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dait bien de toucher à la chose dont on faisait abus. « Que Tertullien ne l'imitait-il? Aurait-il voulu abolir « les sacrements parce que dès le temps de saint Paul « il y avait des gens qui en abusaient (1). »

Tertullien ne veut pas qu'un martyr puisse obtenir miséricorde pour un pécheur, parce que, dit-il, c'est bien assez qu'il l'ait obtenue pour lui. Il n'appuie sa prétention sur rien de solide. Sans doute la grâce qui purifie les saints est une faveur signalée de la bonté du souverain juge, et Dieu en couronnant leurs mérites ne couronne que ses dons. Cependant parmi cette nuée de témoins qui ont franchi la carrière, touché le but et remporté le prix, il y a une infinité d'âmes innocentes, qui connurent à peine le péché, lesquelles néanmoins, pendant leur vie presque immaculée, pratiquèrent toutes sortes de bonnes œuvres. Est-il supposable que ces âmes si pures avaient besoin de toutes ces mortifications, de tous ces jeûnes, de toutes ces aumônes pour expier leurs péchés? Et cet acte héroïque de charité parfaite, qui inspirant aux martyrs un généreux mépris de la mort, leur fit sacrifier leur vie pour J.-C., n'aura pas été plus que suffisant pour satisfaire à la justice divine! Qui oserait le soutenir? Qui pourrait le prouver surtout?

Donc après avoir satisfait pour eux-mêmes, il peut encore rester aux saints assez de mérites pour payer une partie de la dette de leurs frères. C'est de cet excédant que l'Église se sert lorsqu'elle accorde des indulgences. Mais quand bien même cette ressource viendrait à lui manquer, le fonds inépuisable des mérites infinis du Sauveur ne lui manquera jamais. Avec un peu de réflexion, Tertullien l'eût bien vite compris. (1) Collet, Traité des Indulgences.

Mais un cœur ulcéré et troublé par l'orgueil ne réfléchit pas.

Les quelques adeptes qui s'attachèrent à la morale sévère de Tertullien formèrent une secte dite des Tertullianistes; elle ne dura que jusqu'au cinquième siècle. Du temps de saint Augustin ils n'avaient plus qu'une église à Carthage. Bientôt après ils revinrent tous à l'unité catholique.

§ II. Les Vaudois. - Depuis Tertullien jusqu'aux Vaudois, connus aussi sous le nom de Pauvres de Lyon, on ne trouve personne qui ait directement combattu les indulgences. Pierre Valdo, natif du bourg de Vaud en Dauphiné, et marchand à Lyon, fut l'auteur de cette secte, qui fit beaucoup de bruit en France aux douzième et treizième siècles.

Ces hérétiques, si justement décriés pour leur ignorance, enseignaient une foule d'erreurs, dont l'énumération ne peut trouver place ici. Cependant on croit devoir en citer quelques-unes pour donner une idée de leur doctrine.

1° Ils étaient persuadés que la pauvreté évangélique était absolument nécessaire au salut.

2o Ils prétendaient que tout laïc qui pratiquait la pauvreté volontaire et était en état de grâce avait le pouvoir d'absoudre et de consacrer l'eucharistie. 3o Ils soutenaient sérieusement que l'état religieux avait été inventé par le diable.

Une secte composée de gens capables de débiter de telles absurdités ne peut inspirer qu'une pitié profonde pour les aberrations dont est capable l'esprit humain livré à lui-même!

4° Enfin ils rejetaient les indulgences, qu'ils disaient être une fiction artificieuse pour séduire les peuples,

inutiles au salut et tout au plus propres à frauder la justice de Dieu de ses droits. Ils niaient également le purgatoire et l'efficacité de la prière pour les morts. Les derniers disciples de Valdo ont embrassé le calvinisme.

On met communément Jean Wicleff, docteur et professeur royal de l'université d'Oxford au quatorzième siècle, parmi ceux qui ont combattu le dogme des indulgences. Un endroit de ses ouvrages où il dit que <«< c'est folie de croire aux indulgences du pape et des évêques » autorise assez cette opinion, bien que certains auteurs aient essayé de le défendre en disant qu'il n'attaquait que les abus, sant toucher au fond de la doctrine.

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§ III. Les Protestants. Mais l'ennemi le plus acharné des indulgences a été Martin Luther (1).

Les indulgences furent le prétexte de sa révolte contre l'Église. En 1517 le prince Albert, évêque de Mayence, chargea les dominicains de publier les indulgences que Léon X venait d'accorder, au lieu de confier cette mission aux ermites de Saint-Augustin, comme c'était l'usage. Cette préférence rendit Luther furieux (2). Il tonna d'abord contre les abus que commettaient les quêteurs des aumônes que l'on donnait pour les indulgences, abus qui réellement étaient très-grands. Mais, comme ce n'était pas l'amour de la vérité et du bien qui l'animait, après avoir poursuivi

(1) Luther était de Eisleben, ville de Saxe. Il naquit en 1484, et mourut dans sa ville natale, en 1546.

(2) Luther était ermite de Saint-Augustin. Ce fut un événement assez extraordinaire qui le décida à entrer en religion. Un jour un de ses amis fut tué à ses côtés par la foudre pendant qu'ils se promenaient ensemble. Cette mort le frappa tellement qu'elle le décida à embrasser la vie monastique.

les abus, il attaqua le dogme lui-même, oubliant qu'il avait dit anathème à quiconque nierait la vérité des indulgences. Il ne s'en tint pas à ce premier coup d'essai, il s'en prit bientôt à presque tous les dogmes, qui furent l'un après l'autre l'objet de ses attaques furibondes.

Il peut y avoir quelque avantage pour les fidèles à connaître un peu quel fut ce singulier apôtre, ce prétendu réformateur de l'Église. Ils verront ce que deviennent les hommes les plus éminents lorsqu'ils se séparent de l'Église de J.-C., et ils en concluront qu'ils doivent s'attacher de plus en plus à cette colonne de la vérité. Voici une esquisse de ce fondateur de la réforme protestante.

Luther fut, si l'on peut s'exprimer de la sorte, l'orgueil incarné! sa devise était : Je ne le cède à personne! Satan, père de l'orgueil et du mensonge, n'eut pas mieux dit. Dans une autre circonstance il s'écrie, poussé par le délire d'un orgueil sans mesure; « C'est ici que je « demeure ferme, inébranlable! c'est ici qu'est mon « séjour, le séjour de ma gloire! c'est ici que je triom<< phe et que j'insulte aux papistes, aux thomistes, << aux henricistes, aux sophistes et à toutes les portes « de l'enfer. Je me moque de ce qu'ont dit tous les << hommes et tous les saints. La majesté de Dieu est << avec moi, afin que rien ne m'ébranle, quand même « des milliers d'Augustin, de Cyprien s'éleveraient << contre moi! » Peut-on porter plus loin la démence et le blasphème!

<«< Luther fut un composé de fiel et d'injures. Il «< ignora jusques à l'ombre des plus simples bienséan«ces. Il traita avec le plus outrageant mépris les pa«pes, les cardinaux, les évêques, les empereurs, les

«< rois, les princes.... et généralement tous ceux qui « se déclaraient contre lui. Le nom du diable lui était « si familier, qu'on le trouve jusqu'à quinze fois en « quatre lignes d'un de ses ouvrages contre les con« ciles. » Ce n'était pas ce nom qu'on trouvait si souvent répété dans les épîtres des apôtres! Il ne craignait pas de jeter à la face de ses contradicteurs les injures les plus grossières, les épithètes les plus outrageantes. « Il souhaitait pouvoir enfermer le pape et les cardi«naux dans un sac et les jeter au fond de la mer ». Voilà des souhaits vraiment chrétiens! « Voilà le nou« vel Évangile; voilà les actes des nouveaux apô«tres,» dit Bossuet.

<< Luther laissait couler de sa bouche la calomnie et « les paroles obscènes sans la moindre retenue. Morts « et vivants, amis et ennemis, rois et sujets, personne << ne fut à l'abri de ses saillies emportées et brutales. »

« Luther souffla dans toute l'Allemagne le feu de la « sédition. Il arma contre les puissances établies de « Dieu une foule de malheureux qu'il avait séduits. Il « a couvert de ruines et de sang son propre pays, et « par suite toute la France.

« Luther fut un falsificateur insigne de nos saintes « Écritures. De sa pleine autorité, il retrancha du ca« non des Écritures les livres de Tobie, de Judith, de « la Sagesse, des Machabées, et la magnifique épître « de saint Paul aux Hébreux....... Il traduisit la Bible, « ou plutôt, il l'altéra et la travestit. Quand on lui « demandait raison de ces falsifications, il répondait : « C'est ainsi que je le veux, c'est ainsi que je l'ordonne, « que ma volonté serve de raison.

<< Il trouvait sa condamnation dans les écrits des « saints Pères; il lui parut commode de les traiter de

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