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premier père avec sa postérité? Et parce qu'il est devenu coupable, et que par lui nous avons été constitués pécheurs, on se récrie contre cet ordre établi par le Créateur ?

LE D. Ici se présente une autre difficulté : le péché originel doit être ou actuel, ou seulement imputé; auquel des deux faudra-t-il s'arrêter?

LE TH. Ni à l'un ni à l'autre, et d'abord le pé-ché d'origine ne peut être un péché actuel des enfants d'Adam, puisqu'il aurait fallu une action personnelle, consentie de notre propre volonté actuelle; dès-lors ce ne serait plus, comme dit saint Paul, par le délit, la désobéissance d'un seul, que nous aurions été constitués pécheurs, mais par notre propre délit. Il serait faux aussi que le péché d'Adam fût en nous par la propagation; ce serait notre propre péché, préexistant dans l'âme avant la génération du corps. C'est donc aller trop loin que de regarder la faute originelle comme un péché actuel. D'un autre côté, ce n'est point assez de la croire imputée extérieurement. Ce péché est propre à chacun,, dit le concile de Trente par ces mots significatifs : inest unicuique proprium. Il déclare ailleurs que ce péché est réellement effacé par le baptême ; ce qui ne pourrait pas arriver s'il n'était véritablement en l'homme qui va être baptisé.

LE D. Que sera donc le péché originel? Dans quelle catégorie le placer?

LE TH. Dans la sienne; ce sera le péché originel, différent du péché actuel, que nous commettons

par notre personnelle et propre volonté actuelle. Il faut toujours en revenir à la considération d'Adam, établi par le Seigneur chef moral de sa postérité; de manière que la faute, physiquement volontaire, et personnellement actuelle en lui seul, devait se communiquer à ses descendants, non par une imputation extérieure, mais véritablement, ainsi que l'expriment les paroles du concile de Trente déjà citées.

LE D. Sait-on comment s'opère cette transmission? LE TH. On ne le sait que par des conjectures. plus ou moins vraisemblables, et dépendantes de P'opinion qu'on embrasse relativement à l'origine des âmes. Disons-en aussi quelque chose nousmêmes, afin de nous éclairer dans la question que vous proposez. Des philosophes ont pensé que l'âme humaine était une émanation réelle de la divinité; d'autres, moins ambitieux, ont avancé que toutes avaient été créées en même temps que les anges, destinées à subsister d'une manière spirituelle, mais renfermées, emprisonnées ensuite dans des corps, à cause de leurs méfaits. La première de ces opinions nous fait tous Dieu; ce qui s'accorde assez mal, il faut en convenir, avec la diversité d'intelligence, de conduite, et la communauté de misères qui se voient parmi nous.La seconde se trouve réfutée par ces paroles de saint Paul: Qu'Esaü et Jacob n'avaient, avant leur naissance, rien fait ni de bien ni de mal. Des auteurs ont pensé que les parents formaient l'âme à l'enfant comme le corps; d'autres, daris

l'impossibilité de comprendre cette production d'âmes, ont admis que toutes avaient été créées à la fois dans Adam, et que de lui elles étaient passées à ceux de ses descendants, destinés à la génération, pour les transmettre à leurs enfants. L'on admet communément aujourd'hui, que les âmes sont créées au moment où elles sont réunies aux corps.

LE D. Que dites-vous de ces diverses opinions?

LE TH. D'abord on ne peut comprendre qu'une âme soit produite par une âme à la manière des corps, car il faudrait une fraction de l'àme, ou toute l'âme du père pour celle de l'enfant. Voyez ce qui serait le moins absurde. Et puis ce sentiment n'explique pas clairement la transmission du péché originel, puisque l'âme du père, déjà purifiée, pourra être une très-sainte âme, et elle produira cependant une âme maculée. La seconde opinion, qui admet la création simultanée des âmes, paraît détruire la nature du péché originel; alors ce serait notre péché actuel, et non le péché d'Adam transmis à ses descendants par la propagation. Reste donc le troisième sentiment, généralement adopté aujourd'hui, selon cette maxime des théologiens: Deus infundendo creat, Dieu crée les âmes à l'instant où il les unit au corps.

LE D. Va-t-elle expliquer la difficulté plus heureusement que les autres?

LE TH. Je n'en réponds pas; toutefois, voyons comment s'en servent ses nombreux partisans.

Ils ne veulent pas que le péché originel soit dans cette âme à l'instant où elle est tirée du néant; cela se conçoit, puisqu'on attribuerait à Dieu la création d'une âme viciée. Mais, cette âme doit par sa destination être unie à un corps provenant d'Adam prévaricateur, et c'est par cette union que le péché originel se trouve en elle, parce qu'avec le corps elle forme un homme, un descendant d'Adam, qui doit avoir le péché d'origine par la propagation.

LE D. Alors on ne peut comprendre comment Dieu ne s'abstient pas de créer ces âmes qui, par leur union avec le corps, vont être infectées du péché originel.

LE TH. Vous auriez le droit d'être surpris, si c'était là l'ordre primitif et immédiat du Créateur; mais, vous le savez, il n'en est point ainsi. Dieu avait créé l'homme bon; il voulait qu'il se multipliât par la propagation corporelle, se réservant de créer lui-même l'âme pour l'unir au corps. De ce qu'il a plu à l'homme d'altérer cette disposition bienveillante du Créateur, pouvezvous inférer que Dieu devait arrêter l'ordre de sa création? en établir un nouveau et pour l'âme et pour le corps? Ce serait par trop d'exigence. Ce désordre introduit par Adam est sans doute un trèsgrand malheur; mais il ne pouvait imposer à Dieu l'obligation de changer ses lois générales et antérieures de la multiplication de l'homme sur la terre.

LE D. Je vous avoue que toutes vos réponses sur la nature et la transmission du péché ori

ginel laissent encore beaucoup d'obscurités dans mon esprit.

LE TH. N'en soyez pas étonné ; et felicitonsnous de nous retrouver après ces explications dans les limites de la vérité. Car ceux qui disent cette question simple, facile et toute naturelle, avouent à leur insu qu'ils n'en ont pas eu l'intelligence; et si l'on examinait leur manière d'expliquer si satisfaisante, si rationnelle, on y découvrirait bientôt la violation de quelque principe ou du bon sens, ou de la foi, et des deux ensemble, peut-être. Julien pressait saint Augustin pour apprendre de lui comment se faisait cette transmission du péché originel, et le saint docteur se contentait de lui répondre : « Pourquoi me demander de quelle manière s'est fait ce qui certainement s'est fait en quelque manière, si vous en croyez l'apôtre, qui en aucune manière ne peut Vous induire en erreur? »

LE D. Quels sont donc en nous les effets du péché originel?

LE. TH. Chaque jour nous faisons l'expérience de l'altération qu'il a produite en nos corps, dans cette suite d'infirmités, de douleurs, dont nous sommes affligés jusqu'à la mort. Pour l'âme, saint Thomas décrit aussi les blessures qu'elle en a reçues : « il a produit l'ignorance dans l'intelleet; la malice, la faiblesse dans la volonté, et cette concupiscence effrénée qui tend sans cesse à maîtriser la raison. » Tels sont pour la vie présente les tristes effets de ce péché.

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