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Qu'on veut bien quelquefois faire grace au génie
Mais, s'il fe rend lui-même un hommage éclatant,
On refufe à l'orgueil ce qu'on doit au talent.

(Mercure de France.)

Le Banquet des fept Sages, par Plutarque; traduit par M. du Theil. A Paris, de Imprimerie Royale, 1772.

L'AUTEUR de ce Dialogue fuppofe que Pe

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riandre, Roi de Corinthe, avoit invité à ce banquet, dans un fallon proche du Temple de Vénus, fur le port de Léchée, les fept Sages, & d'autres perfonnes encore qui font nommées. Un Egyptien, qui avoir connu Thalès & Solon durant leur féjour en Egypte, & nommé Niloxene, étoit du nombre des conviés. On avoit fait pafler, auprès d'Amafis, Roi d'Egypte, Thalès pour l'ennemi des Rois, & d'avoir dit que ce qu'il trouvoit de plus étonnant dans la vie, étoit de voir vieillir un Tyran. Thales replique qu'il avoit parié d'un Pilote, non d'un Tyran. Cependant, ajoute-il, puisqu'on a changé ma réponse, je dirai comme ce jeune homme, qui n'en vou. lant qu'à fon chien, avoit par hafard frappé fa belle mere, le coup n'eft pas perdu. « En même temps il loue Periandre, héritier de la tyrannie comme d'un mal de famille, d'y avoir affez bien remédié, en recherchant les avis des

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gens fages, & fur-tout en rejettant le confeil que lui avoit donné Tranfibule de faire mourir les Grands de fon Etat.. » Car, ajoute-t-il, les Tyrans qui voudroient régner fur des efclaves plutôt que fur des hommes, reflembleroient à des cultivateurs qui désireroient voir leurs champs couverts de fauterelles & de pafferaux, plutôt que de fruits, & de moiffons, puifqu'enfin le feul bien qui rachette les maux fans nombres attachés à leur état, c'eft l'hommage & l'honneur de paroître ne devoir qu'à leur fupériorité en tous genres, l'obéiffance de ce qu'il y a de grand & de vertueux parmi leurs fujets. Qui recherche la fûreté, préférablement à la gloire, doit conduire des trou peaux, & non gouverner des hommes. à

Nous n'effayerons pas de rapporter les princi paux traits intéreffans que contient ce Dialogue ; nous nous bornerons à quelques-uns qui fuffiront pour donner au moins une légere idée de la nouvelle traduction. Alexideme, fils naturel de Trafibule, Tyran de Milet, qui étoit prié du feftin, fe retire irrité de ce que Periandre lui avoit affigné la derniere place, comme par mépris pour Trafibule. » Craignez-vous donc; lui dit Thalès, qu'une place à table puiffe vous humilier ou vous abaiffer, comme les aftres, qui felon les Egyptiens, ont plus ou moins d'éclat, fuivant qu'ils font plus ou moins élevés dans les cercles qu'ils parcourent; & vous eftime. rez vous moins que le Lacédémonien qui, dans une fête publique, fe voyant placé par le Magif,

trat à la derniere place, lui dit : Vous avez fu trouver le moyen de la rendre honorable. « Cette place dédaignée par Alexideme, fut précisément celle que choifit Thalès en difant: » Certes j'aurois payé pour être auffi près d'Ardalus. « Ce dernier étoit un Træzénien, Prêtre & joueur de flûte attaché au Temple des Mufes Ardalides.

Mais, quant à la comparaifon tirée des idées Egyptiennes, nous ne penfons pas qu'il s'agiffe du plus ou du moins d'éclat que peuveut avoir les aftres, felon leur élévation ou leur abaiffement dans leurs orbites; mais de l'influence des conftellations plus ou moins grande, bénigne ou maligne, felon leur hautteur, leur pofition, leur rapport ou leur afpe&t avec les autres, dans les différens lieux du Ciel, d'après les regles frivoles de l'Aftrologie judiciaire.

A la priere de Periandre, les Sages propofent des maximes qui puiffent être utiles aux Monarques. Solon dit » que la plus grande gloire d'un Tyran ou d'un Roi, feroit de changer fa Mo'narchie en Démocratie. Et moi, dit Bias, d'obéir le premier aux Loix de fa Patrie. Après lui, Thalès dit que le comble du bonheur pour un Prince feroit de mourir naturellement de vieilleffe. Anacharfis, d'être plus fage que les autres. Créobule, de favoir fe défier de tous ceux qui l'approchent. Pittacus, de mériter que fes fujets ne craignant rien de lui, craignent tout pour lui. Enfin Chilon dir que celui qui gouverne, doit fonger, non au moment préfent, mais

au fiecle à venir. « Periandre trouva que ces maximes n'étoient bonnes qu'à dégoûter un homme fenfé du Gouvernement. C'étoit aufli la penfée & le but de Solon, & comme Esope lui oppofoit l'autorité de l'Oracle,

Heureufe la Cité qui n'entend qu'une voix.

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Eh bien, repliqua Solon, les Athéniens, dans leur Démocratie n'entendent aujourd'hui qu'une voix, celle de la Loi qui les gouverne. a

Dans la fuite les Sages propofent auffi des maximes pour le Gouvernement populaire, & pour le Gouvernement domeftique. Nous ren. voyons pour ces objets, & pour beaucoup d'autres, à l'Ouvrage même, où l'on aura le plaifir de voir avec quelle adreffe l'habile Académicien s'eft tiré de plufieurs embarras qui fe préfentoient dans fa marche.

(Journal des Savans.)

Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences, année 1769, avec les Mémoires de Ma thématique & de Phyfique pour la même année, tirès des Regiftres de cette Académie. A Paris, de l'Imprimerie Royale, 1772, in-4to. avec figures. L'Hiftoire 188 pages. Les Mémoires 606. LEs Memoires de Phyfique que renferme ce

volume font fi intéreffans que chacun mériteroit

un extrait en particulier, s'il falloit en donner une idée juste.

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La partie hiftorique outre les éloges de MM. Trudaine, Ferrein, l'Abbé Chappe, Jars & le Duc de Chaulnes, renferme un grand nombre d'obfervations de Phyfique très-intéreffantes; nous n'en choifirons qu'une que nous transcrirons même ici en entier, parce que c'est un de ces faits qu'on ne fauroit trop faire con noître, puifqu'ils intéreffént la confervation des hommes dans plufieurs cas, qui malheureusement ne font pas affez rares. L'Académie doit cette obfervation finguliere à M. Bertin, Mi niftre & Secrétaire d'Etat, l'un de fes ho noraires. Voici ce fait tel qu'il eft rapporté par l'Hiftorien de l'Académie.

» Le 17 Novembre 1768, le nommé Vital, Charbonnier, du Bourg de Sainte-Florine ea Auvergne, travaillant avec un de les camarades dans une mine de charbon, à la profondeur de deux cens foixante-quinze pieds, ils furent toutà coup engloutis avec les étais & plus de 20 tois fes de charbon fur eux, dans des galeries infé rieures précédemment vuidées, & dont ils n'avoient point de connoiffance: le pere de Vital & d'autres ouvriers qui fe trouverent préfens, firent auffi tôt tous leurs efforts pour tâcher de les retirer, mais leurs tentatives furent vaines, par ce qu'il retomboit toujours plus de charbon d'enhaut qu'ils n'en pouvoient enlever; ils fe retirerent, ayant perdu tout espoir de les revoir jamais, & leur firent même rendre les honneurs

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