que des voyages accomplis ainsi fussent regardés autrefois comme des œuvres satisfactoires et imposés pour pénitence. Des pèlerinages faits avec de tels sentiments étaient comme une espèce d'exil et de bannissement temporaire, qui fatiguait le corps, humiliait l'esprit, disposait l'âme au repentir et servait à expier le péché. Pour toutes ces raisons l'Église, dans sa sagesse, a trouvé les pèlerinages dignes de son approbation, et les souverains pontifes leur ont accordé grand nombre d'indulgences. Les puissances temporelles elles-mêmes voulurent honorer les lieux de dévotion les plus célèbres en leur accordant des priviléges. « Le respect des saints « qui y reposaient porta les princes à y accorder « des droits d'asile et des exemptions de tributs, << comme fit Constantin en faveur d'Hénélope en Bi<<thynie. On sait combien fut célèbre en France la « franchise de saint Martin de Tours, et le respect « que les Goths témoignèrent pour l'église de Saint<< Pierre, lorsqu'ils prirent Rome (1). » Lorsqu'un lieu saint est devenu célèbre par la dévotion des peuples, et que cette dévotion a paru à qui de droit suffisamment motivée et à l'abri de toute superstition, alors l'autorité compétente accorde des indulgences, qui prennent le nom d'indulgence locale (2). Lorsque le pèlerinage « est bien fréquenté, << on accorde l'indulgence pour plusieurs jours, quel<< quefois continus, quelquefois interrompus par « des intervalles de temps; par exemple, pour les (1) Mœurs des Chrétiens. (2) On a vu dans la première partie ce que l'on entend par indulgence locale. « sept fêtes de la sainte Vierge. Si le concours est <<< extraordinaire, on accorde l'indulgence pour toute « l'année; mais ni dans ce cas ni dans le précé« dent personne ne peut profiter deux fois de l'in<< dulgence dans la même année. « Pour gagner cette indulgence il n'y a ordinaire<<ment d'œuvres prescrites que la confession animée « d'une sincère douleur, la communion et de saintes prières pour les fins accoutumées (1). » SIV. Indulgence de la Portioncule. — Quoiqu'il n'entre pas dans notre dessein de parler des indulgences locales, nous devons dire quelque chose de l'indulgence accordée à l'église de la Portioncule, pèlerinage célèbre en Italie. Cette église, qui appartenait primitivement à une abbaye de bénédictins, était bâtie à un mille d'Assise. Elle était abandonnée et tombait en ruine, lorsque saint François d'Assise la répara, en 1207. Cette église, éloignée du tumulte, était le lieu où ce grand saint allait prier de préférence, et il y reçut plusieurs faveurs célestes. Un jour, entre autres, qu'il y priait avec une grande ferveur, il eut une vision dans laquelle Jésus-Christ lui dit de s'adresser au pape, qui accorderait une indulgence plénière à tous les vrais pénitents qui visiteraient cette église. Après cette vision, arrivée en 1221, il alla trouver le pape Honorius III, qui accorda verbalement l'indulgence. Mais en 1223, cédant aux instances réitérées du saint, il confirma cette indulgence, et nomma sept évêques pour aller la publier à la Portioncule. Saint François apprit par révélation que J.-C. avait ratifié lui-même la concession de l'indulgence. (1) Collet. Priviléges de l'indulgence de la Portioncule. Cette indulgence, fixée au 2 août, jour de la dédicace de la chapelle de la Portioncule, rebâtie par saint François d'Assise, jouit de plusieurs priviléges: 1° Cette indulgence est attachée à la seule visite de la chapelle de la Portioncule, accompagnée de la confession et sans autre condition. 2o On peut gagner cette indulgence autant de fois que l'on visite la chapelle depuis l'heure des premières vepres jusqu'au soir du 2 août. 3o Par un privilége spécial, l'indulgence attachée à la chapelle mème de la Portioncule n'est point suspendue pendant le jubilé. Observation. Il ne faut pas confondre l'indulgence de la Portioncule avec une indulgence quotidienne accordée par Innocent XII, en 1695, à l'église de NotreDame-des-Anges, bâtie au-dessus de la chapelle de la Portioncule, laquelle maintenant se trouve au milieu de cette basilique. Cette dernière indulgence n'est accordée qu'aux conditions ordinaires de la confession de la communion avec la visite de l'église, et non de la chapelle de la Portioncule. L'indulgence obtenue primitivement par saint François d'Assise pour la seule chapelle de la Portioneule a été étendue dès le quatorzième siècle à quelques basiliques en grande vénération; elle le fut ensuite à toutes les églises ou chapelles de l'ordre de Saint-François. Maintenant les églises de Notre-Dame-des-Victoires à Paris, de Notre-Dame à Laval, les chapelles des religieuses du Sacré-Cœur, et plusieurs autres, jouissent également de cette indulgence, toutefois avec ces différences assez notables : 1° Pour gagner l'indulgence, outre la confession et la visite de l'église, il faut encore la communion et les prières selon les intentions du souverain pontife. 2o Cette indulgence est suspendue pendant le jubilé pour toutes les églises autres que la chapelle de la Portioncule. Cependant dans ces églises, comme dans la chapelle même de la Portioncule, on peut gagner l'indulgence autant de fois que l'on visite ces églises, depuis les premières vėpres, la veille, jusqu'au soir du lendemain 2 août. L'indulgence de la Portioncule est applicable aux âmes du purgatoire FIN. TABLE DES MATIÈRES. AVERTISSEMENT. Pages. PREMIÈRE PARTIE. DOCTRINE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE TOUCHANT LES INDULGENCES. Chap. Ier. Décret du concile de Trente sur les indulgences. . . . Chap. II. Diverses significations du mot indulgence. Définition de ce mot dans le sens catholique.. SIV. Les modernes ennemis des indulgences. Chap. IV. L'Église a le pouvoir d'accorder des indulgences. Chap. V. A qui appartient, dans l'Église, le droit d'accorder des $ I. Nature du péché. Ses différentes espèces. SII. Effets des péchés actuels. § III. Moyens pour rentrer en grâce avec Dieu. |