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dénombrement de ces actes internes, qui souvent semblent confondus.

LE TH. Je conviens qu'il faudra être attentif pour préciser l'interruption ou la cessation d'un acte, et y découvrir ces actes multiples qui seront tous autant de péchés; la difficulté devient plus grande encore, si ces actes sont purement internes, comme des péchés de haine, de délectation morose, qui se multiplient plus facilement que les actes liés à des actions extérieures. Ainsi l'homicide pourra s'occuper assez longtemps de son crime, en préparant ce qui lui est nécessaire pour le commettre; et toutes ces actions n'appartiendront souvent qu'à un même acte interne, et ne feront qu'un seul péché. Nous avons dit dans cet entretien, que des circonstances peuvent ajouter au même acte des espèces différentes; il sera également vrai qu'un seul acte, restant dans la même espèce, équivaudra cependant à plusieurs, en violant des droits de différentes personnes, comme cela arriverait, si par un seul coup on donnait sciemment la mort à dix hommes; ou que par la même calomnie on flétrît la réputation de cent.

Le D. Vous venez de prononcer un mot dont je ne connais pas la signification, c'est celui de délectation morose; je voudrais savoir dans quel sens il est employé par les théologiens.

LE TH. En voici l'explication. Tout acte mauvais doit être intérieur, sous le rapport de l'advertance et du consentement. On appelle ce

pendant internes, les péchés qui s'accomplissent dans l'âme sans se manifester au dehors. C'est un désir coupable, si nous nous portons vers un objet illicite, et une délectation morose, lorsque nous nous complaisons avec advertance dans la représentation d'une chose mauvaise. Tel est l'acte de celui qui se représente des actions perverses et criminelles, s'y repose, s'y complait, s'y délecte, sans aller néanmoins jusqu'à les désirer. C'est ce qu'on appelle vulgairement les mauvaises pensées.

LE D. Il n'est pas facile de concevoir comment ces actes, purement internes, peuvent être des péchés.

LE TH. Voyez-les d'abord signalés avec ce caractère, dans ces paroles des Proverbes et de la Sagesse : Les pensées mauvaises sont en abomination au Seigneur (15.). Les pensées perverses séparent de Dieu (1.). Tel est aussi l'enseignement unanime des pères de l'Eglise et des théologiens. Un peu d'attention suffit, je crois, pour comprendre que ces pensées sont contre la règle de la morale, et que Dieu doit les condamner et les punir. Car sa souveraine législation est pour l'intelligence et la volonté; à l'àme s'adressent ses défenses et ses commandements, et par suite, elle doit devenir coupable, impure à ses yeux, toutes les fois qu'elle se complait avec advertance dans la représentation d'une chose mauvaise. Votre erreur provient, ce me semble, de ce que vous comparez le Dieu de toute perfection, à un lé

gislateur humain, dont le but principal est le maintien de l'ordre extérieur; ne pouvant d'ailleurs juger les actes internes, il doit se borner à défendre les violations extérieures, et à les poursuivre par des châtiments; tandis que la loi dìvine a pour objet la sanctification de l'homme, sa conscience, l'ordre moral et spirituel considéré d'abord en lui-même, et quelquefois lié à des actions externes, qui s'y rattachent comme une circonstance ou une occasion. Les théologiens spécifient ces actes internes en reconnaissant dans le désir, l'espèce même de l'objet vers lequel il tend, et dans la délectation morose, l'espèce de l'objet tel qu'il est représenté.

Ajoutons quelques mots sur les différents noms que les théologiens donnent aux péchés, pour les classer et les distinguer plus facilement. Ils appellent péché de commission celui qui se fait par action, soit intérieure, soit manifestée au dehors; on le nomme omission, lorsqu'on n'observe pas un précepte affirmatif; péché d'ignorance quand il provient d'une négligence coupable à s'instruire de ses devoirs. Il y a péché de faiblesse, si l'on est comme entraîné par des passions qu'on ne combat pas avec assez d'énergie, ou sous l'émpire de circonstances contre lesquelles on ne lutte point avec des efforts suffisants. Enfin, on appelle péché de malice l'action perverse à laquelle on se livre par une habitude criminelle qu'on aime, qu'on nourrit, ou alors qu'on fait le mal sans y être porté par aucune passion violente, avec

pleine advertance et liberté, comme ces hommes dont il est parlé dans le livre de Job: Dieu les frappera comme des impies.... Eux qui ont fait un dessein formé de se retirer de lui, et qui n'ont point voulu comprendre ses voies. (34.)

VINGT-DEUXIÈME ENTRETIEN.

VICES, PÉCHÉS CAPITAUX, PASSIONS.

LE TH. Je veux consacrer cet entretien à vous donner quelques notions morales sur les vices, les péchés capitaux et les passions. Outre l'intérêt que ces matières peuvent offrir, elles seront un complément imparfait de nos explications sur le péché. Commençons par les vices. Ce mot peuts'appliquer d'une manière générale à toute défectuosité dans la nature, les arts et la morale; le vice et le péché auraient ainsi la même signification. Mais les théologiens leur donnent un sens différent, et ils emploient le terme vice, pour exprimer un penchant, une inclination sensible vers le mal.

LE D. Quelle peut être la source de ces inclinations perversés? les remarque-t-on dans tous les hommes, avec les mêmes caractères?

LE TH. Elles sont la suite du péché d'Adam, qui ne les éprouvait pas dans l'état d'innocence, et s'il fut resté fidèle, sa postérité n'aurait jamais eu à les subir. On s'accorde à reconnaître que

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