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utiles & fi glorieuses avoient fuccédé l'amour du repos, la nonchalance pour les affaires publiques, l'averfion des travaux militaires dont ils fe déchargeoient fur des troupes mercénaires, la diffipation du tréfor public en jeux & en fpectacles, le goût pour les flateries de leurs Orateurs & la malheureuse facilité d'accorder les charges à la brigue & à la cabale, tous avant-coureurs ordinaires de la ruine des Etats. Voila ce qu'étoit Athénes, lorfque le Roi de Macédoine commença à attaquer la Grèce. AN.M.3652. Nous avons vû que Philippe, après Av.J.C.352. plufieurs conquêtes, avoit fait une tentative inutile pour s'avancer jus

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ques dans la Phocide, parce que les Athéniens justement allarmés du péril qui les menaçoit, lui avoient fermé le paffage des Thermopyles. Demofth. Démofthéne, profitant d'une fi favo3. Philip rable difpofition, monte sur la Tribune aux harangues, pour tracer à leurs yeux une vive image du danger prochain dont les menace l'ambition démefurée de Philippe, & pour les convaincre de l'abfolue néceffité qu'elle leur impofe d'ufer des plus promptes précautions. Or, comme

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le fuccès de fes armes, & la rapidité de fes progrès répandoient dans Athénes une efpèce de terreur fort approchante du defefpoir, l'Orateur, par un artifice merveilleux, s'attache d'abord à relever les courages abbatus, & rejette uniquement fur leur molleffe & fur leur nonchalance la caufe de leurs defaftres. Car, jufques-là ils s'étoient acquittés exactement de leur devoir, & que malgré toute leur activité & tous leurs efforts Philippe l'eût emporté fur eux, il ne leur refteroit plus en effet de reffource ni d'efpérance. Mais, & dans ce discours-ci, & dans ceux qui fuivront, Démosthène infifte fortement fur cette réflexion, que la négligence des Athéniens eft l'unique caufe de l'aggrandiffement de Philippe, & que c'est elle qui le rend hardi, entreprenant, & plein d'une infolente fierté, qui va jusqu'à infulter aux

Athéniens.

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Voiez, leur dit Démofthéne en «< parlant de Philippe, à quel point monte l'arrogance du perfonnage, qui ne vous donne point le choix « ou de l'action, ou du repos; mais «< qui ufe de menaces, &, felon le «

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» bruit commun, tient les difcours » les plus infolens ; & non content » de fes premiéres conquêtes, incapables de le fatisfaire, il fe porte chaque jour à quelque nouvelle entreprise. Vous attendez peutêtre » que quelque néceffité vous force d'agir. En eft-il une plus grande pour des hommes libres que la » honte & l'infamie? Voulez-vous » donc vous promener éternellement » dans la place publique, en vous de

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mandant les uns aux autres, Dit-on » quelque chofe de nouveau ? Eh quoi » de plus nouveau, qu'un homme » de Macédoine vainqueur des Athé»niens, & fouverain arbitre de la » Gréce? Philippe eft mort, dit l'un. » Non, il n'est que malade, répond » l'autre. « ( La bleffure qu'il avoit reçu à Méthone avoit donné lieu à tous ces bruits.) » Mort ou malade, » que vous importe, Athéniens? A » peine le ciel vous en auroit-il dé » livrés, qu'à vous comporter de la forte, vous vous feriez bien vîte » vous-mêmes un autre Philippe; puifque celui-ci doit fes accroiffe » mens, bien moins à fa force, qu'à » votre indolence.

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Démosthène ne s'en tint pas à de Amples remontrances, ni à des avis généraux: il proposa un projet, qui lui paroiffoit propre à arréter les entreprises de Philippe. Il demande aux Athéniens en premier lieu, qu'ils arment une flote de cinquante galéres, & qu'ils prennent une ferme réfolution de les monter eux-mêmes. Il veut qu'on y ajoute dix galéres légérement armées, pour fervir d'efcorte aux convois de la flote, & aux vaiffeaux de transport. Quant à ce qui regarde les troupes, au lieu que fon tems le Général élu par la faction la plus puiffante, ne formoit l'armée que d'un affemblage confus d'étrangers & de mercénaires qui fervoient mal, il demande qu'on leve feulement deux mille hommes de troupes choifies, dont il y en aura cinq cens Athéniens, & le refte tiré des Alliés; avec deux cens Cavaliers, dont cinquante auffi feront Athéniens.

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L'entretien de ce petit corps d'armée pour ce qui regarde feulement les munitions de bouche & la fubfiftance des troupes indépendamment de leur folde, ne devoit couter par mois guéres plus de quatre-vingts-dix Le talent va

Loit mille écus.

talens, (quatre-vingts-dix mille écus:) favoir quarante talens pour dix galéres d'efcorte, à raifon de vingt mines mille livres ) par mois pour chaque galére: autres quarante talens pour les deux mille hommes de pié, à dix dragmes (cinq livres) par mois pour chaque Fantaffin; lefquelles cinq livres par mois font un peu plus de trois fols & un liard par jour. Enfin douze talens pour les deux cens chevaux, à trente dragmes (quinze livres ) par mois pour chaque homme de cheval; lefquelles quinze livres par mois font dix fols par jour. J'entre dans ce détail exprès, pour faire connoitre fur quel pié pour lors on faifoit la dépenfe de la Démofthéne ajoute que fi quelqu'un s'imagine que les feules munitions de bouche ne foient pas une grande avance, il n'en juge pas fainement. Car il eft perfuadé, que pourvû que les troupes ne manquent point de provisions,la guerre leur fournira tout le refte; & que fans faire le moindre tort ni aux Grecs, ni aux Alliés, elles trouveront à fe paier de leur folde entiére.

guerre.

Comme on pouvoit s'étonner qu'il

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