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CHAPITRE II

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Descente des

Saint Bernard. Origine de Citeaux et de Clairvaux. moines de Cessens sur les rives du lac. - Agrégation d'Hautecombe et d'Aulps à l'Ordre cistercien. - Saint Bernard passa-t-il en Savoie? Fosseneuve.

La transformation d'Hautecombe étant due à la sollicitude de saint Bernard et son ombre bienfaisante planant sur les origines de ce monastère, nous sommes heureux d'être ainsi amené à esquisser les principaux traits de cette grande figure qui domine tout le XIIe siècle, et dont une plume éloquente a pu dire: «A qui cherche le type le plus accompli du religieux, saint Bernard se présente tout d'abord. Nul n'a jeté plus d'éclat que lui sur la robe du moine 1.

Il naquit en 4094, au château des Fontaines, près de Dijon. Son père, Tecelin, était issu d'une des premières familles de la province, et sa mère, Alix, fille de Bernard, seigneur de Montbard, était alliée aux ducs de Bourgogne. Plus illustres encore par leur piété que par leur naissance, ils transmirent à une nombreuse famille, avec de riches. blasons et de vastes domaines, un précieux héritage de

vertus.

Bernard surtout se fit bientôt remarquer par la pureté de ses sentiments et la précocité de son intelligence. Aussi, ses parents n'hésitèrent point à l'envoyer à Châtillon

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sur-Seine, petite ville située à une vingtaine de lieues au nord-ouest de Dijon, chez des chanoines réguliers qui y tenaient une école célèbre. Ses progrès y furent rapides; il apprit à parler et à écrire la langue latine avec une élégante facilité; il cultiva la poésie et se passionna même avec excès pour les belles-lettres 1.

Mais la science sans but pratique ne satisfaisait point sa grande âme, éclairée des lumières de la raison et de la foi. Se rappelant les paroles de l'apôtre : « Celui-là est coupable qui, ayant la connaissance du bien qu'il doit faire, ne le fait pas,» il éprouvait les douloureuses perplexités de l'adolescent obligé de choisir, au seuil de la vie, la sphère d'activité qui absorbera toute son existence.

Bientôt il se sent destiné à servir Dieu loin des périls du monde. Sa parole persuasive entraîne plusieurs parents et amis; il les réunit à Châtillon dans une maison commune, et là, sous sa direction, tous travaillent à leur propre sanctification, afin de se rendre plus aptes à procurer celle des autres.

Cette surprenante réunion d'une trentaine d'hommes appartenant aux meilleures familles de la Bourgogne, vivant au milieu de la foule, adonnés aux longues prières et aux austérités cénobitiques sous la direction du plus jeune d'entre eux, excita d'abord l'admiration de leurs compatriotes. Mais à peine six mois s'étaient écoulés que, suivant une chronique du temps, on les tenait pour suspects. Bernard s'occupa dès lors de donner une forme de vie régulière à sa communauté, et, au lieu de suivre

' RATISBONNE, Histoire de saint Bernard et de son siècle. Cet excellent ouvrage a été réimprimé en tête de la nouvelle édition des Euvres de saint Bernard, publiée par Victor Palmé, et nous a servi de guide dans cette esquisse de la vie de saint Bernard.

2 SAINT JACQUES, IV, 17.

l'exemple donné à la même époque par plusieurs saints personnages qui, voulant se retirer du monde, fondaient un institut nouveau, il choisit, par humilité, le modeste ordre naissant de Citeaux', destiné à jeter tant de gloire sur la grande famille bénédictine.

La règle de saint Benoît, qui, depuis le Mont-Cassin, s'était étendue sur tout l'Occident, avait subi de nombreuses atteintes dans son application. Cluny, après l'avoir fait revivre pendant le xe et le xre siècle, tombait sous le poids de ses immenses richesses, lorsque plusieurs moines bénédictins, animés d'un noble désir de perfection, fixèrent leur retraite dans la forêt de Molesme sous la direction de saint Robert. Cet établissement, comme enivré de son rapide développement, dévia bientôt de sa première direction, et saint Robert le quitta avec six religieux, qu'il choisit parmi les plus fervents, pour s'enfoncer dans la solitude de Citeaux, au diocèse de Châlons, située au sud et à cinq lieues de Dijon.

Plus tard, quatorze autres religieux de Molesme se joignirent à eux et, l'an 1099, ils achevèrent la construction d'une chapelle en bois, qu'ils dédièrent à la mère de Dieu, dont le nom se lira désormais sur le frontispice de toutes les maisons cisterciennes.

Quinze ans après sa fondation, l'abbé Étienne, entouré du petit nombre de moines exténués que l'épidémie et les

'Il était admis généralement, à cette époque, que les hommes appelés simultanément au service de Dieu restassent unis dans leur vocation et constituassent une congrégation distincte. Saint Bruno se retire, en 1086, dans les montagnes du Dauphiné et crée l'ordre des Chartreux; vers 1100, Robert fonde, dans le désert de Citeaux, l'ordre célèbre de ce nom; en 1116, Robert d'Arbrisselles fonde l'ordre de Fontevrault; en 1120, Norbert institue l'ordre des chanoines réguliers de Prémontré, etc. (RATISBONNE, Histoire de saint Bernard.)

macérations ne lui avaient point enlevés, priait sur les marches de l'autel, désespérant du succès de l'œuvre fondée par son prédécesseur, lorsqu'une trentaine d'hommes, conduits par l'un des plus jeunes d'entre eux, frappent à la porte du couvent. Bernard se jette aux pieds de saint Étienne et le prie de les recevoir dans son monastère. Étienne les introduit tout ému, et bientôt, édifié de leur ferveur, il les admet au noviciat. L'année suivante, leurs vœux furent prononcés; Bernard avait vingt-trois

ans.

Citeaux avait, dès ce jour, traversé la crise de l'enfantement. L'exemple de ces gentilshommes quittant le bienêtre et les joies du foyer, sacrifiant le brillant avenir que leur position sociale leur promettait, pour se vouer à une vie pauvre, abjecte et oubliée, fut contagieux. Le nouveau monastère ne put contenir tous les postulants, et l'année suivante, peu après la profession de saint Bernard, il fallut envoyer une première colonie de moines à la Ferté, puis une deuxième à Pontigny; et enfin, en 4445, la maison-mère, toujours trop étroite, dut laisser partir un nouvel essaim. Bernard, bien qu'il entrât seulement dans sa vingt-cinquième année, fut choisi pour en être le chef. Suivant l'usage de Citeaux, toute la communauté se réunit dans l'église; l'abbé de la maison-mère déposa une croix entre les mains de celui qui devait être revêtu de la dignité abbatiale; puis Bernard et les douze moines qui lui étaient confiés prirent congé de leurs frères et entonnèrent, en partant, une grave psalmodie.

Ils se rendirent dans une terre couverte de bois et de marécages, offerte par Hugues, comte de Troyes, à l'abbé Étienne, et située au diocèse de Langres, sur les confins de la Champagne et de la Bourgogne. Bientôt une partie

du sol fut défrichée et ils y élevèrent d'humbles cellules autour d'un oratoire, dans le voisinage d'une source qui coule encore aujourd'hui. Plus tard, ce premier établissement, ayant justifié par sa prospérité le nom prophétique de claire vallée, Clairvaux, donné par saint Bernard à cette gorge, appelée antérieurement vallée d'absinthe, vit ses habitants, trop à l'étroit, transférer leur demeure à l'entrée du vallon.

C'est à côté de ces secondes constructions, qu'au xvie siècle on en éleva de riches et étendues, comprenant église, chapitre, bibliothèque et autres édifices dont la majeure partie se voit encore aujourd'hui1.

La grande renommée de saint Bernard attira à Clairvaux, comme précédemment à Citeaux, de nombreux novices. En 4448, Clairvaux donnait déjà le jour à deux nouveaux essaims, qui fondèrent les monastères de Trois-Fontaines et de Fontenay. Sept ans après, arrivait du fond du Dauphiné le jeune Amédée, fils du seigneur d'Hauterive, dont saint Bernard devait faire un des premiers abbés d'Hautecombe.

Au commencement de l'année suivante (1419), saint Étienne, le vénérable abbé de Citeaux, convoqua tous les abbés de sa filiation, alors au nombre de douze, pour fixer définitivement les statuts du nouvel Ordre. Cette assemblée mémorable, connue sous le nom de Premier Chapitre général de Citeaux, donna une forme définitive aux constitutions, en rédigeant la grande Charte de charité et arrêta les usages des monastères cisterciens, qui furent ainsi transmis à la postérité 2.

Malgré les agrandissements successifs des bâtiments, qui

Voir, aux Notes additionnelles, le no 3.
Ce recueil porte le titre de Livre des us,

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