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leur maniére ordinaire, mais com-, battant d'homme à homme, ils faifoient effort chacun pour renverfer fon adverfaire de deffus le cheval. Alexandre y perdit environ foixante de fes gardes. Epheftion, Coenus, & Ménidas y furent bleffés: mais il demeura le maître, & il ne fe fauva des Barbares que ceux qui fe firent jour à travers fes efcadrons.

Pendant ce tems-là, Mazée avoit appris la défaite de Darius. Allarmé de cette nouvelle, & abbatu par le malheur de fon parti, quoique de fon côté il eût tout l'avantage, il ne preffoit plus fi vivement l'ennemi qui étoit en defordre. Parménion ne pouvoit concevoir pourquoi le combat s'étoit rallenti tout-à-coup: mais en habile Capitaine qui fait profiter de tout, uniquement occupé à ranimer fes troupes, il leur fit regarder la terreur répandue parmi les ennemis comme un figne avant-coureur de leur défaite, & leur fit fentir quelle gloire ce feroit pour elles de mettre la derniére main à la victoire. Ce difcours leur rendit l'efpérance & le courage.Transformés tout d'un coup en d'autres hommes, ils poufférent leurs chevaux à toute

bride, & chargérent les ennemis avec une fureur qui les mit entiérement en defordre, & les obligea de prendre la fuite. Alexandre arriva dans ce moment-là même; & ravi de trouver tout rétabli, & l'ennemi entiérement vaincu, il se remit à pourfuivre Darius, & Parménion l'accompagna. Il courut jufqu'à Arbelles, où il penfoit le trouver avec tout fon équipage: mais il n'avoit fait que paffer, laiffant fes tréfors à la merci de fon ennemi, avec fon arc & fon bouclier.

Telle fut l'iffue de cette fameufe bataille, qui décida de l'Empire. Arrien dit que les Perfes y perdirent près de trois cens mille hommes, fans compter les prifonniers ; ce qui prouve au moins que de leur côté la perte fut très confidérable. Elle fut très médiocre du côté d'Alexandre, &, felon le même Arrien, ne monta pas à douze cens hommes, dont la plus grande partie fut de la cavalerie. Cette bataille fe donna au mois *AN.M. 3674. d'Octobre, à peu près au même tems Av.J.C.330. que s'étoit donnée deux ans auparavant celle d'Iffus. Comme Gaugaméle

• Le mois appellé chez les pond en partie à notre mois Grecs Boedromion, ré-d'Ottobre.

Died. lib.17. P. 538-540.

Plut. in A

2. Curt. lib.

5. cap. 1-7.

cap. 14.

en Affyrie, où elle s'étoit donnée, étoit un trop petit lieu & trop peu connu, on l'appella la bataille d'Arbelles, parce que c'étoit la ville la plus proche du champ de bataille.

§. X.

Alexandre fe rend maître d'Arbelles, de Babylone, de Sufe, de Perfépolis, & trouve dans ces villes des richesses immenfes. Il brule le palais de la derniére dans une partie de débauche.

LE PREMIER SOIN d'Alexandre Arrian. lib. après la victoire, fut d'en rendre gra3.p.127-133. ces aux dieux par des facrifices magnilex. pag. 685- fiques. Enfuite il récompenfa ceux qui 688. s'étoient le plus diftingués dans le combat, les combla de richeffes, & Juftin... leur donna à tous des maisons, des charges, des gouvernemens. Mais fe piquant fur tout de reconnoiffance envers les Grecs, qui l'avoient nommé Généraliffime contre les Perfes, il ordonna que toutes les Tyrannies qui s'étoient élevées en Gréce feroient abolies, les villes remises en liberté, & rétablies dans tous leurs droits & priviléges. Il écrivit en particulier aux Platéens, qu'il vouloit que leur

Hirodote

touche cette hiftoire en deux

ville fût rebâtie, en considération du zêle que leurs ancêtres avoient autrefois témoigné pour la défense de la liberté commune. Il envoia auffi aux Crotoniates en Italie une partie des dépouilles, pour honorer encore tant d'années après la bonne volonté & le courage de l'Athléte Phaylle leur citoien, qui du tems des guerres des Médes, lorfque tous les autres Grecs mots, liv. 8. établis en Italie avoient abandonné chap. 47. les véritables Grecs les croiant entiérement perdus, équipa lui-même une galére à fes frais, & fe rendit à Salamine pour partager le péril avec ceux de fa nation. Tant, dit Plutarque Alexandre étoit ami & rémunérateur de toute vertu, & fe regardoit chargé, pour ainfi dire, de conferver la mémoire de toutes les belles actions pour en faire revivre le mérite, & les propofer en exemple à la poftérité !

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Darius, après fa défaite, accompagné de peu de gens, avoit pris le chemin de la riviére Lycus. L'aiant paffée, plufieurs lui confeilloient de rompre le pont, parce que l'ennemi le pourfuivoit. Mais il répondit géné

a

reufement, qu'il n'eftimoit point affez fa vie pour la vouloir conferver au prix de celle de tant de milliers de fujets & d'alliés fidéles, qui demeureroient à la merci des ennemis: qu'ils avoient le même droit que leur Prince à ce paffage, qui devoit leur être ouvert comme à lui. Après avoir traverfé affez de pays toujours en fuiant, il arriva fur le minuit à Arbelles. De là il prit fa route vers la Médie à travers les montagnes d'Arménie, fuivi de fa Nobleffe, & d'un petit nombre de gardes. Deux mille Grecs le joignirent auffi bientôt dans le chemin. Il prit cette route, parce qu'il crut qu'Alexandre prendroit celle de Babylone & de Sufe, pour y jouir du fruit de fa victoire. D'ailleurs c'étoit un chemin où l'on ne pouvoit le fuivre avec une grande armée, au lieu que l'autre étoit aisé pour les chevaux & les chariots, & dans un pays fertile.

Peu de jours après Arbelles fe rendit à Alexandre, qui y trouva quantité de meubles de la Couronne, de

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