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de Dieu. Au reste, le christianisme vous affirme avoir compris, depuis dix-huit siècles, la signification de ce terme sacré, en croyant avec vénération et amour le mystère dont il est l'expression. Convenez qu'il y a au moins une témérité présomptueuse à traiter dédaigneusement de non sens ce qui est en possession d'un culte si antique, si pur, si universel, au milieu des peuples les plus avancés dans la civilisation.

Je n'ai pas besoin de me livrer à de longs développements pour caractériser l'influence morale de l'incarnation. Ce dogme résume à la fois la sainteté de Dieu, sa justice terrible, et sa bonté miséricordieuse enversl'homme coupable. Qui peut prononcer sans émotion ces paroles du symbole?« Le Fils de Dieu, la splendeur du Père, Dieu de Dieu, s'est in carnédans le sein de Marie, etil a daigné se faire homme pour notre salut. » A l'incarnation doit être joint le dogme de la rédemption opérée par les humiliations, les souffrances et la mort du Sauveur. Il faudra donc avouer aussi que ce terme est vide de signification, et sans influence morale? Pour vous en convaincre, interrogez les millions de disciples de Jésus-Christ, répandus dans l'univers, et bientôt vous entendrez un cri solennel d'actions de grâces et d'adoration envers le divin médiateur qui les a rachetés. Que de choses on pourrait ajouter sur l'influence de ces mystères, pour porter l'homme aux plus héroïques vertus, tant il est vrai que toutes lui deviennent faciles,

familières, précieuses, par les exemples et la grâce de Jésus! Et veuillez bien l'observer, ce ne sont pas ces vertus ambitieuses que l'on admirait parfois dans le monde payen; mais vous le verrez fidèle à pratiquer l'humilité sans bassesse, sans pusillanimité, la douceur, la chasteté, la patience, l'oubli de l'injure, le pardon des ennemis, la charité envers tous les hommes, puisle Christ s'est incarné, et qu'il est mort pour les racheter tous.

que

Ceux qui traitent nos mystères avec tant de légèreté ou de dédain, accordent sans doute leur admiration entière et leur reconnaissance à la philosophie, qu'ils aiment à proclamer la bienfaitrice de l'humanité, et la consolation la plus efficace au milieu des misères de la vie. Qu'ils entrent donc une fois avec nous dans la demeure du pauvre, qu'ils viennent visiter le malade, et assister à l'agonie du moribond; qu'ils essaient, par leurs dissertations sur le destin, sur l'Etre suprême, sur le mépris stoïque de la douleur, qu'ils essaient de faire pénétrer dans ces âmes affligées la résignation avec un peu de calme, ils pourront apprécier les résultats de l'influence philosophique sur le malheur. Pour nous, ministres de Jésus crucifié, nous ne ferons pas de longs discours, aussi bien, ils seraient déplacés, nous présenterons le signe de la rédemption, la croix ! et bientôt ces coeurs désolés seront rendus à la patience, à la paix, souvent ils finiront par goûter le bonheur du sacrifice, de la souffrance et des

larmes. Car le privilége de la religion de JésusChrist ne se borne pas à obtenir la résignation; elle inspire jusqu'à l'amour, jusqu'au désir de , l'affliction et de la douleur. Je m'arrête à ces considérations sur la trinité et l'incarnation, sans vous parler de l'eucharistie, qu'on regarde aussi comme un non sens, une pratique sans importance pour les mœurs. En attendant que nous puissions nous en occuper en son lieu, nous devons affirmer que ce dogme suffirait seul pour inspirer à l'homme tout ce qu'il est possible d'imaginer de perfection sociale et religieuse.

LE D. Ces bons résultats dont vous parlez, seraient également acquis aux hommes, si chacun restait libre de rejeter ou d'admettre ces mystères. On ne voit donc pas encore très clairement pourquoi Dieu nous en impose la croyance.

LE TH. On pourrait se contenter de répondre qu'il l'impose, parce que c'est sa volonté, dont il ne doit aucun compte à la créature. Mais voici quelques considérations qui nous expliqueront peut-être pourquoi le Seigneur exige de nous la croyance des mystères. D'abord, il est vrai de dire qu'ils entrent dans l'essence même du christianisme, comme nous venons de le voir. Si vous les rejetez, la morale de l'Evangile, qu'on voudrait conserver seule, n'a plus d'empire sur les esprits ni sur les coeurs, il faut descendre à la loi naturelle, pour éviter les incertitudes, le danger d'idolâtrie, et les autres graves inconvénients que nous avons signalés plus haut. Lorsque nous au

rons à examiner la nécessité de la foi chrétienne, j'espère vous faire comprendre pourquoi elle est indispensable pour nous appliquer le bienfait de la rédemption. Vous verrez qu'elle est le premier lien qui nous rattache à Dieu, à notre divin médiateur, et le principe de nos actions surnaturelles: J'ajoute à ces considérations relatives aux mystères, celle que Fénélon présentait à M. de

Ramsai :

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« La vraie religion ne doit-elle pas élever et >> abattre l'homme, lui montrer tout ensemble sa grandeur et sa faiblesse ? Vous n'avez pas en» core une idée assez étendue du christianisme. » Il n'est pas seulement une loi qui purifie le >> cœur, il est aussi une sagesse mystérieuse qui

dompte l'esprit. C'est un sacrifice continuel de >> tout soi-même, en hommage à la souveraine >> raison. En pratiquant sa morale, on renonce » aux plaisirs, pour l'amour de la beauté suprême. En coyant ses mystères, on immole » ses idées par respect pour la vérité éternelle. » Sans ce double sacrifice des pensées et des

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passions, l'holocauste est imparfait, notre vic» time est défectueuse. C'est par là que l'homme >> tout entier disparaît et s'évanouit devant l'Étre » des êtres. Il ne s'agit pas d'examiner s'il est »> nécessaire que Dieu nous révèle ainsi des mys»tères pour humilier notre esprit, il s'agit de >> savoir s'il en a révélé ou non. S'il a parlé à sa » créature, l'obéissance et l'amour sont insépa» rables. Le christianisme est un fait. Puisque

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>> vous ne doutez plus des preuves de ce fait, il ne s'agit plus de choisir ce qu'on croira et ce » qu'on ne croira pas. Toutes les difficultés dont vous avez rassemblé des exemples s'évanouis» sent dès qu'on a l'esprit guéri de la présomp» tion. Alors on n'a nulle peine à croire qu'il y ait » dans la nature divine, et dans la conduite de sa providence, une profondeur impénétrable à >> notre faible raison. » (Entr, s. la R.)

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LE D. Vous avez parlé de deux révélations dont l'une est faite immédiatement à celui qui en est l'objet, et l'autre à un personnage chargé de la transmettre selon l'ordre de Dieu. Si ce mandataire était infaillible en recevant ces communications divines, et fidèle dans sa mission,à la bonne heure ; alors il importerait fort peu d'apprendre ces révélations ou par soi-même ou par autrui. Mais qui pourra affirmer que ce prétendu ministre de Dieu n'est pas lui-même dans l'illusion, ou bien qu'il n'altère pas malicieusement ce qu'il était chargé de communiquer aux hommes ? Vous conviendrez que, pour éviter ces inconvénients, il eût été plus simple de faire à chacun des révélations immédiates, personnelles.

LE TH. Vous conviendrez de votre côté que Dieu est fort libre dans le mode de ses communications; nous n'avons donc pas à discuter lequel nous semble préférable, nos efforts doivent se borner à découvrir celui qu'il a plu au Seigneur d'adopter. Je ne pense pas, comme vous, que tout inconvénient aurait été évité dans la révélation

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