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qu'elle fe fentoit moins de ces defordres. Car Amyntas amena fix mille hommes de pié, & cinq cens chevaux Macédoniens, envoiés par Antipater; & fix cens chevaux Thraces, avec trois mille cinq cens fantaffins de la même nation, fans compter quatre mille hommes foudoiés venus du Péloponnése avec près de quatre cens chevaux.

Le même Amyntas avoit encore amené au Roi cinquante jeunes Macédoniens, enfans des plus grands Seigneurs du pays, pour la garde du Corps. Ce font ceux qui le fervoient à table, qui lui menoient fes chevaux dans les armées, qui l'accompagnoient à la chaffe, & qui faifoient garde tour à tour à la porte de fa chambre. Et c'étoient là comme les premiers degrés pour monter aux plus hautes. charges de la milice & de l'Etat.

Après qu'Alexandre eut quitté Babylone, il entra dans la province de Sitacéne, pays fertile & abondant en toutes fortes de biens, ce qui fit qu'il y féjourna plus lontems. Et de peur que l'oifiveté ne ramollît le courage de fes gens, il propofa des prix pour les plus vaillans d'entr'eux; & pour

décider fur les actions de ceux qui dif puteroient cet honneur, il nomma des Juges, témoins des preuves de bravoure que chacun avoit données dans les batailles précédentes: car c'eft fur quoi l'on devoit adjuger les prix. Aux huit qui fe trouveroient les plus braves, il donna à chacun un régiment de mille hommes, & de là on les appelloit Chiliarques. C'étoit la premiére fois qu'on avoit fait les régimens fi forts auparavant ils n'étoient que de cinq cens hommes, & n'avoient point encore été le prix de la valeur. Les foldats accoururent pour affifter à cet illuftre fpectacle, non feulement comme témoins des faits des uns & des autres, mais comme juges des Juges mêmes; parce qu'il feroit aifé de voir fi les récompenfes feroient données au mérite ou à la faveur : difcernement fur lequel il n'eft pas poffible de tromper les foldats. Il paroit que la diftribution fe fit avec beaucoup d'équité.

Il changea auffi très utilement dans la difcipline militaire plufieurs chofes établies par fes prédéceffeurs Car il réduifit toute fa cavalerie en un corps, fans confidérer la différence des na

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tions, & lui donna des Commandans tels qu'il les voulut choifir: au lieu qu'auparavant chaque nation fe rangeoit fous fa cornette à part, & n'étoit commandée que par un Colonel de fon pays. Le fignal de la marche étoit de fonner de la trompette. Mais, parce qu'on avoit fouvent de la peine à l'entendre à caufe du grand bruit qui fe fait en décampant, il ordonna qu'on éléveroit fur fa tente un étendart qui feroit vû de tout le monde. Il établit auffi le feu pour fignal durant la nuit, & la fumée durant le jour.

Alexandre marcha enfuite vers Sufe, & y arriva vingt jours après fon départ de Babylone. Comme il en étoit proche, Abutite, Gouverneur de la province, envoia fon fils au-devant de. lui, avec promeffe de lui rendre la ville; foit que ce fût de fon mouvement, ou par ordre de Darius pour amufer Alexandre par le butin. Le Roi fit grand accueil à ce jeune Seigneur, qui le conduifit jufqu'au fleuve Choafpe, dont l'eau eft fi célébre pour être exquife & délicieuse à boire. Herod. lib.1. Les Rois de Perse n'en bûvoient point d'autre ; & quelque part qu'ils allaffent, ou en portoit toujours à leur

cap. 188.

Cent ein

lions.

fuite dans des vafes d'argent après l'avoir mise fur le feu. Ce fut là qu'Abutite le vint trouver avec des préfens dignes d'un Roi: entre lefquels il y avoit des dromadaires d'une viteffe incroiable, & douze éléphans que Darius avoit fait venir des Indes. Etant entré dans la ville, il tira du tréfor des fommes immenfes, & pour cinquante mille talens d'argent en maffe & en lingots, fans compter les quante mit méubles, & mille autres chofes d'un prix infini. Ces richeffes étoient le fruit de bien des vexations qui avoient été faites aux peuples depuis plufieurs fiecles, pour tirer de leurs fueurs & de leur indigence des revenus énormes. Les Rois croioient les avoir amaffées pour leurs enfans & pour leur poftérité: une feule heure les mit au pouvoir dun Prince étranger, qui en fût faire un bon ufage. Car il fembloit qu'il ne fût que le dépofitaire des richeffes immenfes qu'il trouvoit dans les tréfors de Perfe, & qu'il ne les confervât que pour en faire le prix de la valeur, & la récompenfe du mérite.

Entre autres chofes on y trouva

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cinq mille quintaux de pourpre d'Hermione qui étoit la plus précieufe, qu'on y avoit amaffée pendant Fefpace de cent quatre-vingts dix ans, & qui confervoit encore toute fa fleur & tout fon luftre.

On y trouva auffi une partie des raretés que Xerxès avoit emportées de la Grèce ; &, entr'autres, les statues d'airain d'Harmodius & d'Ariftogiton, qu'Alexandre renvoia depuis à Athènes, où elles fe voioient encore du tems d'Arrien.

Ce Prince voulant paffer dans la Perfe, établit pour Gouverneur de la ville de Sufe Archélaus, avec une garnifon de trois mille hommes; pour Gouverneur de la citadelle Mazare l'un des Seigneurs de fa Cour, avec mille vieux foldats Macédoniens, qui étoient trop pefans pour le fuivre. Il donna le gouvernement de la Sufiane à Abutite.

Il laiffa à Sufe la mere & les enfans de Darius ; & aiant reçu de Macédoine

* On comprendra quelle

immenfe richese c'étoit

de Paris.

** Hermione, ville d'Ar

quand on faura que cette golide, où se faifoit la pourpre fe vendoit jusqu'à | meilleure tinture de la cent écus la livre. Le quin-pourpre.

sal eft le poids de cent livres

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