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1789.

31 juill.

1. Ep. non pas du peuple, qui assiste à ces sanglants spectacles; mais de ces hommes qui, croyant agir en son nom par fanatisme, ou payés pour le feindre, servent ceux qui pensent que, pour maîtriser le peuple, il faut le porter à des excès. Plusieurs détenus étaient encore sous le poids de ces terribles jugements; Necker, par l'élan d'une ame élevée, demanda une amnistie générale pour tous les prévenus de délits révolutionnaires : il se prosterna devant le peuple pour l'obtenir; il l'obtint du sentiment général, toujours beau quand il est libre, et l'arrêté en fut pris à l'instant, à l'Hôtel-de-ville; mais, peu de jours après, le lendemain, tant de succès, tant d'honneurs, tant de gloire, réveilla l’envie, sous le nom de précaution; les districts délibérèrent sur l'arrêté, et plusieurs le rejetèrent. Aux acclamations publiques succédèrent bientôt des bruits sourdement répandus, qui commencèrent à décréditer l'homme que l'on célébrait la veille, et l'arrêté d'amnistie fut retiré. Mirabeau volait de Paris à Versailles, et ses menées lui ménageaient la première place que son ambition voulait seule ; du moins, si l'on s'obstinait à ne pas lui en donner une grande. Ce fut une faute de ne pas compter, avec les talents, le génie et les moyens politiques de cet homme ses vices n'étaient que moraux ou domestiques, et cet inconvénient en révolution

n'est jamais un titre de réprobation : il est même 1." Ep. toujours commode à trop d'intéressés. Mirabeau, comme il le disait lui-même, n'était point à vendre, mais à louer; et, lorsqu'il est question de bien public, il n'est plus permis de le marchander, il faut le faire à tout prix. Necker négligea trop, comme homme public, de composer avec Mirabeau, qui, se déclarant hautement son adversaire, prit, de ce seul titre, un caractère d'importance, et finit par abattre celui qui dédaigna de le combattre, ou de le dé

sarmer.

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La France entière prend les armes. Formation et organisation des gardes nationales dans tout le royaume. Déclaration des droits de l'homme. Nuit du 4 août. Journée du 6 octobre.

11. Ep. TOUT paraissait calmé, et la constitution, quelle 1789. qu'elle dût être, semblait l'ouvrage de peu de

mois : toutes les oppositions détruites, toutes les difficultés aplanies; le roi avait éloigné tous ceux qui donnaient de l'ombrage; le nouveau conseil était composé d'hommes, ou membres ou avoués de l'assemblée. Tous ceux dont l'éloquence influait sur ses délibérations, étaient voués au systême de la liberté : Lafayette, dont le nom et la réputation acquise en Amérique étaient liés à la liberté même, Lafayette était à la tête de la garde nationale parisienne; il avait, à la fois, sa confiance entière et l'estime publique, due à de grandes qualités : celle de rallier les esprits, ou plutôt les cœurs, lui était naturelle; un extérieur jeune et rassurant, qui plaît à la multitude; des manières simples, populaires et attirantes : plus fait pour comman

der à cheval dans le tumulte des factions, que. II. Ep. pour régir et gouverner dans le cabinet, il avait 1789. tout pour commencer et déterminer une révolution, les qualités brillantes de l'activité militaire, et l'assurance tranquille du courage dans les émotions publiques. Lafayette eût suffi à tout, si tout se fût passé en action, si tout se fût fait au grand jour; mais les routes ténébreuses de l'intrigue lui étaient inconnues : il manqua de défiance et de force, pour ne pas s'y laisser conduire, et manqua d'adresse pour s'y conduire, quand il s'y trouva engagé.

Bailly était à la tête du civil, et, par sa place de maire, à la tête de la commune de Paris, qui déjá commençait à prendre ou à recevoir un esprit de corps et de localité qui devait bientôt lutter contre l'assemblée. Bailly aimait moins la liberté et la révolution par systême ou par caractère, qu'il ne la voulait par calcul, par principes et par philosophie : une réputation comme savant, une physionomie grave et imposante, sans autre prétention ni ambition politique que celle de la dignité et de la représentation municipale ; il était un instrument utile entre les mains des gens de bien éclairés; il fut toujours ami du peuple, ami de l'ordre : on chercherait en vain quelle put être la cause de cette fin tragique épouvantable, que lui prépara la vengeance, et que la férocité exécuta avec une cruauté lente

II. Ep. et recherchée, si l'histoire des Gracques et des 1789. Witts n'apprenait qu'un art infernal sait raffiner sa vengeance, jusqu'à en rendre instrument ceuxlà même qui furent défendus et servis par sa victime. Bailly montra un grand caractère, et ne se démentit pas à ce moment terrible: -Tu as peur, lui dit un de ceux qui le tourmentaient de place en place, en le traînant à celle du supplice - Non, dit-il, j'ai soif et pitié. :

L'organisation des nouvelles autorités civiles et militaires s'établissait dans Paris, mais toujours avec des formes tumultueuses, inséparables d'une grande agitation publique.

Paris était divisé en 60 districts qui, tous, avaient leur comité permanent et leur assemblée populaire toutes les affaires y étaient traitées et discutées, ensuite reportées à l'assemblée de la commune, qui prenait un arrêté d'après la majorité vérifiée des districts; tantôt c'était la commune qui, prenant l'initiative, envoyait et soumettait ses arrêtés à la décision des assemblées de districts: tous les districts communiquaient par des députations, s'envoyaient leurs motions et leurs arrêtés. Les corps militaires avaient aussi leurs comités permanents, qui correspondaient avec les comités civils. Cette multiplicité d'autorités, tous ces conflits de juridiction, enfants du désordre public, furent précisément ce qui en empêcha l'excès : chacun sentait sa propre sûreté dépen

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