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LE D. Et quels sont-ils pour la vie future? LE TH. S'il s'agit des adultes, la difficulté disparaît pour ceux qui, à ce péché originel ajouteront des fautes graves contre leur conscience, et les premiers principes de la loi naturelle; ils ne peuvent attendre que des châtiments. D'un autre côté, les adultes qui observent fidèlement la loi naturelle, telle qu'ils la connaissent, n'auront pas dans le péché originel un obstacle à leur salut. Nous l'avons déjà dit; suivant l'opinion de l'Eglise, manifestée par ses docteurs, le Seigneur dans sa miséricorde aura égard à la vie morale, réglée de ces païens, et les fera parvenir, par un moyen quelconque, à la connaissance de ce qui est nécessaire aujourd'hui pour le salut; le péché originel sera effacé en eux; et ils parviendront à la justification et à la gloire du ciel.

LE D. Et les enfants qui meurent avec ce péché, que deviendront-ils?

LE TH. Il est certain qu'ils ne jouiront pas de la vision béatifique dans le royaume de Dieu. Les Pélagiens eux-mêmes en convenaient. Ces hérétiques prétendaient établir une différence entre le royaume céleste et la vie éternelle, et ils attribuaient cette dernière aux enfants morts sans baptême. Mais cette distinction n'a jamais été admise, et le concile de Trente déclare qu'on ne peut parvenir à la vie éternelle avec le péché originel (S. 5.). Auront-ils au moins un bonheur naturel, demanderez-vous? Telle a été l'opinion de quelques théologiens, très-peu compatible, ce

me semble, avec ces paroles du concile de Florence : « Les âmes de ceux qui sont décédés avec le péché mortel, ou avec le seul péché originel, descendent bientôt dans l'enfer pour y subir des peines, qui toutefois doivent être inégales. »

LE D. Qu'ils ne soient pas heureux, pas même d'un bonheur naturel, cela peut se concevoir; la question importante, est de savoir s'ils endurent des souffrances.

LE TH. On a pensé au Ve siècle que ces enfants souffrent une peine des sens, beaucoup moins rigoureuse à la vérité que celle des adultes. L'autorité de saint Augustin avait beaucoup contribué à faire adopter cette opinion, qui s'est maintenue dans l'enseignement d'un grand nombre de théologiens jusqu'au XII° siècle. On changea à cette époque, et l'on crut que les adultes coupables de péchés actuels devaient subir seuls cette peine des sens. Aujourd'hui on s'en tient à cette dernière opinion, qui ne sera pas d'un grand soulagement pour ces enfants, si la première est la véritable; et le sentiment rigoureux ne saurait non plus changer leur sort, dans le cas où ils n'auraient pas à le subir. Il y a donc liberté d'opinion.

LE D. Je m'attache de tout coeur à ce sentiment qui rejette la peine des sens. Mais puis-je penser aussi sans violer les enseignements de la foi, que ces enfants n'éprouvent aucune douleur, aucune tristesse de la privation du bonheur céleste?

LE TH. C'est l'opinion de saint Thomas, adoptée par un grand nombre de théologiens.

VINGT-UNIÈME ENTRETIEN.

LE PÉCHÉ ACTUEL.

LE D. J'ai à vous proposer beaucoup de questions sur le péché actuel; il faudra d'abord le bien caractériser, puis en déterminer la malice, et le classer selon ses différentes espèces. Veuillez donc commencer par quelques notions sur ce péché.

LE TH. Pour le caractériser avec précision, il faut vous rappeler les notions du péché originel. Celui-ci, avons-nous dit, n'est pas le fait de notre volonté personnelle et actuelle, tandis qu'elle devient indispensable pour le péché actuel; aucun acte ne sera donc péché, s'il n'est accompli avec l'advertance de l'intellect et le consentement libre de la volonté.

LE D. En quoi faites-vous consister cette advertance ?

LE TH. Le voici si avant d'agir un homme juge, doute et soupçonne qu'il va faire le mal, et que cependant il se livre à l'action dont il entrevoit la malice, vous devrez dire évidemment qu'il a eu une advertance suffisante pour le péché.

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LE D. Cela est vrai, si avant l'acte on juge, on doute, on soupçonne, on entrevoit; mais combien qui se précipitent dans certaines actions sans tous ces préalables, direz-vous alors qu'ils en sont coupables devant Dieu ?

LE TH. S'ils agissent sous l'influence d'une passion qu'ils ne puissent dompter, ou bien dans une ignorance invincible, ces actions ne leur seront pas imputées; voici donc dans quelles circonstances ils sont véritablement responsables de leurs actes, sans ces préalables, pour me servir de votre expression. S'ils sont dans une ignorance volontaire de choses qu'ils doivent savoir, de devoirs qu'ils ont à remplir; s'ils se livrent à une passion qui les aveugle, les déborde, comme la colère, la vengeance, et d'autres ; s'ils ont contracté une habitude mauvaise qu'ils ne travaillent point à détruire, et enfin si en agissant on néglige d'employer cette prudence commune proportionnée à l'importance de l'action à laquelle on se livre; dans toutes ces circonstances, on sera vraiment responsable de ses actes, alors même qu'on n'en aura pas eu l'advertance actuelle, distincte, comme vous l'entendez. Votre principe tendrait. à excuser de fautes ces hommes pervers, dont toutes les voies sont corrompues, et ceux qui vivent dans l'indifférence et dans une coupable négligence, sans vouloir se donner la peine d'apprendre les choses essentielles à leur position.

LE D. Je comprends cela pour l'advertance; qu'exige-t-on pour le consentement de la volonté?

LE TH. Me proposant de vous parler bientôt des passions, je me borne ici à vous dire que la volonté ne doit pas être entraînée par leur violence, car si elles s'emparent subitement de l'âme et la précipitent dans une action, elle est alors sans liberté, et par conséquent sans démérite.

LE D. Voilà ce que je désirais savoir sur le péché actuel en général. Maintenant soyez assez bon pour me fixer sur la fameuse division de ce péché en mortel et véniel.

LE TH. Pour avoir une notion exacte du péché mortel, nous devons commencer par apprécier la malice des actions considérées en elles-mêmes ce que les théologiens appellent l'objet ou la matière du péché. On en reconnaît la gravité lorsque ces actions sont clairement signalées, condamnées comme grièves par les livres saints ou l'enseignement de l'Eglise, l'autorité des hommes instruits et prudents, l'opinion publique, ou enfin par la lumière de la raison. Prenez l'inverse, c'est-à-dire, voyez si ces autorités prononcent sur la légèreté d'un objet, et vous aurez la matière d'un péché véniel.

Cependant cette gravité de l'objet ne pourrait suffire pour un péché mortel, s'il y manquait ou une advertance, ou une liberté telles que nous les avons mentionnées; et ainsi, malgré l'impor→ tance de la matière, le péché pourra devenir véniel; et aussi le péché peu considérable du côté de l'objet, pourra parvenir à une malice mortelle par les dispositions perverses de l'âme , par la fin

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