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tionem in redemptionem animarum nostri et parentum nostrorum, sicut superius in præsenti pagina plenius conti netur, libere confirmamus et dictam villam, cum omnibus juribus et pertinentiis suis, dictis monialibus, jure perpetuo, integre concedimus possidendam. In cujus robore firmitatis, præsentem chartam sigilli nostri munimine duximus confirmandam.

Actum est hoc Carcassonæ in domo Domini Episcopi, anno MCCXIIJ, y° Kalendas Aprilis.

Mamichi,

Imprimé Echard, Scriptores O. P., t. I, p. 2, note. --
Annal. O. P., app., p. 40. Bullaire de l'Ordre, t. I, p. 1.

COMMENTAIRE

I.

Carcassonne, vue de la ville basse, présente aux regards le plus imposant spectacle. Au nord et vers l'ouest se dégagent à l'horizon des fortifications grandioses, d'un aspect saisissant et sévère; en face se dresse la vieille ville du moyen âge, avec ses remparts crénelés, ses rues tortueuses et étroites, ses maisons à demi ruinées. A gauche on aperçoit l'antique château féodal, vaste construction quadrangulaire, flanquée de tours puissantes. A droite, au delà de la tour dite de l'Inquisition et au-dessus du mur d'enceinte, s'élève la tour de l'Évêque, contiguë à l'antique maison épiscopale et au cloître qui conduit à l'église Saint-Nazaire, l'ancienne cathédrale. Construit vers la fin du onzième siècle, cet édifice fut, au treizième, considérablement agrandi sur l'ordre de saint Louis: un magnifique sanctuaire, du style ogival le plus pur, remplaça l'abside; le choeur se déve loppa au milieu de six chapelles de front, mais l'ancienne nef romane resta dans son état primitif, et la chapelle de

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Carcassonne Porte de l'ancienne Cathédrale (Saint-Nazaire).

D'après une photographie de M. A. Cardes.

la Sainte Vierge, sans être déplacée, fut seulement ornée et agrandie (1).

Or Constantin d'Orviète, d'après le témoignage d'Étienne de Metz, et d'accord avec le document que nous commentons, nous apprend que, durant la carême de 1213, saint Dominique, chargé de l'administration spirituelle du diocèse pendant l'absence de l'évêque, habita la maison épiscopale de la cité, qu'il ne cessa de s'adonner à la prédication, ne mangeant que du pain et ne buvant que de l'eau, et que, pas une seule fois pendant le carême, il n'entra dans un lit (2). L'ardente parole de Dominique retentit donc alors sous les voûtes de l'église Saint-Nazaire, et l'ancienne nef romane, à n'en pas douter, fut le témoin de ces nuits de pénitence et de prière dont le Père Lacordaire, interprétant les chroniques du temps, a si merveilleusement écrit (3); car si, après les labeurs d'un pénible apostolat, Dominique ne demandait pas au sommeil un repos nécessaire, c'était pour s'entretenir seul avec Dieu près de son tabernacle; et comme l'a remarqué l'éloquent écrivain que nous venons de nommer, «< outre les supplications particulières que lui inspiraient les besoins et les événements de chaque jour, il avait la cause de l'Église universelle présente à l'esprit; il priait pour la dilatation de la foi dans le cœur des chrétiens, pour les peuples encore assis dans l'esclavage de l'erreur, pour les âmes

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(1) Voir Ditandy, Lectures variées, etc. Carcassonne, 1875, p. 106, etc. Joanne, Géographie de l'Aude. (2) Sane demoratus est aliquando vir Dei apud Carcassonam in domo episcopi per unam quadragesimam, prædicationi insistens, ubi etiam vices episcopi, tunc temporis existentis in Francia, ab eodem sibi commissas in spiritualibus exercebat...... Addebat quoque frater Stephanus quod vir Dei Dominicus, per totam illam quadragesimam, non comedit aut bibit nisi panem et aquam, nec lectum intravit.» (Constant. de Orv. Echard, t. I, introd.) Inutile de rappeler que ce carême ne peut être que celui de l'année 1213.

(3) Lacordaire, Vie de saint Dominique. p. 232.

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souffrantes au purgatoire des restes de leurs péchés (1). a Ce fut assurément dans l'une de ces veilles prolongées, en l'église de la cité, que saint Dominique eut la révélation dont Constantin d'Orviète nous a laissé en ces termes l'émouvant récit. « La guerre, en ces jours-là, dit l'historien, devenait de plus en plus vive entre le comte de Montfort, au nom de l'Église, et le comte de Toulouse. Celui-ci commençait à prévaloir; un religieux convers de l'Ordre de Citeaux, qui était près du saint, s'en affectait douloureusement. Une fois, dans sa profonde tristesse, il s'approche de l'homme de Dieu: <«< Maitre « Dominique, lui dit-il, est-ce que ces maux ne prendront « jamais fin? » Le Bienheureux garde le silence; mais le Frère, n'ignorant point que le Seigneur lui révélait beaucoup de choses, insiste avec importunité. Enfin, en présence de frère Étienne de Metz, son compagnon, qui, depuis, l'a souvent raconté: « Oui, s'écrie le Bienheureux. Dominique, la malice de ces Toulousains aura une fin! « mais pas sitôt. Le sang d'un grand nombre sera encore répandu et un roi périra dans l'un des combats de cette « guerre. » A ces mots, le convers cistercien et Frère Étienne d'exprimer leur crainte qu'il ne s'agisse du roi de France, qui venait récemment de prendre en main la cause de la croisade albigeoise (2). « Ne craignez rien pour « le roi de France, répond Dominique, ce sera un autre roi, « et bientôt, qui succombera dans les vicissitudes de la pré

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(1) Vie de Saint Dominique, p. 234. Dans la chapelle de la Sainte Vierge de l'église de la Cité, le pieux serviteur de Marie a certainement passé de longues heures à prier et à invoquer Celle pour laquelle il avait une particulière dévotion. Serait-il téméraire d'émettre l'opinion que peut-être il y a reçu de Notre-Dame la mission de prêcher son Rosaire ou Psautier, comme des tradi tions locales l'affirment de différents autres sanctuaires.

(2) On lit dans Pierre de Vaux-Cernay (éd. Migne, t. CCXIII, ch. LVIII, p. 660): « Le premier jour du Carême (27 février) le roi de France tint à Paris un parlement général dans le but de règler la question du départ de son fils (le prince Louis qui s'était croisé),

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