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extrémités de l'Asie, répandant partout la terreur et la consternation. Mais Sardanapale, comme s'il eût entièrement renoncé à son sexe, passait toute sa vie dans le fond de son palais, environné continuellement d'une troupe de femmes, dont il avait pris l'habit et encore plus les mœurs, maniant comme elles le fuseau et la quenouille, ne sachant et ne faisant autre chose que filer, manger, boire, et se livrer aux plaisirs les plus infåmes. Aussi, après sa mort, lui érigea-t-on une statue où il était représenté dans l'attitude d'un homme qui danse '; et on y mit une inscription dans laquelle il apostrophe ainsi le passant : Mange, bois, divertis-toi bien; tout le reste n'est rien2: inscription bien conforme à celle que nous avons vu qu'il avait ordonné lui-même que l'on mît sur son tombeau 3.

Plutarque juge ici de Sémiramis comme le font presque tous les historiens profanes, de la gloire des conquérants; mais, à juger sainement des choses, l'ambition effrénée de cette reine est-elle bien moins condamnable que la mollesse de Sardanapale? Lequel des deux défauts a fait le plus de mal au genre humain?

Il ne doit pas paraître étonnant de voir finir l'empire des Assyriens sous un tel prince: ce fut sans doute après avoir passé par beaucoup d'accroissements, d'affaiblissements et de révolutions, qui sont ordinaires aux États, et même aux plus grands, pendant la suite de plusieurs siècles. Celui-ci avait duré plus de 1450 ans.

Des débris de ce vaste empire se formèrent trois grands royaumes: celui des Mèdes, qu'Arbace, le principal chef de la conjuration, rétablit dans leur liberté ; celui des Assyriens de Babylone, qui fut donné à Bélésis, qui en était gouverneur; enfin, celui

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des Assyriens de Ninive, dont le premier roi se fit appeler Ninus le jeune.

Pour entendre l'histoire du second empire des Assyriens, qui est fort obscure, et dont les historiens n'ont pas beaucoup parlé, il est utile, et même absolument nécessaire, de comparer ce qu'en disent les auteurs profanes avec ce que l'Écriture sainte nous en apprend, afin que, réunissant cette double lumière, on puisse avoir une idée claire et précise des deux empires de Ninive et de Babylone, qui ont été pendant quelque temps séparés, puis réunis ensemble et confondus. Je commencerai par ce second empire des Assyriens, après quoi je reviendrai à celui des Mèdes.

CHAPITRE II.

SECOND EMPIRE DES ASSYRIENS, TANT DE NINIVE
QUE DE BABYLONE.

Ce second empire dura deux cent dix ans, en le conduisant jusqu'à l'année où Cyrus, devenu maître absolu de l'Orient par la mort de Cambyse, son père, et de Cyaxare, son beau-père, donna ce célèbre édit qui permettait aux Juifs de retourner dans leur patrie, après avoir été captifs à Babylone pendant soixante-dix ans.

SI. Rois de Babylone. Bélésis ou Nabonassar, MérodachBaladan.

BÉLÉSIS. 1 C'est le même que Nabonassar, du règne duquel commence à Babylone une fameuse époque astronomique, appelée de son nom, l'ère de Nabonassar. Il est nommé dans l'Écriture sainte Baladan. Il ne régna que douze ans. Il eut pour successeur son fils.

MÉRODACH-BALADAN. C'est celui qui envoya des ambassadeurs au roi Ézéchias 3 pour le féliciter sur sa convalescence,

IAN. M. 3257. Av. J. C. 717. 2 2 Reg. 20, 12-13.

3(Isai, xxx1X, I-2.) Can. Ptol.

comme nous le dirons bientôt. Depuis lui, il y eut encore à Babylone quelques rois, dont l'histoire est absolument inconnue c'est pourquoi je passerai aux rois de Ninive.

§ II. Rois de Ninive, qui le furent aussi ensuite de Babylone : Théglathphalasar, Salmanasar, Sennacherib, Asarhaddon, Saosduchin ou Nabuchodonosor I, Saracus, Nabopolassar, Nabuchodonosor II, Évilmérodac, Nériglissor, Laborosoarchod, Labynit ou Baltasar.

THÉGLATHPHALASAR 2. C'est le nom que l'Écriture sainte donne au roi que l'on croit avoir régné le premier à Ninive depuis la destruction de l'ancien empire des Assyriens. Il est appelé Thilgame 3 par Élien 4. On dit qu'il se fit appeler Ninus le jeune, pour honorer son règne par le nom d'un prince si ancien et si illustre.

Achaz, roi de Juda, dont l'impiété n'avait pu être vaincue ni par les bienfaits de Dieu ni par ses châtiments, se voyant attaqué en même temps par le roi de Syrie et par celui d'Israël, dépouilla le temple d'une partie de l'or et de l'argent qu'il y trouva, et l'envoya à Théglathphalasar, pour l'engager à venir à son secours, lui promettant outre cela de devenir son vassal et de lui payer tribut. Le roi d'Assyrie, trouvant une occasion si favorable d'ajouter la Syrie et la Palestine à son empire, accepta sans balancer cette proposition. Il s'avança de ce côté-là avec une grande armée, et, ayant battu Razin, il prit Damas, et mit fin au royaume que les Syriens y avaient établi, comme Dieu l'avait fait prédire par Isaïe et par Amos. De là il marcha contre Phacée, et se saisit de tout ce qui appartenait au royaume d'Israël au delà du Jourdain 5, comme aussi de toute la Galilée. Mais il fit acheter bien cher sa protection à Achaz, exigeant encore de lui des sommes d'argent si considérables, qu'il fut obligé,

C'est le Mardokempad du canon des rois (attribué à Ptolémée). J'observe qu'entre Nabonassar et Mardokempad, ce canon, ainsi que les auteurs cités par le Syncelle, placent les trois rois Nadius, Chinzerus, Zugæus.-L.

Ax. M. 3257. Av. J C. 747.

3 Tilgame ou Gilgame, dans les manuscrits. — L.

4 Lib. 12, Hist, anim, c. 21. Castor apud Euseb. Chron. p. 49. 4 Reg. 16, 7, etc.

5 Is. 8, 4. Amos. 15.

pour les fournir, de ramasser tout l'or et l'argent qui se put trouver dans la maison du Seigneur et dans ses propres trésors. Ainsi cette alliance ne servit qu'à épuiser le royaume, et à lui donner pour voisins les puissants rois de Ninive, dont Dieu se servit dans la suite comme d'autant d'instruments pour châtier son peuple.

SALMANASAR1. Sabacus l'Éthiopien, que l'Écriture appelle Sua, s'étant rendu maître de l'Égypte, Osée, roi de Samarie, fit alliance avec lui, espérant de s'affranchir par son secours du joug des Assyriens. Dans cette vue, il se tira de la dépendance de Salmanasar, et ne voulut plus lui payer le tribut, ni lui faire les présents accoutumés.

Pour l'en punir, Salmanasar marcha avec une puissante armée contre lui; et, ayant subjugué tout le plat pays, il l'enferma dans Samarie, où il le tint assiégé pendant trois ans, au bout desquels, s'étant rendu maître de la ville, il chargea de chaînes Osée, et le mit en prison pour le reste de ses jours, emmena le peuple en captivité, et l'établit dans Hala et dans Habor, villes des Mèdes; et il détruisit ainsi le royaume d'Israël ou des dix tribus, comme Dieu les en avait si souvent menacés par ses prophètes. Ce royaume, depuis sa séparation de celui de Juda, avait subsisté pendant 254 années.

Ce fut alors que Tobie, 2 avec Anne sa femme et Tobie son fils, fut emmené captif en Assyrie, où il devint l'un des principaux officiers du roi Salmanasar.

Salmanasar mourut après quatorze ans de règne, et eut pour

successeur son fils.

SENNACHÉRIB 3. Il est aussi appelé Sargon dans l'Écriture. Dès qu'il fut établi sur le trône, il renouvela la demande que son père avait faite à Ézéchias touchant le tribut. Sur son refus il lui déclara la guerre, et entra dans la Judée avec une puissante armée. Ézéchias, touché de voir son royaume au pillage, lui envoya des ambassadeurs pour demander la paix aux conditions qu'il voudrait lui prescrire. Sennachérib, paraissant se radoucir, traita avec lui, et exigea une très-grosse somme d'or et d'ar

AN. M. 3276. Av. J. C 728, 4 Reg. 17. 2 Tob, cap. I,

3 AN. M. 3287. Av. J. C. 717. Is. 20, 1, 4 Reg. c. 18, 19.

gent. Le saint roi, pour la lui payer, épuisa ses trésors et ceu du temple. J'Assyrien, ne comptant pour rien la sainteté des serments et des traités, continua la guerre, et poussa ses conquêtes plus vivement que jamais. Tout succomba sous ses efforts, et, de toutes les places de Juda, il ne restait plus que Jérusalem, qui se trouvait réduite à la dernière extrémité. Dans ce moment il apprit que Tharaca, roi d'Éthiopie, qui avait joint ses troupes à celles du roi d'Égypte, s'avançait au secours de la ville assiégée. C'était contre la défense formelle de Dieu, et malgré les remontrances d'Isaïe et d'Ézéchias, que les principaux de Jérusalem avaient mendié ce secours étranger. Il partit surle-champ pour aller à la rencontre des ennemis, après avoir écrit à Ézéchias une lettre pleine de blasphèmes contre le Dieu d'Israël, dont il se vantait avec insolence qu'il deviendrait bientôt le vainqueur comme il l'avait été de tous les dieux des autres nations. Il défit les Égyptiens, et les poursuivit jusque dans l'Égypte, qu'il ravagea, et où il fit un grand butin.

Il y a beaucoup d'apparence que ce fut pendant cet intervalle de l'absence de Sennachérib 4, qui fut assez longue, ou du moins peu de temps auparavant, qu'Ézéchias, étant tombé malade, fut guéri d'une manière miraculeuse, et que, pour marque de l'accomplissement de la promesse que Dieu lui avait faite de le guérir si parfaitement, qu'avant trois jours il serait en état d'aller au temple, l'ombre du soleil retourna en arrière de dix degrés sur un cadran qui était dans le palais. Le roi de Babylone, appelé Mérodach-Baladan, ayant appris la guérison miraculeuse d'Ézéchias, lui envoya des ambassadeurs avec des lettres et des présents pour l'en féciliter, et pour s'informer du prodige qui était arrivé sur la terre à cette occasion, lorsque le soleil avait rétrogradé de dix lignes. Ézéchias fut extrêmement sensible à l'honneur que lui faisait ce prince étranger, et il s'empressa de montrer à ses ambassadeurs tout ce qu'il avait de plus rare et de plus précieux dans ses trésors, et de leur faire remarquer la magnificence de son palais. A en juger humainement, cette démarche n'avait rien que de permis et de louable; mais les yeux du souverain juge, bien plus perçants et plus dé

4 Reg. c. 20. 2 Paral. c. 32, v. 24-31.

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