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aux sciences pour être entièrement omis dans l'histoire de la famille de Masinissa, dont son père, nommé aussi Juba, était arrière-petit-fils, et petit-fils de Gulussa. Juba le père se signala dans la guerre entre César et Pompée par son attachement inviolable au parti du dernier. Il se donna la mort après la bataille de Thapse, où ses troupes et celles de Scipion furent entièrement défaites. Juba son fils, encore enfant, fut livré au vainqueur, qui en fit un des principaux ornements de son triomphe. Il paraît qu'on prit grand soin de son éducation à Rome, où il acquit des lumières qui dans la suite l'égalèrent aux plus savants hommes qu'ait jamais eus la Grèce. Il ne quitta le séjour de cette ville que pour aller prendre possession des États de son père. Auguste les lui rendit lorsque, par la mort d'Antoine, il se vit le maître absolu de disposer des provinces de l'empire. Juba, par la douceur de son règne, gagna le cœur de tous ses sujets. Sensibles à ses bienfaits, ils le mirent au nombre de leurs dieux. Pausanias parle 3 d'une statue que les Athéniens lui avaient érigée. Il était bien juste qu'une ville de tout temps consacrée aux Muses donnât des marques publiques de son estime à un roi qui tenait un rang illustre parmi les savants. Suidas 4 attribue à ce prince plusieurs ouvrages, dont aujour d'hui il ne nous reste que des fragments. Il avait écrit 5 de l'histoire d'Arabie, des antiquités d'Assyrie, des antiquités romaines, de l'histoire des théâtres, de celle de la peinture et des peintres, de la nature et des propriétés de différents animaux, de la grammaire, et d'autres matières semblables 6, dont on peut voir le dénombrement dans la petite dissertation de M. l'abbé Sevin sur la vie et sur les ouvrages de Juba le jeune, d'où j'ai tiré le peu que j'en ai dit ici.

1 AN. M. 3959. Rom. 703.

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des livres carthaginois. (AMM. MARCELL,

2 AN. M. 3974. Rom. 719. Av. J. C. 30. XII, c. 15. ) Pausan. Attic. c. 17.]

4 In voce Ἰόβας.

Tom. IV des Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres, p. 457.

6 Il ne faut pas oublier ses Commentaires sur l'Afrique, tirés principalement

Ajoutons, comme un fait important, que ce prince, s'occupant avec ardeur des progrès de la géographie, avait fait reconnaître par ses vaisseaux les iles Fortunées, actuellement les îles Canaries. — L.

LIVRE TROISIÈME.

HISTOIRE ANCIENNE DES ASSYRIENS.

AVANT-PROPOS.

§ I. Réflexion sur la variété des gouvernements.

La multiplicité de gouvernements parmi les peuples dont j'ai à parler offre d'abord aux yeux et à l'esprit un spectacle bien digne d'attention, et montre l'étonnante variété que le souverain maître du monde a mise dans les empires qui le partagent, par la différence d'inclinations et de mœurs qui se rencontre dans chacune des nations. On reconnaît en cela le caractère de la Divinité, qui, toujours semblable à elle-même dans tous ses ouvrages, se plaît à y peindre sous mille différentes formes et à y faire éclater sa sagesse infinie, et par une fécondité merveilleuse, et par une admirable simplicité : sagesse qui, de toutes les parties de l'univers, aussi bien que de toutes les productions de la nature, quoique multipliées et diversifiées en une infinité de manières, sait former un ouvrage unique, et composer un tout parfaitement régulier.

Dans l'Orient, c'est le gouvernement monarchique qui domine, lequel, entraînant avec soi une pompe majestueuse et une hauteur presque inséparable de l'autorité souveraine, conduit naturellement à exiger des sujets un respect plus marqué et une soumission plus entière. A l'égard de la Grèce, il semble qu'un souffle de liberté et un esprit républicain s'étaient répandus dans tout le pays, et avaient inspiré presqu'à tous les peuples qui l'habitaient un violent désir de l'indépendance, diversifiée néanmoins sous différentes sortes de gouvernements, mais tous également ennemis de l'assujettissement et de la

HIST. ANC.-T. I.

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servitude. Ici, c'est le peuple qui commande, et c'est ce qu'on appelle démocratie; là, c'est l'assemblée des sages et des anciens, connue sous le nom d'aristocratie; dans une autre république, c'est un petit nombre d'hommes choisis et puissants, et qui se nomme oligarchie; dans quelques-unes, c'est un mélange de toutes ces parties, ou de plusieurs d'entre elles, et quelquefois même de la royauté.

On sent bien que cette variété de gouvernements, qui tendent tous à une même fin, quoique par des voies différentes, contribue beaucoup à la beauté de l'univers, et qu'elle n'a pu venir que de celui qui le gouverne avec une sagesse infinie, et qui met partout un ordre et une symétrie dont l'effet est de lier toutes les parties entre elles, et par là de les rappeler toutes à l'unité; car, bien que parmi ces différentes sortes de gouvernements les uns soient préférables aux autres ', il est vrai néanmoins de dire qu'il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu, et que c'est lui qui a établi toutes celles qui sont sur la terre. Tout usage de cette puissance ni toute voie pour y entrer ne sont pas de Dieu, quoique toute puissance soit de lui; et si l'on voit ces gouvernements dégénérer quelquefois en violence, en factions, en despotisme, en tyrannie, ce n'est qu'aux passions des hommes qu'il faut attribuer ces désordres, qui sont directement contraires à l'institution primitive des États, et qu'une sagesse supérieure sait faire rentrer dans l'ordre en les faisant servir à l'exécution de ses desseins, toujours pleins d'équité et de justice.

Ce spectacle, comme je l'ai déjà dit, est bien digne de notre attention et de notre admiration; et il se développera peu à peu à mesure que j'avancerai dans l'exposition de l'histoire ancienne, dont il fait, ce me semble, une partie essentielle. C'est pour y rendre les esprits attentifs que je me crois obligé d'ajouter au récit des faits et des événements ce qui regarde les mœurs et les coutumes des peuples, parce que c'est ce qui en fait connaître le génie et le caractère, et ce qu'on peut appeler en quelque sorte l'âme de l'histoire; car n'y observer que les faits et les dates, sans porter plus loin sa curiosité ni ses vues, ce serait

Rom. 13. 1.

imiter l'imprudence d'un voyageur qui, en parcourant beaucoup de pays, se contenterait d'en connaître exactement la distance, de considérer la situation des lieux, les bâtiments des villes, les habillements des peuples, sans se mettre en peine de converser avec les hommes pour connaître leur génie, leurs mœurs, leur caractère d'esprit, leurs lois, leur gouvernement. Homère, qui a eu dessein de nous donner dans la personne d'Ulysse le modèle d'un voyageur sage et intelligent, avertit dès le commencement de l'Odyssée que son héros, en visitant les villes, eut grand soin de s'informer des mœurs et des coutumes des peuples. Il en doit être de même de quiconque s'applique à l'étude de l'histoire.

§ II. Description géographique de l'Asie 1.

Comme l'Asie sera désormais le principal théâtre de l'his toire où nous allons entrer, il ne sera pas hors de propos d'en donner d'abord une idée générale, qui en fasse connaître au moins les provinces et les villes les plus considérables.

Les parties septentrionales et orientales de l'Asie sont moins connues dans l'histoire ancienne.

Au nord ou septentrion, sont LA SARMATIE ASIATIQUE et LA SCYTHIE ASIATIQUE, qui répondent à la Tartarie. La Sarmatie est entre le fleuve Tanaïs, qui sépare l'Europe de l'Asie, et le fleuve Rha ou Volga. La Scythie se divise en deux parties, l'une en deçà, l'autre au delà du mont Imaüs. Les peuples de Scythie les plus connus sont les Saques et les Massagètes.

Les parties les plus orientales sont SERICA 2, le Catay; SINARUM REGIO, la Chine; INDIA, l'Inde. Cette dernière anciennement était plus connue que les autres : elle se divisait en deux parties; l'une en deçà du Gange, renfermée entre ce fleuve et

Cette description est fort incomplète. telles que le Cachemire, le Boutan et la Je me suis contenté de faire un petit partie méridionale du Thibet, la seule nombre d'observations sur des inexacti- contrée d'où l'on tire encore à présent tudes palpables, et de rectifier l'ortho- la serica materies, ou le poil de chèvre, graphe des noms. — L. avec lequel on fabrique les tissus de laine les plus fins et les plus précieux. La Sérique n'a rien de commun avec le Catay, nom dont Marc-Paul s'est servi, lui tout seul, pour désigner la Chine entière. - L.

2 La Serica de Ptolémée renfermait le pays des Issédons et des Asmiréens, et paraît avoir compris non-seulement la vallée de Sirinagar, mais encore toutes les vallées qui sont au nord de l'Inde,

l'Inde, ce qui forme aujourd'hui les États du Grand-Mogol; l'autre au delà du Gange.

Le reste de l'Asie, dont il est beaucoup plus parlé dans l'histoire, peut se diviser en cinq ou six parties, en allant d'orient en occident.

I. L'ASIE SUPÉRIEURE, qui commence au fleuve Indus. Les principales provinces sont : LA GÉDROSIE, LA CARMANIE, L'ARACHOSIE, LA DRANGIANE, LA BACTRIANE, dont la capitale était Bactre; LA SOGDIANE, LA MARGIANE, L'HYRCANIE, près de la mer Caspienne; LA PARTHIE, LA MÉDIE, vil. Echatane; LA PERSE, vil. Persépolis, Élymaïs; LA SUSIANE, vil. Suse; L'ASSYRIE, vil. Ninive, située sur le Tigre; LA MÉSOPOTAMIE, entre l'Euphrate et le Tigre; LA BABYLONIE, Babylone, sur l'Euphrate.

vil.

II. L'ASIE entre le Pont-Euxin et la mer Caspienne. On y peut distinguer quatre provinces: Ire LA COLCHIDE, le fleuve Phasis et le mont Caucase; 2o L'IBÉRIE; 3o L'ALBANIE: ces deux dernières font maintenant partie de la Géorgie; 4o LA GRANDE ARMÉNIE: elle est séparée de la petite par l'Euphrate, de la Mésopotamie par le mont Taurus, et de l'Assyrie par le mont Niphate; ses villes sont Artaxate et Tigranocerte : le fleuve Araxe la traverse.

III. L'ASIE MINEURE. Elle peut se diviser en quatre ou cinq parties, selon la différente situation de ces provinces.

1. Au septentrion, sur le bord du Pont-Euxin, LE PONT, sous différents noms ; les villes sont, Trapezus : assez près de là sont les peuples appelés Chalybes ou Chaldæi; Themiscyra, ville située sur le fleuve Thermodoon, et célèbre par la demeure des Amazones; LA PAPHLAGONIE; LA BITHYNIE, vil. Nicée, Pruse, Nicomédie, Chalcédoine, vis-à-vis de Constantinople, Héraclée ;

2o, A l'occident, en descendant le long de la mer Égée : LA MYSIE, qui est double; LA PETITE, où sont Cyzique, Lampsaque, Parium, Abydos, vis-à-vis de Sestos, dont elle n'est séparée que par le détroit des Dardanelles; Dardanum, Sigeum, Ilion ou Troie, et, presque vis-à-vis, la petite île de Ténédos; les rivières sont l'Esèpe, le Granique, le Simoïs; le mont

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