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l'hérésie par le Bienheureux Dominique, ne vaut guère mieux que Na Segura. C'était le diacre Isarn de Castres qui l'avait faite hérétique, comme Raimonde, femme de W. Gasc. Après sa réconciliation, mariée à Pierre Boer, habitant du Mas, elle reprit ses anciens errements; et en 1237, on la voit recueillir deux femmes hérétiques et les cacher dans sa maison pendant un an. Trois fois la semaine, avec les autres Croyants et Croyantes, elle les adore. Et si elle n'a pas eu de pénitence du Bienheureux Guillaume Arnaud, c'est, dit-elle, parce qu'elle s'est enfuie lorsque les deux Parfaites ont été arrêtées dans son logis. Le juge d'Eglise devant qui elle comparaît, en 1245, la tient pour si peu sincère qu'à la marge du procès-verbal original de sa déposition il a écrit de sa main: « Celle-ci est suspecte et pourrait dire beaucoup ! »

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IV. A Villeneuve-la-Comtal, en 1206, une jeune fille, nommée Saura, vivait avec la Parfaite Alazais de Cuguro et ses compagnes. Cette Alazais semble avoir été une vraie matriarche de la secte, comme Blanche de Laurac. Elle demeura quelque temps à Avignonet (Haute-Garonne), lieu du martyre du B. Guillaume Arnaud et des autres inquisiteurs en 1242. Là, elle était visitée assidûment par Alibert et B. du Mas, ses gendres; par Guillaume de la Grasse, le chevalier W. de Varagne et d'autres Croyants. La jeune Saura, qu'elle élevait, fut hérétiquée à l'âge de sept ans. Elle en avait dix quand saint Dominique, prê chant à Villeneuve-le-Comtal, la réconcilia, Saura ne dit pas quelle pénitence lui fut imposée. Sa mère, Raimonde de Rival, était Parfaite et s'était réfugiée, comme tant d'autres, à Montségur. Le mari de sa fille, W. Bonet, simple cordonnier, mais bon chrétien, ne craignit pas d'aller chercher sa belle-mère jusque dans la retraite du château de Montségur et elle se convertit. Quant à Saura, unie à un homme de foi, elle persévéra jusqu'à la fin.

V. Il y avait aussi à Fanjeaux une jeune fille,

nommée Guillelmine Martin, qui fréquentait les hérétiques, faisait leurs commissions et portait aux tisserands leurs canels ou trames de fil. Ceux-ci, en retour, lui donnaient du pain et des fruits et l'instruisaient des pratiques de la secte; elle les adorait. S'étant confessée à « frère Dominique, de l'Ordre des Prêcheurs, » le saint lui donna pour pénitence de porter pendant deux ans deux croix sur la poitrine et de ne pas manger de viande, si ce n'est à Noël, à Pâques et à la Pentecôte (1), ce qu'il consigna dans des lettres testimoniales semblables à celles données à Pons Roger que nous étudierons bientôt. Guillelmine Martin dépose qu'elle a accompli sa pénitence, mais qu'elle ne peut montrer les lettres, les ayant perdues lorsque le comte de Montfort brûla le château (2). Fut-elle du nombre des femmes converties par saint Dominique, à la suite du miracle du feu, sans toutefois se consacrer à Dieu, comme les premières religieuses de Prouille? Il est certain qu'en 1246 elle était veuve de W. Lombard, habitant de Fanjeaux. Et bien qu'elle ait affirmé avec serment n'avoir pas revu les hérétiques depuis sa conversion, on douta de sa sincérité, car on l'obligea à promettre sous la foi du serment d'obéir aux ordres ultérieurs de l'Eglise, ce qui ne se faisait que quand l'enquête préparatoire montrait la possibilité d'avoir à soumettre un déposant à un procès juridique pour cause d'hérésie.

VI. P. Martel était de Bram, à cinq kilomètres de Prouille. Encore enfant, vers l'année 1203 ou 1204, deux hérétiques résidant à Fanjeaux, W. et G. de Pexiora, l'avaient recueilli sous leur toit. Pendant deux ans il vécut

(1) G. Martin reçut une pénitence plus forte que les précédentes peut-être parce qu'étant d'âge à avoir conscience pleine et entière de ce qu'elle faisait, elle n'entretenait pas moins avec les hérétiques des rapports qu'elle savait illicites.

(2) Nous n'avons trouvé nulle part que Fanjeaux ait été brûlé par un comte de Montfort. Au contraire, ce château fut un des lieux préférés du comte Simon pendant la croisade.

de leur vie, les adorant, écoutant leurs prédications, mangeant avec eux. Lorsque saint Dominique apparut à Fanjeaux, P. Martel les quitta pour s'attacher au saint, avec qui, d'après son témoignage, il resta bien douze années et même plus, c'est-à-dire pendant tout le séjour du B. Dominique dans le pays, jusqu'à la dispersion des Frères. C'est du moins ce qu'affirme ce P. Martel. Nous n'avons pu contrôler l'exactitude de son affirmation. Il n'est question de lui dans aucun des actes passés à Prouille, que nous possédons, depuis 1206 jusqu'à 1217, peut-être parce qu'il était encore trop jeune pour être cité comme témoin. Plus tard, l'inquisiteur, Fr. Bernard de Caux, l'ayant fait comparaître à Toulouse, et P. Martel ayant promis d'accepter le jugement de l'Église tel qu'il serait, il semble qu'on le tenait pour suspect, bien qu'il ait juré n'avoir plus revu d'hérétiques depuis qu'il était attaché à saint Dominique. Quant à W. et G. de Pexiora, qui vivaient à Fanjeaux en même temps que Guilabert de Castres, nous en savons peu de chose, à moins qu'il ne s'agisse de G. de Podio (Puig ou Pech) et de son compagnon, qui furent longtemps des membres actifs de la secte jusque dans Montségur (1).

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VII. Au même temps, saint Dominique exerça son ministère béni à Saissac que, de Prouille, on aperçoit au loin adossé au versant méridional de la montagne noire, bâti en amphithéâtre sur un rocher, au confluent de deux torrents profonds: d'où son nom de Saissac (Saxiacum). C'était un château féodal de haute importance dont l'ori

(1) On ne manquera pas de remarquer que la plupart de ces personnages étaient des enfants ou des adolescents quand saint Dominique les réconcilia. Il n'y a pas lieu de s'en étonner, car lorsqu'ils se présentent, en 1245 ou 1246, devant l'Inquisiteur, presque tous sont des vieillards, et la génération adulte contemporaine du saint, qui l'avait connu dans les premières années de son apostolat, avait alors presque entièrement disparu. D'autre part, des registres de l'Inquisition primitive à peine quelques rares épaves ont échappé au naufrage général de tant de documents détruits par le calvinisme ou pendant la Révolution française.

gine remonte au neuvième siècle. Il avait alors pour seigneur le noble Bertrand que Roger II, vicomte de Béziers, en mourant, institua tuteur de son fils Roger III, dit Trencavel.

Tout ce que l'on sait de l'apostolat de saint Dominique à Saissac, se résume dans la déposition qu'un habitant de cette localité, P. Jaule, fit à Toulouse, le 14 février 1246. Les hérétiques étaient puissants à Saissac, comme partout dans le Midi. Le saint ne pouvait donc omettre d'évangéliser cette bourgade. P. Jaule, touché sans doute par la parole enflammée de l'homme de Dieu, après être resté trois ans dans l'hérésie, se confessa à celui qu'il appelle « frère Dominique » et qui lui donna des lettres de réconciliation, perdues, à ce qu'il assure, dans la suite. Il se serait aussi confessé au B. Guillaume Arnaud. Le fait de n'avoir pu reproduire les lettres testimoniales de saint Dominique, et peut-être aussi le registre d'enquête du B. Guillaume révélant à l'inquisiteur Bernard de Caux quelques actes notables d'hérésie rendirent probablement cet homme suspect, puisque, peu de temps après, P. Jaule dut comparaître de nouveau à Toulouse pour rendre juridiquement compte de sa foi.

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V

Saint Dominique, délégué d'Arnald, abbé de Citeaux, légat du Saint-Siège, donne à Ponce Roger, converti de l'hérésie, des Lettres de réconciliation, par lesquelles il lui impose, en vertu du serment qu'il a prêté, les actes de pénitence canonique qu'il doit accomplir et le genre de vie qu'il doit mener jusqu'à ce que le légat ait à ce sujet manifesté ses intentions. Et si Ponce Roger dédaigne de mettre cette pénitence à exécution, il sera tenu pour par jure, hérétique et excommunié, et il sera séparé du com merce des fidèles.

Vers 1208 (1).

Universis Christi fidelibus ad quos presentes littere (2)

(1) Le document est sans date: mais les historiens sont unanimes à lui assigner comme date l'année 1208 où l'abbé de Citeaux, qui délégua saint Dominique, était en France.

(2) Bernard Gui découvrit ces Lettres de saint Dominique dans notre couvent de Toulouse, en 1305. Il nous l'apprend lui-même en ces termes : « J'ai trouvé, dit-il, les susdites Lettres conservées avec soin et dévotion à Toulouse par le sacristain, sans diminution aucune ni addition d'un seul mot, en vieux caractères. J'ai eu et tenu dans mes mains l'original de ces Lettres, que j'ai transcrites en la

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