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<< du plus doux éclat! c'est-à-dire les corps de ces deux << saints apôtres, qui forment son plus bel ornement. «Non, le ciel ruisselant de lumière ne jette pas des «< feux aussi vifs que la cité romaine possédant ces << deux astres dont les rayons resplendissent dans tout << l'univers. »

Ce n'était pas seulement le simple peuple ou des gens d'église qui montraient cet entraînement, les grands du monde, les puissances de la terre en donnaient l'exemple. « Les empereurs, disait saint Jean « Chrysostome, les consuls, les généraux d'armée <«<< accourent aux tombeaux du pêcheur et du faiseur « de tentes!» Le roi Robert fit le voyage de Rome. Charlemagne s'y rendit quatre fois pour vénérer les reliques des saints apôtres. On vit ce grand empereur baiser l'un après l'autre les degrés qui conduisent à la confession de saint Pierre.

Ce concours n'a pas cessé depuis, et les églises stationales de Rome attirent encore la foule aujourd'hui.

A mesure que les siècles se sont écoulés, les lieux de pèlerinage se sont multipliés à proportion. Tous les lieux sanctifiés par l'accomplissement de quelque mystère de notre religion, par un fait miraculeux, par des grâces obtenues, par le tombeau d'un saint illustre, devinrent le but de ces pieux voyages. Maintenant on peut dire que ces lieux de dévotion sont innombrables, surtout en l'honneur de la sainte Vierge. Pas un pays, pas un diocèse qui n'en ait plusieurs, plus ou moins fréquentés. On formerait un recueil aussi curieux qu'édifiant rien qu'à dénombrer ceux que possède la France. Qui n'a entendu parler de NotreDame de Liesse, de Notre-Dame de Chartres, de Notre

Dame de Fourvière à Lyon, de Sainte-Anne d'Auray, en Bretagne, etc., etc.

Mais de tous ces pèlerinages, les plus célèbres après ceux de Jérusalem et de Rome ont toujours été, surtout dans les siècles passés, ceux de Saint-Martin de Tours, de Saint-Jacques de Compostelle, et de NotreDame de Lorette, en Italie.

Ce fut au huitième siècle que les pèlerinages commencèrent à passer pour des œuvres pénales pouvant tenir lieu de satisfaction et remplacer les pénitences canoniques. Mais ces voyages aux lieux célèbres de dévotion ne furent jamais plus en honneur que depuis le onzième siècle. « Ils devinrent, dit Fleury, une dévotion universelle des peuples et des rois, du clergé,

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des évêques et des moines. » Il faut croire qu'outre les motifs de piété les mœurs de ces peuples, encore à demi barbares, furent pour beaucoup dans la faveur qu'obtint ce genre de dévotion; car, ne s'occupant que de la chasse et de la guerre, ils étaient dans un continuel mouvement, et voyager pour eux était un besoin (1).

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§ III. Les pèlerinages approuvés par l'Église. L'Église a de tout temps approuvé les pèlerinages, comme elle approuve tout ce qui peut servir au salut de ses enfants. Pourquoi blâmerait-elle une dévotion que Dieu lui-même avait recommandée dans une révélation, comme on l'a vu de saint Alexandre, et que le ciel semble prendre plaisir à protéger, à autoriser parmi le peuple? En effet, ne voit-on pas souvent d'éclatants miracles récompenser la foi de ceux qui se rendent à ces lieux de piété pour implorer les saints qu'on y honore?

(1) Hist. Eccl. de Fleury.

Nous trouvons dans l'Ancien Testament comme le prototype de nos pèlerinages. Dieu avait ordonné aux Israélites d'aller à Jérusalem trois fois par an, aux grandes solennités de Pàque, de la Pentecôte et des Tabernacles. C'étaient leurs pèlerinages. De tous les points de la Judée les peuples s'acheminaient vers Sion. Il était permis aux femmes de faire partie du voyage. « L'assemblée était donc très-nombreuse: << chacun s'habillait et se parait de ce qu'il avait de << meilleur. On avait la joie de revoir ses parents et <«< ses amis; on assistait aux prières publiques et aux << sacrifices, toujours accompagnés de musique; à « cela, dans ce temple si magnifique, suivaient les << festins où l'on mangeait les victimes pacifiques. La « loi même commandait de se réjouir et de joindre « la joie sensible avec la spirituelle.

<« Il ne faut donc pas s'étonner si c'était une « agréable nouvelle d'apprendre que la fête appro« chait, et que l'on irait bientôt à la maison du Sei« gneur; si l'on estimait heureux ceux qui y pas<< saient leur vie; si pour y aller on marchait à « grandes troupes en chantant et jouant des instru<<ments; et si au contraire on se croyait malheureux « de n'avoir pas la liberté d'y aller, comme David << s'en plaint si souvent dans son exil (1). C'était pour chanter le bonheur des Israélites faisant le doux pèlerinage à la sainte montagne de Sion que ce saint roi a composé ce beau psaume : « Je me suis réjoui << quand on m'a dit : Nous irons dans la maison du << Seigneur. Nos pieds se sont fixés dans tes parvis, « ô Jérusalem!... Là montaient les tribus, les tribus « du Seigneur, témoignage d'Israel venant louer le (1) Mœurs des Israélites.

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<< nom du Seigneur... Demandez la paix pour Jérusa« lem. O cité sainte, que ceux qui te chérissent goù<< tent les douceurs de la paix..... Patrie de mes « frères et de mes amis, mes paroles sur toi sont « des paroles de paix. O maison du Seigneur! j'ap<<< pellerai tous les biens sur toi (1). »

Les paroles que l'on vient de lire ne retracent-elles pas le tableau fidèle de ce que nous voyons se passer sous nos yeux à de certains pèlerinages?

On dira sans doute que les pèlerinages.ont souvent dégénéré en abus. C'est de toute évidence, par la raison que la malice humaine abuse de ce qu'il y a de plus saint. « Dès le neuvième siècle on se plai<< gnait de plusieurs abus qui se glissaient dans cette << pratique de piété. Les pécheurs coupables des plus << grands crimes se croyaient purifiés et absous par << un pèlerinage. Les seigneurs en prenaient occasion «de faire des exactions sur leurs sujets pour fournir << aux frais du voyage, et c'était un prétexte aux << pauvres pour mendier et vivre en vagabonds (2). » On sait de reste qu'un pèlerinage, comme toute autre bonne action, peut servir de prétexte à de mauvais desseins; qu'un ignorant, qu'un paresseux peuvent sacrifier l'essentiel à l'accessoire.

Que fait la religion dans de pareilles occurrences? Elle conserve sagement une institution utile, mais elle réprime sévèrement les abus qu'on en fait, et entreprend d'y remédier par tous les moyens en son pouvoir. Or c'est la conduite qu'elle devait tenir et qu'elle a tenue à l'égard des pèlerinages.

Cette pratique pieuse offre des avantages de plus

(1) Psaume 121, le mardi à vêpres.

(2) Mœurs des Chrétiens.

d'un genre. Autrefois les pèlerinages furent utiles même au point de vue politique. « Pendant toute la << durée du gouvernement féodal les peuples de l'Eu<< rope ne pouvaient avoir entre eux presque aucune << communication que par le moyen de la religion; « les pèlerinages étaient la seule manière de voyager <«<en sûreté au milieu même des hostilités, les pè« lerins étaient regardés comme des personnes sa«< crées (1). »

Mais c'est surtout la piété qui en retirait souvent de grands biens spirituels. Il suffit de connaître un peu la nature de l'homme pour sentir que la piété a besoin d'être aidée par les sens. Or, quand un pèlerin se transportait sur les lieux mêmes où l'on honorait un saint, <«< la vue de ses reliques, de son sépulcre, « de sa prison, de ses chaînes, des instruments de « son martyre, faisait sur lui une tout autre impres «sion que d'en entendre parler de loin. Ajoutez les << miracles qui s'y faisaient fréquemment, et qui at«< tiraient même les infidèles, par l'intérêt pressant <<< de la vie et de la santé (2). »

Le voyage lui-même, quand il était entrepris et mené à fin dans les sentiments qui en avaient inspiré l'usage, était très-capable de disposer l'àme à recevoir la grâce de Dieu. « Un pèlerin marchant seul ou << avec un autre pouvait observer une certaine règle: jeûner ou du moins vivre sobrement, avoir des << heures de recueillement et de silence, chanter des « psaumes, s'occuper de bonnes pensées, avoir des <«< conversations édifiantes (3). » Il n'est pas étonnant

(1) Bergier.

(2) Mœurs des Chrétiens.

(3) Hist. Eccl.

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