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jours été gouvernés par des étrangers: car, après l'extinction du royaume des Perses, ils ont été successivement assujettis aux Macédoniens, aux Romains, aux Sarrasins, aux Mamelucs, et enfin aux Turcs, qui en sont aujourd'hui les maîtres.

Dieu ne fut pas moins fidèle à accomplir ses prédictions à l'égard de ceux de son peuple qui, après la prise de Jérusalem 1, s'étaient retirés en Égypte contre sa défense, et qui y avaient entraîné Jérémie malgré lui. Dès qu'ils y furent entrés, et qu'ils furent arrivés à Taphnis (c'est la même que Tanis ), le prophète, après avoir caché en leur présence, par l'ordre de Dieu, des pierres dans une grotte qui était près du palais du roi, leur déclara que Nabuchodonosor entrerait bientôt en Égypte, et que Dieu établirait son trône dans cet endroit-là même ; que ce prince ravagerait tout le pays, et porterait partout le fer et le feu; qu'eux-mêmes tomberaient entre les mains de ces cruels ennemis, qui en massacreraient une partie et traîneraient le reste captif à Babylone; qu'un très-petit nombre seulement échapperait à la désolation commune, et serait enfin rétabli dans sa patrie. Toutes ces prédictions eurent leur accomplissement dans les temps marqués.

AMASIS. Après la mort d'Apriès, Amasis 2 devint possesseur paisible de toute l'Égypte, dont il occupa le trône pendant quarante ans. Il était, selon Platon 3, de la ville de Saïs 4.

Comme il était de basse naissance 5, les peuples, dans le commencement de son règne, en faisaient peu de cas, et n'avaient que du mépris pour lui. Il n'y fut pas insensible; mais il crut devoir ménager les esprits avec adresse, et les rappeler à leur devoir par la douceur et par la raison. Il avait une cu vette d'or, où lui et tous ceux qui mangeaient à sa table se lavaient les pieds. Il la fit fondre, et en fit faire une statue, qu'il exposa à la vénération publique. Les peuples accoururent en foule, et rendirent à la nouvelle statue toutes sortes d'hommages. Le roi, les ayant assemblés, leur exposa à quel vil usage cette statue avait d'abord servi; ce qui ne les empêchait pas de qui était probablement voisine de Saïs. -L.

Jerem. c. 43 et 44.

Ar. M. 3435. Av. J. C. 569.

In Timæo. [P. 21, E.]

* Selon Hérodote, de la ville de Siouph,

5 Hérod. 1. 2, cap. 172.

se prosterner devant elle par un culte religieux. L'application de cette parabole était aisée à faire : elle eut tout le succès qu'il en pouvait attendre; et les peuples, depuis ce jour, eurent pour lui tout le respect qui est dû à la majesté royale.

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Il donnait régulièrement tout le matin aux affaires, pour recevoir les placets, donner ses audiences, prononcer des jugements, et tenir ses conseils : le reste du temps était accordé au plaisir; et comme dans les repas et dans les conversations il était d'une humeur extrêmement enjouée, et qu'il poussait, ce semble, la gaieté au delà des justes bornes, les courtisans ayant pris la liberté de le lui représenter, il leur répondit que l'esprit ne pouvait pas être toujours sérieux et appliqué aux affaires, non plus qu'un arc demeurer toujours tendu.

Ce fut lui qui obligea les particuliers, dans chaque ville, d'inscrire leur nom chez le magistrat, et de marquer de quelle profession ou de quel métier ils vivaient. Solon inséra cette loi dans les siennes.

Il bâtit plusieurs temples magnifiques, principalement à Saïs, qui était le lieu de sa naissance. Hérodote y admirait surtout une chapelle faite d'une seule pierre, qui avait au dehors vingt et une coudées de longueur sur quatorze de largeur et huit de hauteur, et un peu moins en dedans. On l'avait apportée d'Éléphantine; et deux mille hommes avaient été occupés pendant trois ans à la voiturer sur le Nil 2.

Amasis considérait fort les Grecs. Il leur accorda de grands priviléges, et permit à ceux qui voudraient s'établir en Égypte d'habiter dans la ville de Naucratis, très-renommée pour son port 3. Lorsqu'il s'agit de rebâtir le fameux temple de Delphes,

1 Hérod. c. 173.

2 Ce temple monolithe (HEROD. II. c. 175) avait en dehors 21 coudées de long (I mèt. 87 mill.), 14 de large (7 mèt. 378 mill.) et 8 de haut ( 4 mèt. 216 mill.) ainsi sa solidité était de 344 mètres cubes (9990 pieds cubes) environ, dont le poids en supposant à la matière la pesanteur spécifique du marbre) était de 965,720 kilogrammes (1,972,000 livres ): Hérodote en ayant donné les dimensions intérieures, savoir 18 coudées 20 doigts de long, 12

de large, et 5 de haut, on voit par le calcul que la partie évidée était égale à 165 mètres cubes, pesant 463,092 kilogrammes; ainsi le poids du temple monolithe, probablement travaillé dans la carrière même, était égal à 502,600 kilogrammes, ou plus d'un million de livres. Voyez ce que j'ai dit plus haut, p. 76, n. 2, des moyens de transport.-L.

3 Ville sur la branche Canopique, à environ 16 lieues dans les terres, un peu au sud de Damanhour, L.

qui avait été brûlé, réparation qui devait monter à trois cents talents, c'est-à-dire à trois cent mille écus, il fournit à ceux de Delphes une somme fort considérable pour les aider à payer leur quote-part, qui était le quart de toute la dépense.

Il fit alliance avec les Cyrénéens, et prit chez eux une femme.

Il est le seul des rois égyptiens qui ait conquis l'île de Cypre, et qui l'ait rendue tributaire.

Ce fut sous son règne que Pythagore vint en Égypte : il lui était recommandé par le célèbre Polycrate, tyran de Samos, dont il sera parlé ailleurs, et qui était lié d'amitié avec Amasis. Dans le séjour que ce philosophe fit en Égypte, il fut initié dans tous les mystères du pays, et apprit des prêtres tout ce qu'il y avait de plus secret et de plus important dans leur religion. C'est là qu'il puisa sa doctrine de la métempsycose.

Dans l'expédition où Cyrus s'était rendu maître d'une grande partie de la terre, l'Égypte sans doute avait subi le joug comme toutes les autres provinces, et Xénophon le dit formellement au commencement de la Cyropédie. Apparemment qu'après que les quarante années de désolation prédites par le prophète furent expirées, l'Égypte commençant un peu à se rétablir, Amasis secoua le joug, et se remit en liberté,

Aussi voyons-nous qu'un des premiers soins de Cambyse, fils de Cyrus, dès qu'il fut monté sur le trône, fut de porter la guerre contre l'Égypte. Quand il y arriva, Amasis, venait de mourir, et avait eu pour successeur son fils Psamménit 2.

PSAMMÉNIT. Cambyse, après le gain d'une bataille, poursuivit les vaincus jusque dans Memphis, assiégea la place, et la prit en fort peu de temps. Il traita le roi avec douceur, lui laissa la vie, et lui assigna un entretien honorable; mais ayant appris qu'il prenait des mesures secrètes pour remonter sur le trône, il le fit mourir. Le règne de Psamménit ne fut que de six mois. Alors toute l'Égypte se soumit au vainqueur. Je rapporterai plus en détail cette histoire lorsque j'exposerai celle de Cambyse.

1,650,000 fr. — L.

2 AN. M. 3479. Av. J. C. 525.

Ici finit la suite des rois d'Égypte. L'histoire de ce pays, comme je l'ai déjà remarqué, sera confondue avec celle des Perses et des Grecs jusqu'à la mort d'Alexandre. Alors s'élèvera une nouvelle monarchie d'Égypte, fondée par Ptolémée, fils de Lagus, qui sera continuée jusqu'à Cléopatre; et ce dernier espace sera environ de 300 ans. Je traiterai chacune de ces matières dans son temps.

LIVRE SECOND.

HISTOIRE ANCIENNE DES CARTHAGINOIS.

Je diviserai en deux parties ce que j'ai à dire sur les Carthaginois. Dans la première, je donnerai une idée générale des mœurs de ce peuple, de son caractère, de son gouvernement, de sa religion, de sa puissance et de ses richesses. Dans la seconde, après avoir indiqué en peu de mots la manière dont Carthage s'établit et s'accrut, je rapporterai les guerres qui l'ont rendue si célèbre.

PREMIÈRE PARTIE.

CARACTÈRE, MŒURS, RELIGION ET GOUVERNEMENT
DES CARTHAGINOIS.

§ 1o. Carthage formée sur le modèle de Tyr, dont elle était une colonie.

Les Carthaginois ont reçu des Tyriens, non-seulement leur origine, mais leurs mœurs, leur langage, leurs usages, leurs lois, leur religion, leur goût et leur industrie pour le commerce, comme toute la suite le fera connaître. Ils parlaient le même langage que les Tyriens, et ceux-ci le même que les Cananéens et les Israélites, c'est-à-dire la langue hébraïque, ou du moins une langue qui en était entièrement dérivée1. Leurs noms avaient pour l'ordinaire une signification particulière. Hannon

Bochard, part. 2, 1. 2, cap. 16.

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