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trui, l'honnête homme fe regle fur la mode & s'il n'y a pas alors plus de vrai courage à la braver qu'à la fuivre! .... Rentrez en vous-même, & confidérez s'il vous eft per mis d'attaquer de propos délibéré la vie d'un homme, & d'expofer la vôtre, pour fatisfaire une barbare & dangereufe fantaisie, qui n'a nul fondement raisonnable ; & fr le trifte souvenir du fang verfé dans une pareille occafion , peut ceffer de crier vengeance au fond du cœur de celui qui l'a fait couler: Connoiffez-vous aucun crime égal à l'homicide volontaire Et fi la bafe de toutes les vertus eft l'humanité, que penferonsnous de l'homme fanguinaire & dépravé, qui l'ole attaquer dans la vie de fon femblable? Souvenez vous que le citoyen doit fa vie à sa Patrie, & n'a pas le droit d'en difpofer fans le congé des Loix ; à plus forte raifon, contre leur défense. O mon ami! fi vous aimez fincerement la vertu, apprenez à la fervir à fa mode, & non à la mode des Kommes. Je veux qu'il en puiffe résulter quelque inconvénient ce mot de vertu n'est-it donc

pour vous qu'un vain nom? & ne ferezVous vertueux que quand il n'en coûte rien de l'êre Mais quels font au fond ces in

convéniens Les murmures des gens oififs des méchans, qui cherchent à s'amufer des malheurs d'autrui ; voilà vraiment un grand motif pour s'entr'égorger! Quel mépris eft donc le plus à craindre, celui des autres en faisant bien, ou le fien propre en faisant mal Croyez-moi, celui qui s'eftime véritablement lui-même, eft peu fenfible à l'injufte mépris d'autrui, & ne craint que d'en être digne ;car le bon & l'honnête ne dépendent point du jugement des hommes, mais de la nature des chofes ; & quand tout le monde approu-veroit votre prétendue bravoure, elle n'en feroit pas moins honteufe. Il eft faux d'ailleurs qu'à s'abftenir d'un duel par vertu, l'on fe faffe méprifer. L'homme droit, dont toute la vie eft fans tache, & qui ne donne jamais aucun figne de lâcheté, refufera de fouiller fa main d'un homicide, & n'en fera que plus honoré, Toujours prêt à fervir la Patrie, à protéger le foible, à remplir les devoirs les plus dangereux & à défendre, en toute rencontre jufte & honnête ce qui lui eft cher, au prix de fon fang, il met dans fes démarches cette inébranlable fermeté qu'on n'a point fans le vrai courage. On voit aifément qu'il craint moins de mourir que de

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mal aire, & qu'il redoute le crime & non le péril. Si les vils préjugés s'élevent un instant contre lui, tous les jours de fon honorable vie font autant de témoins qui les récufent ; &, dans une conduite fi bien liée, on juge d'une action fur toutes les autres.... L'honneur d'un homme qui penfe noblement n'eft point au pouvoir d'autrui ; il eft en luimême, & non dans l'opinion du peuple: il ne fe défend ni par l'épée, ni par le bouclier, mais par une vie integre & irréprochable, ce combat vaut bien l'autre en fait de courage. En un mot, l'homme de courage dédaigne le duel, & l'homme de bien l'abhorre. «

» Je regarde les duels comme le dernier degré de brutalité où les hommes puiffent parvenir.

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M. Rouffeau, qui s'exprime ainfi, a certainement raison, & il le prouve bien. Mais quand il eft queftion de modes & de préju gés, quelque honteufe que foit leur origine, commun des hommes raifonne-t-il ! Et ici, comme fur tant d'autres objets, n'auroit on pas droit de s'écrier: O homines fervum pecus!

le

Si d'ailleurs, auprès de bien des gens, le langage de la raifon eft infuffifant, voici une

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autorité qui, pour eux, doit être de quelqre poids: c'eft celle du Comté de la Noué, fürnommé Bras de fer, dont Henri IV fit un fi bel éloge en difant , que c'étoit un grand homme de guerre, & encore plus un grand homme de bien. » La caufe de la fureur des · duels, dit ce héros, fi dignement loué par un fi grand Roi, gît en nos erreurs & folies, & eft un faux honneur. Si la noblesse continue de marcher ainfi égarée, tant en paroles'qu'en faire, elle ira toujours profanánt là vertu & les armes en fe coufumant. Il feroit bon que le Roi, les Princes & les Seigneurs blâmaffent en public ceux qui auront ainfi enfanglanté leurs armes & montraffent qu'ils les abhorrent comme gens qui n'ont autre plaifir que de s'exalter par la mort d'autrui.... C'eft aux guerres qu'on doit montrer fa valeur & hafarder librement fa vie. Les gens d'honneur doivent fervir généreufement leur Patrie ; & ceux qui expofent leur vie tous les jours pour elle, ne doivent pas à fon fervice être chiches des biens de fortune. Pour moi, tandis que j'aurai 'une goutte de fäng & un arpent de terre, je l'employerai pour la défenfe de FEtat auquel Dieu m'a fait naître.... Mais quant à ceux qui vont précipitant leur valeur

dans les querelles perfonnelles, ils font croire qu'ils ne s'eftiment pas de grand prix. « Vie du Comte de la Noue.

Le Comte de Sales, attaqué par un faux brave, dont il avoit repris les blafphêmes, lui répondit, » qu'après avoir ofé défendre la » caufe de Dieu, il ne devoit pas la trahir pour les fauffes maximes d'un honneur mal » entendu. « Il y a plus d'un exemple de cette nature de la part de Militaires, qui, en genre de bravoure, avoient fait leurs preuves. Mais ils ne feront jamais imités que par un petit nombre d'ames fortes, tant que nous ne cefferons pas de mettre de la contradiction entre nos institutions & nos mœurs : & qu'après avoir fait de belles loix contre le duel, nous. continuerons à flétrir de la tache du deshonTM neur celui qui, ayant toujours vécu fans peur & fans reproche, aura cru, d'après sa confcience & les loix, devoir mépriser les propos d'un fat ou d'un étourdi.

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