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licites et les autres abus qui pourraient se trouver dans la dispensation et l'usage des indulgences (1).

C'est le même esprit qui a dicté cet autre décret du même concile, où il est dit «< que les indulgences et «< les autres grâces spirituelles, dont il n'est pas juste « de priver les fidèles de J.-C., sous prétexte qu'on « en abuse, seront publiées, avec les circonspections « prescrites dans ce décret : en sorte, conclut le con«< cile (sess. 21, ch. Ix), qu'il soit enfin bien entendu « de tous que ces célestes trésors sont dispensés non « pas pour le gain, mais pour la piété. »

Dans ce décret le concile arrête et propose aux fidèles les décisions doctrinales qui suivent:

1o L'Église a reçu de J.-C. le pouvoir de concéder des indulgences.

2o Elle a usé de ce pouvoir dès les premiers temps. 3° L'usage des indulgences doit être conservé, parce qu'il est très-utile au peuple chrétien.

4o Le concile reconnaît qu'il y a des abus, qu'il ordonne de corriger.

5° Il veut qu'on use de modération dans la dispensation des indulgences. D'où il suit implicitement que c'est à l'Église d'en réglementer l'usage.

A ces décisions du saint concile ajoutons, comme complément naturel, quelques définitions données par le pape Pie VI. Dans une bulle, portant condamnation d'un grand nombre de propositions extraites du synode de Pistoie (2), le souverain pontife définit ;

(1) Bossuet, Médit. pour le Jubilé.

(2) Ce synode, tenu en 1786, à Pistoie, ville de Toscane, en Italie, renouvelait plusieurs hérésies déjà frappées des anathèmes de l'Église, notamment les erreurs de Luther contre les indulgences. Pie VI, en 1794, condamna par la bulle Auctorem fidei la doctrine hétérodoxe que le conciliabule de Pistoie s'était efforcé de réhabiliter.

1.

1° Que l'indulgence, outre la remise de la peine canonique, a aussi le pouvoir de remettre, même auprès de la divine justice, la peine temporelle due aux péchés actuels;

2o Que les trésors de l'Église, d'où le pape tire les indulgences qu'il donne, sont composés des mérites de J.-C. et des saints;

3o Que l'indulgence est applicable aux défunts;

4° Que les autels privilégiés et les tableaux d'indulgences sont des usages louables et pratiqués dans toute l'Église.

Ces divers points de doctrine vont être successivement commentés, éclaircis, et on en tirera toutes les conséquences logiques qui en découlent.

CHAPITRE II.

Diverses significations du mot indulgence.

dans le sens catholique.

Définition de ce mot

Avant d'entrer dans les développements que doit nécessiter le sujet si important des indulgences, il paraît rationnel de faire connaître d'abord ce que signifie le mot indulgence dans sa première et plus naturelle acception. On déterminera ensuite clairement le sens que l'Église catholique attache à ce mot. De cette manière le lecteur aura une idée nette, précise d'un terme qui doit revenir si souvent dans le cours de ce traité.

§ I. Diverses significations du mot indulgence. Le mot indulgence ne présente pas toujours le même sens dans les auteurs. Les significations diverses qu'ils lui donnent ont sans doute beaucoup d'analogie entre elles; mais cependant les nuances qui les séparent sont assez marquées pour être facilement saisies et pour qu'il soit utile de les indiquer.

Ce mot pris dans son sens primitif et général exprime plus ordinairement cette bonté facile, volontairement oublieuse, qui passe sur bien des choses, ferme les yeux quelquefois pour ne pas être obligée de punir sans cesse, et se montre toujours ingénieuse à excuser les fautes d'autrui. On dit dans ce sens : C'est un maître indulgent: il est plein d'indulgence pour les faiblesses humaines.

Ce terme emporte aussi parfois l'idée d'une certaine faiblesse de caractère qui n'est pas exempte de négligence, mais qui a pour principe la bonté. Dans cette disposition de l'âme, on permet, ou l'on tolère, ce qui serait plus à propos de défendre. C'est, dit-on, un magistrat indulgent, il ferme les yeux sur bien des choses. Et encore: Ce père se montre trop indulgent pour ses enfants, il autorise par là leurs désordres.

On appelle encore indulgence cette bonté sympathique qui porte une personne à se relâcher de ses droits, à ne pas les exercer dans toute leur rigueur. Ainsi un créancier traite son débiteur avec indulgence s'il lui remet une partie de sa dette. Il le traite avec une très-grande indulgence si, poussant plus loin la générosité, il lui fait remise entière de tout ce qu'il lui doit.

Autrefois, à l'occasion des fêtes et des réjouissances publiques, les empereurs déchargeaient leurs peuples d'une partie des tributs et accordaient une amnistie aux criminels. Ces actes de clémence se nommaient aussi indulgence (1).

Dans l'Écriture sainte, dans les Pères et les au

(1) C'est ce que nous nommons le droit de grâce, réservé dans nos lois au souverain, et qui a donné lieu à cette expression recours en gráce, recourir en grâce.

teurs ecclésiastiques les plus anciens, le mot indulgence n'est pas toujours employé pour rendre l'idée que nous exprimons aujourd'hui par ce mot. Il signifie quelquefois une simple condescendance, comme dans ce passage de saint Paul: Je dis cela par INDULGENCE, et non selon la rigueur du commandement. (Cor., 7, 1. :.)

Il se prend souvent pour pardon des péchés. « S'il « n'y a aucune indulgence (pardon) pour les péchés, << disait saint Augustin, où irez-vous. » Et ailleurs : « Nous ne pouvons nier que Dieu a promis indul«gence (le pardon) à ceux qui sont convertis et << qui s'amendent. »

L'indulgence telle que nous l'entendons maintenant réunit quelque chose de ces différents sens. En effet, c'est un acte de clémence par lequel l'Église, condescendant à notre misère, nous remet une partie de la dette que nos péchés nous ont fait contracter envers la justice divine. Et par cette remise elle nous décharge réellement devant Dieu.

§ II. Définition de l'indulgence. -- Voici de quelle manière l'indulgence est généralement définie par les auteurs catholiques :

L'indulgence est la rémission de la peine temporelle due aux péchés actuels déjà remis quant à la coulpe; mais rémission accordée en dehors du sacrement de pénitence, par ceux qui ont le pouvoir de dispenser le trésor spirituel de l'Église.

Plusieurs termes de cette définition ont besoin d'ètre expliqués.

1° On dit que l'indulgence est la rémission de la peine temporelle, parce qu'elle ne peut ni effacer ni remettre la peine éternelle, chàtiment réservé au

péché mortel. Le sacrement de pénitence ou la contrition parfaite ont seuls cette vertu.

C'est pourquoi lorsque le souverain pontife déclare, dans les bulles par lesquelles il accorde des indulgences, qu'il remet les péchés, la moitié, le quart des péchés, il parle des péchés seulement, quant à la peine temporelle, et jamais quant à la coulpe (1), qu'il faut toujours supposer remise par le sacrement de pénitence. Ainsi cette manière de parler du souverain pontife veut dire seulement que la moitié, le quart, ou que toute la peine temporelle est remise, selon l'étendue de l'indulgence accordée.

2° L'indulgence est la rémission de la peine temporelle due aux péchés actuels. Il est évident pour toute personne instruite de sa religion que lorsqu'on parle de peine temporelle, il ne peut être question que des péchés commis après le baptême. Pour les péchés commis avant, ils sont si parfaitement effacés par le sacrement, qu'ils ne laissent aucune peine à expier. C'est une régénération complète qu'opère le baptême, c'est une vie nouvelle qu'il donne à l'âme. A part les suites du péché originel, qui demeurent pour servir d'exercice à la vertu, il ne reste rien du vieil homme dans le baptisé. Voilà pourquoi on ne lui impose aucune pénitence.

3° L'indulgence est la rémission de la peine temporelle due aux péchés actuels déjà remis, quant à la coulpe. Tant que le péché n'est point effacé, tant qu'il subsiste devant Dieu, on ne peut obtenir la remise de la peine temporelle.

4° Rémission accordée en dehors du sacrement de

(1) La coulpe, c'est l'offense que le péché fait à Dieu et la souillure qu'il imprime à l'âme.

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