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» & de l'Europe, & de l'Afie. Nous » nous étendons jufqu'à la Thrace; » & la Thrace, à ce que l'on dit, con» fine à la Macédoine. Il ne s'en faut » que la largeur de l'laxarte, que nous >> ne touchions à la Bactriane. Ainsi » nous fommes tes voifins des deux » côtés. Voi lequel tu aimes le mieux ¿ » de nous avoir pour amis ou pour

» ennemis.

Voila ce que dit le Barbare. Le Roi lui répondit en deux mots, Qu'il ufe roit de fa fortune, & de leur confeil: de fa fortune, en continuant d'y avoir confance de leur confeil, en n'entreprenant rien témérairement. Quand il eut renvoié les Ambaffadeurs, il mit fon armée fur les radeaux qui étoient tout prêts. H plaça fur le devant ceux qui portoient des boucliers, & les fit mettre à genoux pour être moins expofés aux coups de fléches. Derriére eux étoient ceux qui dreffoient des machines pour lancer des traits & des pierres, couverts des deux côtés de foldats armés de toutes piéces. Les autres qui étoient après les machines, avoient leurs boucliers joints fur leurs têtes en forme de tortues, defquels ils défendoient les matelots armés de

.corfelets. Le même ordre étoit gardé aux autres radeaux qui portoient les gens de cheval,

Le trajet couta beaucoup de peine aux troupes. Tout étoit capable de les tebuter: le trouble & la confufion inévitables dans une telle entreprise, la rapidité du fleuve qui entraînoit tout, la vûe d'une armée nombreuse rangée en bataille fur le bord oppofé. Mais la présence d'Alexandre, qui étoit le premier à effuier les plus grands dangers, les leur faifoit oublier pour eux-mêmes, & ne leur laiffoit de crainte que pour lui. Sitôt que les Macédoniens commencérent à approcher du bord, ceux qui portoient des boucliers fe levérent tous enfemble, & lançant leurs javelots de pié ferme, ils ne tiroient aucun coup qui ne portât. Quand ils virent que les ennemis, accablés de cette grêle de traits, commençoient à s'ébranler, & tournoient leurs chevaux en arriére, ils fautérent à terre avec une légèreté incroiable, & s'encourageant les uns les autres, les attaquérent vivement. Dans ce defordre, les gens de cheval, qui qui avoient leurs chevaux tout bridés, donnent contre les ennemis, & ache

vent de les rompre. Le Roi ne pou voit faire entendre fa voix qui étoit fort foible, mais fon exemple parloit. Ce ne fu qu'un cri d'allégreffe & de victoire de la part des Macédoniens, qui fe jettérent tous avec fureur contre les Barbares. Ceux-ci ne purent foutenir un fi rude choc, & s'enfui rent à toute bride, car ce n'étoit que de la cavalerie. Quelque foible que fût le Roi, il les pouffa vivement pen dant un affez long efpace, jufqu'à ce que, les forces lui manquant, il fut contraint de s'arréter. Après avoir commandé qu'on les pourfuivit tant. que le jour dureroit, il fe retira dans. fon camp pour fe repofer, & pour y attendre fes troupes. Les Macédonien's avoient déja paffè les bornes de Bacchus, qui étoient marquées par de groffes pierres rangées près à près, & par de grands arbres, dont les troncs étoient couverts de lierre. Mais l'ardeur de la pourfuite les emporta encore plus loin, & ils ne revinrent au camp que fur le minuit, après avoir tué grand nombre des ennemis, & fait encore plus de prifonniers, avec un butin de dix-huit cens chevaux qu'ils chaffoient devant eux. De leur.

côté, il y demeura foixante cavaliers & cent fantaffins à peu près; & il y en eut mille de bleffés. Alexandre renvoia aux Scythes tous leurs prifonniers fans rançon, pour leur montrer que ce n'étoit point animofité, mais defir de gloire, qui lui avoit mis les armes à la main contre un fi vaillant peuple.

Le bruit de cette victoire, & encore plus la clémence du Roi à l'égard des vaincus, relevérent extrêmement fa réputation. On avoit toujours cru que les Scythes étoient invincibles. Après feur défaite, on avoua qu'il n'y avoit point de nation qui ne dût céder aux Macédoniens. Les Saces,nation puif. fante, envoiérent une ambaffade à Alexandre, pour fe foumettre, & lui demander fon amitié. Les Scythes eux-mêmes lui firent faire des excuses par leurs Ambaffadeurs, rejettant la faute de ce qui étoit arrivé fur quel ques particuliers, & témoignant qu'ils étoient prêts de faire tout ce qu'il plairoit au Prince de leur ordonner.

Alexandre, délivré fi heureufement du foin de cette importante guerre, tourna toutes fes penfées du côté de Maracande, où le traitre, Spitaméne

s'étoit enfermé. Au premier bruit de l'approche d'Alexandre, il avoit pris la fuite, & s'étoit retiré dans la Bactriane. Le Roi l'y fuivit : mais defefpérant de l'atteindre, il retourna faccager la Sogdiane, qui eft arrofée par le fleuve Polytiméte.

Entre les autres prifonniers Sogdiens, il y eut trente jeunes hommes des plus grands Seigneurs du pays, tous bienfaits & de bonne mine; lefquels aiant fu qu'on les menoit au fupplice par le commandement d'Alexandre, fe mirent à chanter des chants d'allégreffe, à fauter, & à danfer, témoignant une joie exceffive. Le Roi, étonné de les voir aller à la mort fi gaiement, fe les fit amener, & leur demanda, d'où leur venoit ce tranfport de joie, voiant la mort devant leurs yeux. Ils répondirent, que fi tout autre que lui les faifoit mourir, ils s'affligeroient: mais qu'étant rendus à leurs ancêtres par l'ordonnance d'un fi grand Roi, vainqueur de toutes les nations, ils béniffoient une mort fi glorieufe, & dont les plus vaillans hommes fouhaiteroient de mourir. Alexandre, admirant cette grandeur de courage, leur demanda

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