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pas facilement. Aussi n'étaient pas admis indistinctement à la pénitence et de prime abord tous ceux qui le demandaient. On les éprouvait auparavant par quelque délai, afin de s'assurer si leur retour était solide et sincère. On faisait désirer comme une faveur signalée ces durs labeurs de la pénitence.

Tous ceux que l'évêque avait jugé devoir admettre <«< à faire la pénitence publique venaient le premier « jour du carême se présenter à la porte de l'église, « en habits pauvres, sales et déchirés: car tels étaient «< chez les anciens les habits de deuil, non-seule«<ment chez les Juifs, mais chez les Grecs et les « Romains, même à la fin du quatrième siècle de l'É« glise. Étant entrés dans l'église, ils recevaient de << la main du prélat des cendres sur la tête, et des « cilices pour s'en couvrir, puis demeuraient pros<< ternés, tandis que le prélat, le clergé et tout le << peuple faisaient pour eux des prières à genoux. Le << prélat leur faisait une exhortation pour les avertir << qu'il allait les chasser pour un temps de l'église, « comme Dieu chassa Adam du paradis pour son « péché, leur donnant courage, et les animant à << travailler, dans l'espérance de la miséricorde de « Dieu. Ensuite il les mettait, en effet, hors de l'é«glise, dont les portes étaient aussitôt fermées de« vant eux (1). »

Les pénitents devaient passer un certain temps dans chacun des quatre degrés de la pénitence. Ce temps était en proportion de la durée totale de la pénitence imposée. Ainsi, par exemple, l'homicide volontaire était quatre ans parmi les pleurants; premier degré. -Les cinq années suivantes, il était au rang des audi

(1) Mœurs des Chrétiens.

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teurs; deuxième degré. Ensuite il demeurait sept ans avec les prosternés; troisième degré. - Enfin, il passait parmi les consistants, où devaient s'écouler les quatre dernières années de sa pénitence; quatrième degré. Les vingt ans de sa carrière laborieuse étant terminés, il était reçu à la participation aux choses saintes. « Les quinze ans de l'adultère se passaient de « même à proportion : — 1° Il était quatre ans pleu«< rant; 2o cinq ans auditeur; 3° quatre ans « prosterné ; — 4° deux ans consistant. On peut juger « par là des autres sortes de pécheurs. »

-

« Les pénitents demeuraient d'ordinaire enfermés a et occupés à divers exercices laborieux. On les fai«< sait jeûner tous les jours ou très-souvent au pain « et à l'eau, ou avec quelque autre sorte d'abstinence, << selon leur péché, selon leurs forces et leur ferveur. « On les faisait prier longtemps à genoux ou pros« ternés, veiller, coucher sur la terre, distribuer des << aumônes selon leur pouvoir. Pendant la pénitence « ils s'abstenaient non-seulement des divertisse<< ments, mais encore des conversations, des affaires <«<et de tout commerce, même avec les fidèles, sans « grande nécessité. Ils ne sortaient que les jours de << fête ou de station pour aller à l'église (1). »

CHAPITRE IX.

Changement dans la discipline. Adoucissement des pénitences canoniques.

Les pénitences canoniques étaient encore en vigueur à la fin du onzième siècle. Fleury en cite plusieurs exemples. «< Loin de se plaindre qu'elles fussent trop (1) Mœurs des Chrétiens.

«< rigoureuses, on se plaignait alors de certains nou«< veaux canons sans autorité qui les avaient notable«<ment diminuées (1). »

Mais les chrétiens de nos jours pensent bien autrement! Quelle sévérité excessive! s'écrient-ils avec frayeur. Quoi! pour un seul péché condamner à des pénitences de quinze et de vingt ans, quelquefois de toute la vie! Forcer de malheureux pécheurs à se revêtir de cilices, à porter des cendres sur la tête, à jeûner au pain et à l'eau, à demeurer renfermés, à renoncer au commerce de la vie! Mais n'était-ce pas les désespérer et leur rendre la vie odieuse?

Les fidèles des premiers siècles ne raisonnaient pas de la sorte, comme vous l'avez vu. A cette époque la foi était vive, la crainte de perdre son âme sérieuse. Si ces pénitences les effrayaient par leur rigueur, ils pensaient qu'il serait bien plus horrible d'être privé à jamais de la vue de Dieu. Ils étaient frappés bien plus vivement de l'énormité du péché, quand ils prévoyaient qu'un misérable plaisir d'un moment aurait dès cette vie de si terribles suites que celles de les exposer pendant de longues années à une rude pénitence. La longueur seule de la pénitence était un frein puissant pour les retenir : «< car un an de souffrances «< présentes frappe plus l'imagination qu'une éternité « après la mort. » On n'était pas tenté de commettre facilement des péchés dont il était si difficile de se relever. « On ne recouvre que peu à peu, dit saint Au« gustin, ce que l'on a perdu tout d'un coup. Car si << l'homme revenait trop promptement au bonheur de << son premier état, il regarderait comme un jeu la «< chute mortelle du péché (2). »

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Mais enfin, dira-t-on, l'Église a bien reconnu qu'il y avait quelque chose d'outré dans ces anciennes rigueurs, puisqu'elle a cessé d'appliquer ces lois pénales aux ames égarées qui reviennent à résipiscence.

Oui, chrétiens, il y a eu un changement notable dans la discipline de l'Église relativement à l'imposition des pénitences. Elle a considérablement adouci son ancienne rigueur; mais ce n'est point parce qu'elle s'est repenti de ce qu'elle faisait autrefois. Si elle se montre aujourd'hui moins sévère, c'est la dureté de votre cœur qui l'oblige d'en agir ainsi. Lorsque la ferveur des premiers siècles eut disparu, lorsque l'Église, plongée dans la douleur, vit la charité refroidie, la foi languissante, force lui fut bien de se relâcher de sa sévérité primitive, pour ne pas rebuter entièrement les pécheurs. Elle préféra adoucir l'amertume du remède, au risque de lui ôter de sa vertu thérapeutique, plutôt que de le voir tout à fait abandonné par tous ces malades spirituels, au grand détriment de leur âme. Les chrétiens en étaient à ce point qu'ils se montraient disposés à préférer la mort au remède, la perte éternelle à des humiliations d'un moment! Qu'a fait l'Église dans une telle extrémité? Elle a mieux aimé vous exposer à une plus duré expiation dans l'autre vie que de vous laisser choisir une damnation sans remèdes. Sa manière d'agir aujourd'hui n'a pas d'autre signification. Jamais elle n'a voulu donner à entendre que sa conduite avait été autrefois trop sévère et que les satisfactions qu'elle imposait alors dépassassent la mesure des réparations que Dieu avait droit d'exiger. Sa mansuétude présente accuse votre relâchement, riende plus!

N'oubliez pas, au reste, que la discipline extérieure

a seule changé : l'esprit est toujours resté le même. Et pourquoi l'esprit de pénitence aurait-il changé? La justice de Dieu n'est-elle plus ce qu'elle était? Le péché serait-il maintenant moins criminel ou les satisfactions moins nécessaires? Non, rien de tout cela n'est supposable. La justice de Dieu est immuable dans ses exigences et la malice du péché est toujours la même. Donc, si l'Église permet qu'on traite aujourd'hui les pécheurs avec plus de ménagement, ce n'est pas qu'ils soient à ses yeux moins coupables ou que le pardon soit plus facile : ce qu'elle prétend, c'est de ne pas les jeter dans un découragement qui pourrait à jamais leur fermer le retour. Voilà pourquoi elle n'a modifié que la manière d'imposer les expiations, sans toucher au fond, qui est l'esprit de pénitence. Aussi enjoint-elle toujours à ses ministres de suivre, autant que possible, dans l'imposition des pénitences l'esprit des anciens canons, en proportionnant les pénitences à la grandeur des péchés.

Écoutez en quels termes pressants l'Église conjure ses ministres de remplir exactement ce devoir: «Les << prêtres du Seigneur, autant que le Saint-Esprit et <«< la prudence le suggéreront, doivent imposer des << pénitences salutaires et convenables selon la qualité « des crimes et le pouvoir des pénitents: de peur que « s'ils connivent aux péchés et traitent leurs pénitents << avec trop d'indulgence, en leur imposant des œu

vres très-légères pour de très-griefs délits, ils ne de« viennent complices des péchés d'autrui. Qu'ils ne per<< dent donc jamais de vue que la satisfaction qu'ils im«posent ne doit pas être seulement un moyen de per« sévérer dans la nouvelle vie et un préservatif contre « les rechutes, mais le châtiment et la vindicte des pé

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