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de ce bain qui penfa lui couter cher, d'autant qu'il pouvoit ignorer l'extrême froideur de cette riviére.

Les deux batailles d'Iffus & d'Arbelles, joignez-y le fiége de Tyr, l'un es plus fameux dont il foit parlé dans l'antiquité, achevérent de prouver qu'Alexandre réunissoit en lui toutes les qualités d'un grand Capitaine : habileté à choifir fon terrain pour un combat, & à favoir profiter de tous fes avantages; présence d'efprit, dans le feu de l'action même, pour donner fes ordres à propos; courage & bravoure, que les dangers les plus évidens ne font qu'animer; activité impétueufe, temperée & réglée par une fage retenue, pour ne pas fe livrer à une ardeur indifcrette; enfin une fermeté & une conftance, qui n'eft ni déconcertée par les contretems imprévûs, ni rebutée par les difficultés quel-. que infurmontables qu'elles paroiffent, & qui ne connoit d'autre terme ni d'autre iffue que la victoire. -Les Auteurs ont remarqué une a gran

a Vincendi ratio utrique diverfa. Hic aperte, ille artibus bella tractabat. Deceptis ille gaudere hoftibus, hic palam fufis.

Prudentior ille confilio, hic animo magnificentior... Nulla apud Phi lippum turpis ratio vincendi. Justin. lib. 9.c, &.

7. pag. 415.

de différence entre Alexandre & fon pere pour la maniére de faire la guerre. La rufe, & fouvent la fourberie, étoient le goût dominant de Philippe, qui cheminoit fourdement & par des fouterrains: fon fils agiffoit de meilleure foi, & marchoit la tête levée. L'un cherchoit à tromper les ennemis par la fineffe, la fineffe, l'autre à les abbattre par la force. Le premier montroit plus d'adreffe, le fecond plus de grandeur d'ame. Nul moien de vain. Paufan. Ab. cre ne paroiffoit honteux à Philippe :7 jamais Alexandre ne fongea à emploier la trahifon. Il tenta de détacher du fervice de Darius le plus habile de fes Généraux, mais par des voies d'honneur. Paffant avec fon armée près des terres de Memnon, il défendit févérement à fes foldats d'y faire le moindre defordre. Son but étoit de l'attirer dans fon parti, ou du moins de le rendre fufpect aux Perfes. Mem- plut. in Apenon de fon côté, fe piquoit de géné-phthegm. pag rofité envers Alexandre; & un jour entendant un foldat qui parloit mal d'Alexandre: Je ne t'ai pas pris à ma folde, lui dit-il en le frapant de fa ja veline, pour parler mal de ce Prince mais pour combattre contre lui.

174.

Ce qui met Alexandre au deffus de prefque tous les Conquérans, &, on peut le dire fans exagération, au deffus de lui-même, c'eft l'ufage qu'il fit de la victoire après la bataille d'Iffus. C'est ici le bel endroit d'Alexandre: c'est le point de vûe par lequel il a intérêt qu'on le confidére, & fous lequel il n'eft pas poffible qu'il ne paroiffe véritablement grand. La victoire d'Iffus l'avoit rendu maître, non encore de la perfonne de Darius, mais de fon empire. Il avoit entre les mains, outre Syfigambis mere de ce Prince, fa femme & fes filles, Princeffes d'une beauté qui n'avoit rien de Et juvenis, pareil dans toute l'Afie, Alexandre & cœlebs, & étoit jeune, il étoit vainqueur, il Max. 1. 4.c. étoit libre & non encore engagé dans

victor. Val,

3.

les liens du mariage, comme un Auteur le remarque du premier Scipion l'Africain dans une occafion toute femblable. Cependant fon camp devint pour les Princeffes un afyle facré, ou plutôt un temple, où leur pudeur fut mife en fureté comme fous la gar de de la vertu même, & où elle fut refpectée à un tel point, que Darius, près de rendre le dernier foupir, apprenant la maniére dont elles avoient

été traitées, ne put s'empécherde lever ses mains mourantes vers le ciel, & de faire des vœux pour un vainqueur fi généreux, fi fage, fi maître de fes paffions.

Dans le dénombrement des bonnes qualités d'Alexandre

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je n'en dois pas oublier une, qui eft très rare dans les Grands, & qui néanmoins d'un côté fait honneur à l'humanité & de l'autre procure la plus grande

douceur de la vie : c'eft d'avoir été capable d'une amitié tendre, ouverte, effective, conftante, fans dédain, fans faste, dans une fi haute fortune, laquelle ordinairement fe renferme en elle-même, met fa grandeur à abaiffer tout ce qui l'environne,&s'accommode mieux d'ames ferviles que d'amis libres & fincéres.

Alexandre chériffoit fes Officiers & fes Soldats; fe communiquoit familiérement à eux; les admettoit à fa table, à fes exercices, à fes entretiens; s'intéreffoit véritablement & de cœur à leurs différentes fituations; s'inquiétoit fur leurs maladies, fe réjouiffoit de leur guérifon, & prenoit part à tout ce qui leur arrivoit. On en a des exemples dans Epheftion,

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dans Ptolémée, dans Cratére, & dans beaucoup d'autres. Un Prince qui a un vrai mérite, ne perd rien de fa dignité en s'abaiffant & fe familiarifant de la forte : il n'en devient que plus refpectable & plus aimable. Tout homme d'une grande taille, në craint pas de fe mettre de niveau avec les autres : il eft bien fûr qu'il les paffera de la tête. Il n'y a qu'une petiteffe réelle, qui ait intérêt de ne pas fe mesurer avec des hommes d'une taille plus haute, & de ne pas fe trouver dans la foule.

Alexandre étoit aimé, parce qu'on fentoit qu'il aimoit le premier. Cette conviction remplifoit les troupes d'ardeur pour lui plaise & pour réuffir, de docilité & de promtitude pour l'exécution des ordres les plus difficiles, de constance dans les fituations les plus rebutantes, d'un déplaifir fenfible & profond de l'avoir mécontenté en quelque chofe.

Que manque-t-il jufqu'ici à la gloire d'Alexandre? La vertu guerriére a paru dans tout fon éclat. La bonté, la clémence, la modération, la fageffe y ont mis le comble, & y ont ajouté un luftre, qui en releve infini

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