il fut régénéré sur les fonts du baptême: en sorte que s'il quittait la vie aussitôt après l'avoir gagnée, il serait admis sans retard à jouir du bonheur du ciel. Quelquefois cette indulgence est appelée dans les bulles des souverains pontifes plus plénière, et trèsplénière. Ce n'est pas qu'elle puisse être plus ou moins grande en elle-même, mais ce nom lui est donné à cause de certains priviléges dont elle est quelquefois accompagnée, tels que la faculté d'absoudre des cas et des censures réservés au saint-siége, le pouvoir de dispenser de l'irrégularité, de commencer les vœux, etc. Ces priviléges, surtout les deux derniers, sont presque toujours réservés au jubilé, la plus solennelle de toutes les indulgences plénières. L'indulgence partielle est celle qui ne remet qu'une partie de la peine temporelle due aux péchés pardonnés. L'indulgence partielle peut être plus ou moins grande, selon qu'elle est accordée avec plus ou moins d'étendue. Ainsi, il y a des indulgences partielles de quarante jours, de cent jours; il y en a de sept 2° L'indulgence se divise encore en temporaire et en perpétuelle. L'indulgence temporaire est celle qui n'est accordée que pour un temps déterminé, sept ans par exemple, et finit à l'expiration de ce temps. L'indulgence perpétuelle, au contraire, est donnée pour toujours, et dure, par conséquent, jusqu'à ce qu'elle soit positivement révoquée. 3o Enfin, l'indulgence se divise en locale, réelle et personnelle. L'indulgence locale est celle qui est attachée à certains lieux, par exemple, à telle église, à tel autel : de sorte que pour gagner cette indulgence il faut visiter ce lieu et y remplir toutes les conditions requises par la bulle de concession. L'indulgence est réelle lorsqu'elle est attachée à certains objets portatifs, comme croix, chapelets, médailles, etc. Si les objets n'étaient pas portatifs, l’indulgence serait locale. L'indulgence personnelle est celle qui est inhérente à une personne déterminée, ou à plusieurs personnes en commun: telles sont les indulgences dont le saintsiége favorise certaines confréries. Tous les membres de ces pieuses associations peuvent gagner ces indulgences, en quelque lieu qu'ils se trouvent, pourvu qu'ils se conforment à la teneur des bulles qui ont accordé ces priviléges. On a déjà fait mention, et on parlera encore souvent, d'indulgence de quarante jours, de cent jours, etc., de plusieurs quarantaines : c'est ici le lieu d'expliquer ce que l'on doit entendre par ces mots. On retrouve dans ces expressions un reste des vestiges de l'ancienne discipline de l'Église. Pour en comprendre le sens, il faut se rappeler ce qui a été dit ailleurs de la pénitence canonique. On sait qu'autrefois les règles de l'Église imposaient plusieurs années de pénitence à ceux qui avaient commis quelques fautes graves, après leur baptême. Tout le temps de cette pénitence se passait dans des jeûnes presque continuels. Le moins que devaient faire les pénitents, c'était de jeûner au pain et à l'eau, tous les lundi, mercredi et samedi de chaque semaine. En outre, chaque année ils devaient faire trois quarantaines de jeûne, c'est-à-dire trois carèmes (1). D'après cela, on comprend qu'une indulgence de cent jours, par exemple, est la relaxation de cent jours de ces jeûnes, qu'on aurait eu à subir selon l'ancienne discipline de l'Église pour expier ses péchés. De même, donner une indulgence de deux, de trois quarantaines, c'est remettre deux, trois de ces quarantaines de jeûnes, ou carèmes qui faisaient partie de la pénitence canonique. En dernière analyse, c'est remettre cette partie de la peine temporelle, que ces cents jours de jeunes, ou ces quarantaines auraient remise. CHAPITRE XXIII. Cessation des indulgences. Les indulgences peuvent cesser d'exister pour différentes causes. § I. Cessation de l'indulgence temporaire et perpétuelle. Une indulgence accordée pour un temps déterminé cesse d'elle-même à l'expiration de ce temps. Ainsi une indulgence accordée pour un jour finit avec ce jour. Une indulgence accordée à perpétuité, ou d'une manière indéfinie, dure jusqu'à ce qu'elle soit positivement révoquée par un acte formel du supérieur. Elle peut aussi cesser par la révocation que juge à propos d'en faire celui qui l'a accordée, ou même ses successeurs; par la raison que celui qui accorde une grâce peut bien la révoquer, quand il le croit convenable. Si une clause formellement exprimée dans le bref de concession stipulait que l'indulgence finira à la (1) Carême veut dire abstinence. mort du donateur, elle cesserait réellement à cette époque, mais dans ce cas ce ne serait qu'une indulgence temporaire, car l'indulgence vraiment perpétuelle ne cesse pas à la mort de celui qui l'a concédée. § II. Cessation de l'indulgence locale et réelle. Lorsqu'un lieu ou un objet auquel est attachée une indulgence vient à être détruit, ou assez notablement détérioré pour n'être plus raisonnablement estimé le même, alors l'indulgence cesse. Donnons des exemples. Une église est détruite ou convertie en lieu profane: il n'y a plus d'indulgence. Un chapelet indulgencié est tellement brisé, qu'il ne présente plus que quelques fragments; une médaille est rompue en deux ou trois morceaux : ces objets ont perdu leurs indulgences. Au contraire, l'indulgence persévère tant que les objets ne subissent que des altérations ou changements qui n'ont rien d'essentiel, et qui ne les empêchent pas d'être toujours les mêmes. Ainsi une église est soumise à des réparations successives qui en changent la forme et les dimensions, mais elle n'a jamais cessé d'être une église: elle conserve toutes ses indulgences. On change la croix d'un chapelet, on remplace quelques grains perdus : il est toujours indulgencié. Il pourra être ainsi renouvelé en totalité, mais successivement, sans perdre ses indulgences, parce que c'est toujours le même chapelet. § III. Lorsqu'une fête qui jouit d'une indulgence est transférée, l'indulgence l'est-elle aussi? - La translation de l'indulgence ne suit pas de droit commun la translation de la fête. Cette réponse générale a besoin d'être motivée et complétée par quelques remarques explicatives. 1° En liturgie on distingue une fète de sa solennité, car la même fête peut se célébrer plus ou moins sollennellement (1). 2o De cette distinction il suit que la translation d'une fête peut se faire de deux manières : ou bien la fète restant le jour où elle tombe, la solennité seule est transférée; ou bien, et la solennité et la fête ellemême sont transférées à un autre jour (2). Dans le premier cas, c'est-à-dire lorsque la célébration solennelle d'une fête est seule renvoyée à un (1) La solennité d'une fête consiste dans le culte extérieur plus ou moins pompeux, dans les rites plus ou moins solennels qui accompagnent la célébration publique de son office. (2) Il y a des différences notables entre ces deux manières de transférer les fêtes; elles vont se dessiner nettement dans les deux exemples suivants : Premier exemple. Lorsque l'Épiphanie arrive en semaine, la solennité est renvoyée au dimanche suivant. Or, voici comment les choses se passent: Le 6 janvier, jour où l'Epiphanie est marquée dans le calendrier, les personnes obligées à la récitation du bréviaire disent l'office de cette fête, et toutes les messes qui se célèbrent ce jour-là sont également de l'Épiphanie. L'octave commence à dater de la même époque, pour finir le 13. Mais le dimanche qui suit immédiatement le 6 janvier est consacré à la célébration solennelle de la fête : c'està-dire qu'au chœur l'office public comme la grand'messe et les vêpres sont du jour de la fête, tandis que l'office du bréviaire et les messes basses sont du dimanche dans l'octave. Si même l'on chante deux grand'smesses, la plus solennelle est seule de la fête, l'autre est du dimanche dans l'octave. C'est la première manière de transférer une fête, c'est la translation de la seule solennité. Deuxième exemple. Lorsque le 25 mars, jour de l'Annonciation, coïncide avec la semaine sainte, la fête et sa solennité sont transférées après le dimanche de Quasimodo. Dans cette circonstance, le 25 mars on fait l'office de la semaine sainte, sans mention aucune de l'Annonciation, qui n'est pas sensée tomber ce jour-là, mais le lundi de Quasimodo, si ce jour a été désigné; et cette année-là ce lundi est regardé comme le propre jour de la fête. C'est la deuxième manière de transférer une fête. C'est à proprement parler lui assigner un autre jour, une autre date; ce qui n'a pas lieu dans la première manière. |