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>> Et toi, mortel trop cher, cause de tant de maux,

>> Ah! puissent nos trois cœurs !...» En prononçant ces mots,
L'œil tourné vers les cieux où son espoir aspire,
Sans douleurs, sans regrets, doucement elle expire,
Et les anges en choeur ont proclamé son nom.
Charme heureux, charme pur de la religion
Qui, des faibles mortels mère compatissante,
Et plus que l'homme même aux hommes indulgente,
Sur le crime qui pleure exerce un doux pouvoir,
Et lui rend les vertus en lui rendant l'espoir.

FIN DU HUITIÈME ET DERNIER CHANT.

NOTES

DU CHANT HUITIÈME.

1) PAGE 199%

NON content de célébrer l'empire de l'imagination sur les objets nombreux où elle règne en souveraine avec une autorité exclusive, ou presque sans partage, notre poète chante ses rapports les plus éloignés avec les objets sur lesquels elle n'a que l'influence la plus légère. Il est certain que tout se tient dans l'homme, et même dans la nature entière; tout se lie par des rapports plus ou moins délicats, plus ou moins visibles. Les esprits bornés n'aperçoivent point ces rapports; les esprits justes les apperçoivent, mais ils ne confondent point les objets, parce qu'ils voient aussi les limites qui les séparent. Les esprits brillants, les imaginations vives franchissent ces limites, et se plaisent à réunir dans le même ordre d'idées, sous le même point de vue, et dans le même tableau les objets les plus distincts et les plus réellement séparés. Telle est, en général, la manière de Delille. Elle l'a fait accuser de faire entrer dans chacune de ses compositions des objets qui y étaient assez étrangers,

et de multiplier ainsi ses tableaux à l'infini. Mais comment ne pas s'abandonner au penchant de tout peindre, lorsque, comme lui, on avait le talent de tout orner et de tout embellir?

Au reste, un pareil reproche ne pourrait s'appliquer à ce chant, par lequel il fait entrer dans le plan de son poëme la religion et les cultes. En effet, ces institutions sacrées sont de son domaine; elle y exerce un grand empire; c'est elle qui a créé les fausses religions; mais elle embellit aussi les rites et les cérémonies de la religion véritable et révélée; elle donne de la pompe et de la magnificence à leurs pratiques; de l'éclat et de la majesté à leurs fêtes, et n'a même pas toujours été sans une influence plus ou moins heureuse sur les sentiments qu'elles inspirent, sur les préceptes qu'elles donnent, sur les dogmes qu'elles enseignent. C'est l'imagination grossière des sauvages qui enfanta les dieux grossiers qu'ils adorent. La vive et féconde imagination des Grecs créa une mythologie riante, qui fut fixée et consa▾ crée par leurs poètes, et surtout par Homère, et adoptée ensuite par la sagesse et la gravité des Romains. Nourri à l'école de ces poètes, échauffé par leurs inspirations, le génie de Delille ne pouvait manquer de célébrer, dans des chants consacrés à la puissance de l'imagination, tant de merveilles créées par elle.

2) PAGE 199, vers 6.

Les animaux viyaient sans révolte et sans guerre ;
Mais tous, d'un front servile, ils regardaient la terre ;
Leur souverain lui seul, marchant au milieu d'eux,
Levait un front sublime, et regardait les cieux,

Ces vers sont une heureuse imitation, et même une assez fidelle traduction de ces trois vers célèbres d'Ovide:

Pronaque dum spectent animalia cœtera terram,

Os homini sublime dedit, cœlumque tueri
Jussit, et erectos ad sidera tollere vultus."

3) PAGE 200, VERS 7.

D'un dogme consolant destructeur odieux,
Éteins donc le soleil, éclipse donc les cieux,

Au cri du monde entier impose donc silence.

Les preuves de l'existence de Dieu, tirées des merveilles de la nature, ont été, pour les poètes de tous les âges et de toutes les nations, une source inépuisable de richesses. Les cantiques, les psaumes, les prophéties des chantres inspirés par Dieu même, sont pleins de peintures admirables de la puissance souveraine et de l'ordre de la nature. Rien n'est plus digne, en effet, d'élever la pensée et d'enflammer l'imagination. Il est bon de faire observer qu'ici la philosophie et la poésie marchent d'un commun accord. Pendant long-temps, les preuves de l'existence de Dieu furent principalement tirées de la métaphysique, ét plusieurs philosophes négligeaient même les preuves soi-disant populaires, telles que celle tirée de l'ordre de l'univers. Il s'est opéré, sous ce rapport, une heureuse révolution, et quelques-uns de nos esprits les plus distingués pensent que l'existence de Dieu peut être aussi rigoureusement démontrée par les preuves populaires, que par les preuves métaphysiques. Ils pensent, avec raison, que cette manière de traiter la question religieuse et morale la plus importante, étant la plus propre à agir sur la classe la plus nombreuse, mérite une

attention particulière. En effet, ce n'est que lorsque la philosophie aura pu rendre la doctrine religieuse accessible à l'intelligence vulgaire, du moins sur les questions étroitement liées à la morale, qu'elle exercera une influence vraiment bienfaisante. C'est alors qu'elle sera complètement vengée des calomnies, dont l'ignorance et les préjugés la poursuivent encore. C'est alors également que le nom de philosophe ne sera plus usurpé par les destructeurs de la morale et de la religion, et qu'il sera réservé à celui dont les discours et les écrits ont pour principal but le bien de ses semblables.

4) PAGE 203, VERS 16.

L'aigle servile emporte au séjour du tonnerre
Cette ame, ainsi qu'au ciel exécrable à la terre.

Dans l'apothéose des empereurs romains on plaçait un aigle sur le bûcher, et cet oiseau, s'élevant dans les airs au moment où on mettait le feu, était censé emporter dans l'Olympe l'ame du nouveau dieu. C'est ce qui fit dire à l'empereur Claude, au moment où il sentait la mort s'approcher: « Je sens que je deviens dieu. »

5) PAGE 204, VERS 16.

En vain dans ses foyers, sur ses tapis de neige,
De son tambour magique il redouble le bruit,

La secrète terreur qui toujours le poursuit,

Trouble cette ame simple, et sous sa hutte obscure
Vient ajouter aux maux que lui fit la nature.

On trouve, dans le Voyage de Regnard en Laponie, des détails curieux sur les pratiques superstitieuses des Lapons. Le principal instrument dont ils se servent dans leurs

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