A core occupé au fiége de Tyr, il avoit ex. pag. 681. reçu une feconde lettre de Darius, 4. cap. 5. qui enfin le traitoit de Roi, » Il « lui offroit dix mille talens (trente « millions) pour la rançon des Prin- «

Arrian. lib 2. pag. 101.

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ceffes captives, avec fa fille Statira » en mariage, & tout le pays qu'il » avoit conquis jusqu'à l'Euphrate. Il » le faifoit fouvenir de l'inconstance » de la fortune, & étaloit avec pomles forces immenfes qui lui re» ftoient. Croioit-il que ce fût une » chofe aifée de paffer l'Euphrate, le Tigre, l'Araxe, & l'Hydafpe, qui » étoient comme autant de rempars » de fon empire ? Qu'il ne feroit pas » toujours enfermé dans des rochers » & des défilés : qu'il faloit fe voir en » rafe campagne, où Alexandre auroit honte de paroître devant lui avec une poignée de gens. « Le Prince aiant mis l'affaire en délibération, Parménion étoit d'avis d'accepter ces offres, & dit que pour lui il le feroit, s'il étoit Alexandre. Et moi auffi, reprit Alexandre, fi j'étois Parménion. Il répondit, » Qu'il n'avoit » pas befoin de l'argent de Darius. Qu'il avoit mauvaise grace d'offrir » ce qui n'étoit plus à lui, & de vouloir partager ce qu'il avoit entiére»ment perdu. Que s'il étoit le feul qui ignorât qui d'eux étoit le Maî» tre, il s'en pouvoit éclaircir par une bataille. Qu'il n'efpérât pas épou

رو

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