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de concevoir et de juger, il nous semble que l'acte mauvais pourrait être attribué à celui qui fournit les moyens de l'accomplir.

LE TH. Il vous sera facile de comprendre combien cette attribution est mal fondée. Car tout ce qu'il y a d'instrument, de moyen moyen dans le péché est bon en soi, comme le mouvement du bras dans l'homicide, l'adresse, la force qu'on y emploie, aussi bien que les pensées, les combinaisons qui servent à consommer le crime. Voilà si vous voulez, ce qui vient de Dieu, c'est l'accomplissement des lois générales qui gouvernent le monde; pour la direction mentale de l'acte, il est évident qu'elle appartient à l'homme, puisque vous le supposez libre. Vouloir que le Seigneur paralyse subitement les membres de l'assassin, ou qu'il lui ôte l'usage de la raison dont il va abuser, c'est sortir de l'ordre dans lequel il a plu au Tout-Puissant d'établir la créature intelligente, en lui accordant la faculté de choisir librement entre la conformité et l'opposition à la règle, entre le bien et le mal. Le péché ne provient que de l'abus de cette liberté.

LE D. Après ces notions sur la nature du péché, vous allez entrer, je le présume, dans la question si difficile du péché originel. Elle trouve beaucoup d'incrédules dans le monde; et ceux qui l'acceptent, ont bien de la peine à se rendre compte des motifs de leur croyance. Veuillez donc commencer par établir sur des preuves solides l'existence de cette tache de la nature humaine.

LE TH. Vos dernières expressions me paraissent équivoques; car elles pourraient faire entendre, que le premier homme a été créé dans le péché ; ce qui est faux et impossible. Dieu était sans doute le maître de le placer dans la condition de nature pure, ou de l'élever à l'état surnaturek qu'il lui a accordé; mais sa sainteté ne lui permettait pas de créer l'homme avec la souillure du péché; elle n'existait donc point dès le principe. dans la nature humaine, sortie pure et sans tache des mains du Créateur.

Cette équivoque levée, voici quelques passages de l'Ecriture, où l'existence du péché originel est exprimée. Job proclame l'impuissance des créatures à purifier de la tache qu'il suppose en tous: Qui peut rendre pur celui qui est conçu d'un sang impur? N'est-ce pas vous seul, Seigneur? (14.) Dans l'hébreu, le sens est encore plus significatif.

Qui sera donne .מי יתן טהוד מטמא לא אחד :Ony lit

pur de l'impur? ou bien : Qui se trouve pur? qui est pur? Il n'en est pas un seul... David fait l'aveu de l'iniquité dans laquelle il a été conçu : J'ai été formé dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu dans le péché. (50.) Que peuvent indiquer, sinon le péché originel, ces expressions de l'épître aux Romains: Par un seul homme le péché est entré dans le monde. La mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché. (5.) (1)

(1) C'est ainsi qu'on traduit le texte latin: «Et ita in omnes homines mors pertransiit, in quo omnes peccaverunt. » Le pronom in quo est équivoque et des hérétiques veulent qu'il se rapporte à peccatum.

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L'enseignement de l'Eglise, de ses docteurs, de ses conciles, sur l'existence de cette souillure originelle, se manifeste unanime; c'est la doctrine de tous les siècles chrétiens. Les peuples de l'antiquité avaient aussi l'idée et le sentiment d'une corruption survenue à l'homme; on découvrirait peut-être encore, dans le paganisme, des idées traditionnelles, vagues, des symboles obscurs de cette désobéissance primitive. Nous concevons enfin que le spectacle matériel du monde, que la considération de nos infirmités morales aient. pu conduire quelque philosophe à entrevoir d'une manière bien confuse là cause de ce désordre universel. Quoi qu'il en soit, l'Eglise éclairée par l'Esprit saint sur les secrets des révélations divines, nous montre à la fois cette misère si profonde, et la cause qui l'a introduite dans le monde. Elle nous apprend, dans ses définitions du concile de Trente, que la prévarication du premier' homme n'a pas été funeste pour lui seul, mais qu'elle a nui encore à sa postérité; que de cette désobéissance viennent les afflictions, les misères, les douleurs de la vie et la mort; et que le péché qui est la mort de l'âme, nous a été transmis. (S. 5.)

LE D. Sait-on en quoi consiste ce péché d'origine?

Mais dans le texte grec, on doit essentiellement le faire rapporter à ἀνθρώπου qui précide, ἐφ ̓ ᾧ ne pouvant être en rapport avec ἁμαρτία feminin, και οὕτως εἰς πάντας ἀνθρώπους ὁ θάνατος διῆλθεν, ἐφ ̓ ᾧ πάντες ἥμαρτον.

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LE TH. Nous verrons ce qu'en disent les théologiens, après que je vous aurai fait connaître la nature et les effets de la faute du premier homme. Saint Paul nous indique clairement que c'était un péché mortel, dans ces paroles adressées aux Roinains: C'est par le péché d'un seul que tous les hom mes sont tombés dans la condamnation. (5.) Car si cette damnation est passée aux descendants d'Adam, il devait sans aucun doute l'avoir encourue le premier. Il est facile de comprendre combien les circonstances dans lesquelles le Seigneur avait place Adam et Eve, les dons spirituels dont il les avait comblés, ont dû aggraver la désobéissance dont ils se sont rendus coupables. D'ailleurs, cẽ Dieu,dont la bonté nous est si connue, n'aurait pas infligé,pour un léger manquement, une punition si terrible; car cette prévarication a fait perdre à hos premiers parents la grâce sanctifiante, la justice originelle; a produit en eux et dans leurs descendants la concupiscence, l'ignorance,les misères de la vie, la mort, sans parler du châtiment que Dieu leur aurait fait subir dans l'éternité.

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A présent examinons votre question relative à la nature du péché originel. Sans vous exposer les opinions des hérétiques, voici les divers sentiments des théologiens. Certains pensent qu'il consiste dans une corruption que la chair communique à l'âme. D'autres placent sa nature dans la concupiscence; il en est qui la trouvent dans la privation de la justice originelle; et enfin, d'après le sentiment le plus reçu, le péché origi

nel ne serait autre chose que le péché d'Adam, transmis à sa postérité par la propagation. Les premières opinions paraissent inadmissibles, parce qu'elles confondent les effets du péché avec le péché lui-même. Il faut donc s'en tenir à l'enseignement du concile de Trente, qui déclare ce péché d'Adam transmis à tous, propre à chacun. (S. 5.)

LE D. Cette opinion fait encore, ce me semble, une grave difficulté; car il s'ensuivrait que nous aurions péché avec Adam, ce qui est de toute impossibilité, puisque nous n'existions point.

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LE TH. Ne vous pressez pas tant de dire que nous n'étions point à cette époque; d'illustres docteurs ont prétendu que toutes les âmes ayant été créées simultanément; et réunies dans le premier homme, ont participé au crime de sa désobéissance? Voici une réponse plus sérieuse : il y a deux choses importantes à considérer dans le péché d'Adam; l'action physique à laquelle nous sommes étrangers, c'est évident, et l'action morale, la transgression de la loi, qui est aussi la nôtre, sans y trouver cependant un acte de notre propre volonté actuelle, individuelle; mais parce qu'Adam avait été constitué notre chef moral. Il n'ignorait point cette corrélation, cette fusion intime avec ses descendants; et selon l'ordre établi par le Seigneur, sa fidélité devait être notre fidélité, et sa désobéissance notre désobéissance. S'il 'était resté dans les règles de la sainteté, pourriezyous blâmer cette communauté morale de notre

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