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9. cap. 1.9.

Plut. in A.

Diod. lib.17.

mis au milieu, il tint le cuir en état, & également abaiffé par tout. Par cette image, il vouloit lui démontrer qu'il devoit réfider au centre de ses Etats, & n'entreprendre pas de fi grands voiages. Nous verrons bientôt quelle fut la fin de ce Philofophe. Alexandre, réfolu de faire toujours 2. Curt. lib. la guerre tant qu'il trouveroit de nou-Arrian. lib. veaux peuples, & de les regarder 5 p.221-234. &lib. 6. pag. comme ennemis tant qu'ils ne lui se- 235-259. foumis, fongeoit à paffer Lex. pag. 699. roient pas l'Hyphafe. Il apprit qu'au dela de ce 701. fleuve il y avoit pour onze journées pag.559-570. de deferts, & qu'après on trouvoit le Jun. lib. Gange, le plus grand de tous les fleu. 12. cap. 9. & ves des Indes. Que plus avant habitoient les Gangariens & les Prafiens dont le Roi fe préparoit à défendre l'entrée de fes Etats avec vingt mille chevaux, & deux cens mille hommes de pié, fortifiés encore de deux mille chariots, &, ce qui donnoit plus de terreur, de trois mille éléphans. Ce bruit s'étant répandu dans l'armée, y jetta la confternation, & y excita un murmure univerfel. Les Macédoniens, qui, après avoir traversé tant de pays, & vieilli fous les armes tournoient fans ceffe leurs yeux & Tome VI.

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leurs defirs vers la douce patrie, fe plaignirent hautement qu'Alexandre entalfoit tous les jours guerre fur guerre, & danger fur danger. Ils venoient tout récemment de fouffrir d'affreufes fatigues, aiant effuié des pluies mélées d'orage & de tonnére qui avoient duré plus de deux mois. Les uns déploroient leur mifére en des termes, qui excitoient la compasfion d'autres, plus infolens, crioient tout haut qu'ils n'iroient pas plus loin.

Alexandre, aiant appris ce tumulte, & fû qu'il fe faifoit de fecrettes af femblées dans fon camp, pour en prévenir les fuites, fit venir les Officiers dans fa tente, & leur ordonna d'affembler les troupes, aufquelles il parla de la forte. » Je n'ignore pas, foldats, que » les Indiens ont publié beaucoup de » chofes à deffein de nous effraier: » mais ces difcours & ces artifices ne font pas nouveaux pour vous. C'est >> ainfi que les Perfes nous parloient » des défilés de la Cilicie, des vaftes » campagnes de la Méfopotamie, des

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fleuves du Tigre & de l'Euphrate, » comme d'autant de difficultés in» furmontables. Votre courage les a » pourtant furmontées. Vous repen»tez-vous de m'avoir fuivi jufqu'icia

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Si vos glorieux travaux vous ont « acquis un nombre infini de provinces, fi vous avez étendu vos con- « quêtes au-dela de l'Iaxarte & du e Caucafe, fi vous voiez couler les « fleuves des Indes au milieu de votre empire: pourquoi redoutez-vous de paffer l'Hyphafe, & de planter vos ce trophées fur fes bords, comme fur « ceux de l'Hydafpe? Quoi ! feroit-ce « donc ce nombre d'éléphans qu'on « exagére vifiblement, qui vous ef- « fraieroit de la forte? Mais n'avez- «<< vous pas éprouvé qu'ils font plus pernicieux à leurs propres maîtres « qu'aux ennemis ? On cherche à vous « intimider par une idée terrible d'ar- « mées innombrables. Le font-elles « plus que celles de Darius? Vous « vous avifez bien tard de compter « les légions de vos ennemis, après « que vos victoires ont fait de l'Afie un grand defert. C'étoit quand nous « paffions l'Hellefpont, qu'il faloit « confidérer le petit nombre de nos « troupes. Maintenant les Scythes font partie de notre armée : les Ba- « &triens, les Sogdiens, & les Dahes «< font avec nous, & combattent pour « notre gloire. Ce n'eft pas pourtant «

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» que je compte fur ces Barbares. Je » ne me repofe que fur vous, je n'envifage que vos bras victorieux, & » votre courage feul eft pour moi un » garant fûr du fuccès de mes entreprifes. Tandis que je vous aurai à » mes côtés dans les combats, je n'au"rai pas besoin de compter ni mes

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» troupes,

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ni celles des ennemis pourvû feulement que je vous voie » cette confiance & cette allégreffe » que vous m'avez toujours montrées jufqu'ici. Il ne s'agit pas feulement » de notre gloire, mais de notre fa» lut. Nous ne pouvons maintenant » prendre le parti de la retraite, fans paroître fuir devant nos ennemis ; » & dès là nous nous rendons méprifables, & eux terribles: car vous » favez que dans la guerre la répu»tation fait tout. Je pourrois ufer » d'autorité, mais je n'emploie que » des prières. N'abandonnez point, » je vous en conjure, je ne dis pas

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votre Maître & votre Roi, mais » votre nourriffon & votre compa»gnon d'armes. Ne brifez point dans » mes mains cette palme fi glorieuse, qui va m'égaler à Hercule & à Bacchus, à moins que l'envie ne m'ar

rache cette gloire. « Comme les foldats ne difoient mot, tenant la tête baiffée contre terre: « Je parle à « des fourds, continua-t-il. Perfonne « ne m'écoute, & ne daigne me ré- «‹ pondre. Ah! je fuis abandonné, je « fuis vendu, on me livre aux enne- « mis. Mais, dûffai-je être feul, je « pafferai outre. Les Scythes & les « Bactriens, plus fidéles que vous, me fuivront par tout où je les me- « nerai. Allez donc en votre pays, & « vantez-vous lâches déferteurs de « votre Roi, de l'avoir abandonné. « Pour moi, je trouverai ici, ou la vi- « &toire dont vous defefpérez, ou une « glorieufe mort, qui deformais doit « faire l'unique objet de mes vœux.

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Quelque vif & quelque touchant que fût le difcours d'Alexandre, il ne put jamais tirer une parole de la bouche des foldats. Gardant un morne & cpiniâtre filence, ils attendoient que leurs Commandans & les principaux Officiers lui remontraffent, qu'ils ne manquoient pas d'affection mais qu'étant tout percés de coups,& épuifés de travaux, ils ne pouvoient plus fervir. Aucun d'eux n'ofoit prendre fur lui de parler en leur faveur. L'e

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