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du

dominer sa concupiscence et mériter aux yeux Seigneur. N'est-il pas fait mention de la piété, de la justice d'Abel, de Seth, d'Hénoc et de Noé. Or, ces faits indiquent clairement que la rédemption dut être connue de nos premiers parents, presque aussitôt après leur péché, et qu'ils en transmirent la connaissance à leurs enfants (D. Liebermann, de Redempt.). Car comment expliquer autrement cette allégresse d'Eve, à la naissance de Caïn, si elle n'avait vu en lui que l'héritier de ses malheurs? pourquoi les fils d'Adam auraient-ils offert des sacrifices, sans espoir de les rendre agréables à Dieu? que signifie ce mérite possible même au fratricide Caïn, sinon que le Seigneur avait changé la destinée de l'homme, en lui ouvrant les bras de sa miséricorde? Dieu avait fait entendre aux coupables des paroles de grâce, en leur annonçant un médiateur qui devait rendre à l'homme ses espérances, ses prérogatives surnaturelles perdues par le péché. Aussi, est-ce par le mérite de la foi qu'Abel est déclaré juste, et qu'Hénoc fut enlevé du monde, afin qu'il n'éprouvât pas la mort (Heb. 11.),

Nous ne pouvons douter que ces traditions si importantes ne soient fidèlement passées à Noé (Heb. 14.), à sa famille, et par elle aux nations qui se formèrent après la confusion des langues. Des promesses plus explicites sont faites à Abraham, en qui tous les peuples de la terre devaient être bénis (Gen. 12.), dans le Christ, comme l'explique saint Paul, afin que la bénédiction donnée à Abraham fût communiquée à toutes les nations

en Jésus-Christ (Gal. 3.). Cette foi se conserva vivante dans les enfants du saint patriarche jusqu'à l'époque où Moyse adressait à Dieu cette supplication solennelle. Je vous prie, Seigneur, envoyez celui que vous devez envoyer (Exod. 4.).

Il est, je crois, inutile de prouver que les Juifs ont été dans l'attente du libérateur promis. Tout dans leur histoire; leurs livres sacrés, leurs sacrifices, avait pour objet la venue du Messie; c'était le grand événement de la nation.

Au temps marqué par les prophètes, paraît Jésus de Nazareth. Il se dit le Messie, l'envoyé, le Fils de Dieu, égal à Dieu, il se proclame Dieu; et pour justifier jusqu'à l'évidence la vérité de ses paroles, il opère les miracles les plus éclatants. Vous savez par les évangélistes quelle fut sa vie, sa mort, sa résurrection, son ascension glorieuse. Vous voyez son Eglise, fondée depuis plus de dixhuit siècles, se maintenir sainte, catholique, au milieu des passions, de la haine et de la persécution de ses ennemis. Des prodiges ne lui manquent pas non plus pour montrer à tous qu'elle est protégée par le bras du Seigneur, glorifiée par sa puissance, aussi bien qu'éclairée et animée de son esprit. Or, la médiation du Christ s'est opérée dans les mystères de l'incarnation et de la ré demption dont nous allons nous occuper.

LE D. Pour me fixer sur la nature du rédempteur, je vous prie de commencer vos explications par une notion claire de ce qu'on entend par incarnation.

LE TH. En lui-même, ce terme signifie union avec la chair, c'est le cápxois des Grecs; pris dans le sens de l'Eglise et des théologiens, il exprime l'union hypostatique de la nature divine et de la nature humaine dans la personne du Verbe, d'où résulte le Christ. Dans ces paroles se trouve indiqué l'ordre que nous devons suivre pour traiter les questions les plus importantes de ce mystère : Jésus-Christ a-t-il eu en même temps la nature humaine et la nature divine? Quelle est l'union de ces deux natures? Où s'est-elle opérée? Voilà le sommaire des recherches auxquelles nous allons nous livrer.

Que Jésus-Christ ait existé, qu'il se soit montré dans la Judée, opérant les miracles les plus éclatants, ce sont des faits historiques, évidents; il n'est pas nécessaire d'en constater la vérité. Tous les chrétiens les admettent, les croient, à તે l'exception de quelques protestants rationalistes qui, déduisant les dernières conséquences de l'examen individuel, dans l'interprétation des livres saints, prétendent que l'histoire de Jésus-Christ n'est qu'un mythe, et le christianisme qu'une longue illusion de dix-huit siècles. Les catholiques n'ont pas à s'occuper de cet absurde paradoxe; c'est aux protestants de voir s'il découle naturellement de leurs principes; et s'ils sont forcés à un aveu, que ces conséquences leur fassent apprécier leur doctrine, elles suffisent seules pour la carac

tériser.

Nous nous bornerons à quelques citations des

livres saints, concernant la nature humaine de notre divin Sauveur, sans chercher à établir cette vérité si manifeste. Les Apôtres, dont vous reconnaissez la véracité, nous rapportent son incarnation, sa nativité, et les circonstances de son enfance. Ils deviennent ses disciples, lorsqu'il entre dans sa vie publique; ils vivent familièrement avec lui, sont témoins de ses miracles, l'accompagnant dans ses courses, partageant ses repas, ses fatigues; ils savent qu'il a subi la flagellation; certains d'entre eux l'ont vu attaché à la croix, et les disciples ont placé son corps dans le tombeau; la plupart de ces faits se sont passés dans une grande cité, au milieu d'une population nombreuse qui en atteste la vérité avec les disciples du Sauveur. Après sa résurrection, il montre aux apôtres les cicatrices de ses mains et de ses pieds, en leur disant : Regardez mes mains et mes pieds, c'est moi-même; touchez, et considérez qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai. (Luc 24.)

Jésus-Christ avait aussi une âme unie à ce corps, comme l'attestent ses propres paroles, rapportées dans l'Evangile : Mon âme est triste jusqu'à la mort. (Matth. 26.) Mon père, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la vôtre. (Luc. 22.) Mon père, je remets mon âme entre vos mains. (Marc. 14.) Les historiens sacrés décrivent ses angoisses, ses frayeurs, au Jardin des Oliviers, ainsi que sa mort sur la croix, de manière à ne laisser aucun doute sur la réalité de son âme: Il commença d'être saisi

de frayeur.... et baissant la tête, il rendit l'esprit. (Marc. 14. Luc. 22. Joan. 19.) Evidemment, il ne peut être question de l'Esprit divin dans ces textes qui décrivent des tristesses, des frayeurs, qui signalent une volonté humaine et un esprit recommandé à Dieu. Disons donc avec le symbole de saint Athanase : « Que Jésus-Christ est un homme parfait, formé d'une âme raisonnable et d'un corps humain. » (Symb.)

LE D. On ne peut avoir un sentiment contraire, sans nier l'évidence même. Mais Jésus-Christ est-il Dieu ? Voilà ce qui est aujourd'hui très

contesté.

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LE TH. Très contesté me paraît exagéré; car ce dogme n'est rejeté que par les déistes, les sociniens-rationalistes et les athées, tandis que des millions de chrétiens répandus dans l'univers entier, l'admettent depuis tant de siècles, comme le fondement de leurs croyances. Voici quelques autorités, dont les théologiens font usage pour démontrer ce dogme de notre foi : Isaïe annonce le Messie comme l'Emmanuel. Dieu avec nous (Matth. 1.) qu'il appelle ailleurs Dieu le fort. Un petit enfant nous est né, il sera appelé Dieu le fort, (9.) et les restes d'Israël se convertiront au Dieu fort; (10.) preuve manifeste de sa divinité, puisqu'on ne doit se convertir qu'à Dieu. Jérémie le nomme Dieu en employant le terme sacré et in

וזה שמו אשר יקראו יהוה communicable de Jehood

son nom sera Jéhová. (23.) Les docteurs chrétiens ont toujours appliqué ces paroles prophétiques au

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