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louse, au secours des comtes et des Toulousains ses alliés. Simon se hâte de rappeler son fils, de peur que, surpris par l'ennemi, il ne soit dans l'impossibilité de se dégager. Rochefort se rend sur l'entrefaite et le nouveau chevalier rejoint son noble père, sans la honte d'avoir échoué pour son premier fait d'armes. De leur côté, Arnald Almaric, archevêque de Narbonne et légat du pape, les évêques de la contrée, écrivent à Pierre d'Aragon et le conjurent de s'abstenir de secourir l'hérésie et de combattre la chrétienté,-christianitatem. Le roi promet tout et il n'en continue pas moins de préparer son expédition hostile.

Ainsi se passèrent pour la politique extérieure les mois de juillet et d'août; saint Dominique employa ces deux mois à son apostolat habituel, sans trop s'éloigner toutefois ni de Carcassonne dont il était provisoirement le premier supérieur ecclésiastique ni de Prouille qui réclamait sans cesse son dévouement et ses sollicitudes, ni enfin de Fanjeaux dont l'évêque de Toulouse, comme nous l'avons dit, l'avait déjà institué très probablement le chapelain ou pasteur (1); mais voici qu'au commencement de septembre, on apprend que le roi d'Aragon lève le masque et met définitivement à exécution son fatal projet. Il est en marche vers Toulouse, avec une puissante armée, « voulant, dit Pierre de VauxCernay, rendre aux hérétiques et soumettre à sa propre autorité, s'il le peut, toute cette terre conquise par la grâce divine et l'aide des croisés. »>

Le comte de Montfort vient alors avec la comtesse Alix s'installer à Fanjeaux où Dominique se trouve avec eux. A la nouvelle de l'entrée en campagne du roi d'Aragon, l'archevêque de Narbonne se hâte de réunir en assemblée conciliaire les évêques de Toulouse, Nimes, Uzès, Lodève,

(1) Voy. plus haut, p. 390, et ensuite l'acte XXXIX.

Béziers, Agde et Comminges, et les abbés de Clairac, Villemagne et Saint-Thibéry. Il leur confie la mission de traiter de la paix avec le roi d'Aragon et d'assister dans cette crise suprême le comte de Montfort, qu'ils vont rejoindre à Fanjeaux. Le 8 septembre on y célébra la fête de la Nativité de la sainte Vierge, qui, en 1213, tomba le dimanche, et, le lundi 9, le comte, persuadé que le roi d'Aragon et ses alliés tenteront de mettre le siège devant Muret, qui n'est qu'à seize kilomètres de Toulouse, se décide à ravitailler cette place et à la défendre en personne. Le mardi 10, de grand matin, Montfort, avec le petit corps d'armée dont il dispose, se dirige vers Saverdun. Les évêques, les abbés, les prêtres, saint Dominique, les accompagnent. La comtesse Alix part elle-même pour recruter du renfort à Carcassonne; l'heure est solennelle entre toutes, nul doute qu'instruites de la situation par le B. Dominique, les religieuses de Prouille ne redoublent en cette circonstance de supplications et de pénitences, pour le succès d'une cause qui leur est chère à plus d'un titre. Sur la route, un messager apporte au comte la nouvelle que Muret est investi depuis le matin. « En effet, dit Bernard Gui, Pierre II, roi d'Aragon, à la tête d'une armée considérable d'Aragonais et de Catalans, Raymond, comte de Toulouse, et les comtes de Foix et de Comminges, suivis d'une foule de citoyens et de peuple de Toulouse, étaient venus contre Dieu et son Église assiéger le château de Muret avec de grandes forces et encore plus d'orgueil. Le champion du seigneur, Simon, comte de Montfort, lequel par obéissance et pour l'amour de Dieu avait pris en main les affaires de la sainte Église contre l'hérésie, aussitôt qu'il en fut instruit avait quitté Fanjeaux et s'était porté en toute hâte, comme un lion courageux, au secours des assiégés (1). »

(1) Præclara Francorum facinora, dans Duchesne, t. V.

Au milieu du jour, le mardi 10 septembre, on fait halte près de l'abbaye de Boulbonne, voisine de Mazères dans l'Ariège. Le comte en profite pour entrer dans l'église du monastère; il y demeure quelque temps en prière, puis tirant son épée et la déposant sur l'autel il s'écrie: «< 0 bon et doux Seigneur Jésus, vous m'avez choisi, malgré mon indignité, pour vos batailles: aujourd'hui, puisque je dois combattre vos combats, je prends cette épée sur votre autel, afin de recevoir aussi la grâce de combattre avec justice (1). »

Le soir à Saverdun on tint conseil de guerre. « Ce prince très fidèle, dit encore Pierre de Vaux-Cernay, dans sa sollicitude pour les assiégés, aurait voulu dès la nuit même entrer dans Muret; on lui objecte la fatigue de ses troupes, et lui qui ne faisait rien sans avis conforme s'y résigne. Le mercredi 11, avant le jour, Montfort appelle son chapelain, se confesse, fait son testament et l'adresse à l'abbé de Boulbonne, avec ordre de le faire parvenir à Rome et confirmer par le pape, s'il vient à succomber dans cette lutte. » A l'aube tous se rendent à l'église pour y entendre la sainte Messe, que l'un des évêques célèbre en l'honneur de la Bienheureuse Vierge Marie. Au milieu du saint Sacrifice, les évêques excommunient de nouveau les comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges, les Toulousains belligérants et leurs défenseurs et fauteurs, sans toutefois nommer le roi d'Aragon. Foulques de Toulouse fait demander au roi par un exprès un sauf-conduit pour lui et les autres évêques, qui désirent lui porter des propositions de paix. Puis la petite armée s'avance dans la plaine, en ordre de bataille, au nom de la sainte Trinité. A Auterive l'exprès envoyé par l'évêque de Toulouse rapporte une réponse négative du roi, qui refuse tout. Un peu plus loin on a

(1) P. de V.-C., Histor. Albig., éd. Migne, t. CCXIII, p. 669.

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