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XLIV

Simon de Montfort donne le château de Casseneuil, dans l'Agenais, à saint Dominique.

Le texte manque.

Vers septembre 1214.

COMMENTAIRE

Le comte de Montfort, après le mariage de son fils ainé, était allé, vers le 10 juin, rejoindre le corps des croisés, commandé par son frère Gui et par l'évêque de Carcassonne. S'étant mis à la tête des troupes, « il s'empara successivement, raconte l'historien Bernard Gui (1), de plusieurs châteaux-forts où s'étaient réfugiés des ennemis de la foi et de l'Église, des perturbateurs de la paix, et des routiers (2). Maurillac, au diocèse de Rodez, fut entièrerement détruit. On trouva, dans cette place, sept hérétiques de la secte des Vaudois. Amenés en la présence du légat Robert de Courçon, ils avouèrent leur perfidie, mais ne voulurent pas y renoncer, et les soldats croisés les

(1) Catalog. Summor. Pontific. ad annum 1214. Bibl. nat., ms. 4977, et Bibl. publ. Toulouse, ms. 470.

(2) Raptores et perjuri, ajouta Pierre de Vaux-Cernay.

livrèrent au feu. A la nouvelle de la venue de l'armée de Dieu, Montpezat, du diocèse d'Agen, fut abandonné par ses défenseurs. On ruina ce château de fond en comble.

« Marmande fut pris pour la seconde fois, et, après que l'ennemi en eût été expulsé et mis en fuite, le comte Simon fortifia la grande tour et détruisit les autres ainsi qu'une partie des murailles. Enfin Montfort se présente devant Casseneuil, en Agenais, le 28 juin (1). Ce château était l'un des principaux repaires de l'hérésie dans cette province. De tout temps, les habitants de Casseneuil s'étaient montrés de détestables adversaires. Déjà deux fois ils avaient récidivé (2). Cette fois encore ils étaient en pleine rébellion. Simon les attaque avec une grande vigueur, et, après des labeurs multiples et incessants, de merveilleux assauts et d'énergiques efforts, il s'empare de la place par la vertu d'En-Haut. Plusieurs d'entre les ennemis sont passés au fil de l'épée; le reste s'enfuit. »

Ace récit succinct de Bernard Guy, ajoutons ces quelques détails d'une autre chronique « A l'heure des vêpres, le 16 août, dit P. de Vaux-Cernay, le comte ordonna aux siens de s'armer; les trompettes sonnent l'assaut; l'évêque de Carcassonne et ses clercs sont réunis sur une éminence, près du château, afin de prier, durant le combat, en faveur des nôtres, de crier vers le Ciel. Pendant

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(1) Hist. des Albig., Migne, t. CCXIII. p. 690. Durant le siège en juillet, le cardinal de Courçon, à SainteLivrade, confirma à Simon de Montfort la possession de tous les domaines conquis sur l'hérésie dans l'Albigeois, l'Agenais, le Rouergue, le Querci et les autres pays de la légation.

(2) Jam enim, semel et iterum reddiderant se christianitati, nunc etiam et tertia vice. Christianitati et comiti nostro resistere attentarunt. (P. de Vaux-Cernay, ibid.) Ils avaient pour chef Hugues de Rovigny, frère de l'évêque d'Agen, et ami et familier du comte pendant quelque temps. Cette année-là même, infidèle à l'amitié et à son serment, Hugues s'était séparé de Dieu et de Montfort pour s'associer à d'autres traitres comme lui. (P. de V.C., Hist des Albig., c. 79. Migne, t. CCXIII, p. 689.

qu'on avance les machines, le clergé chante le Veni, Creator avec une ardeur inexprimable... Casseneuil fut pris le 17 du mois d'août, à la louange de Notre-Seigneur, à qui est honneur et gloire dans les siècles des siècles. » Aucun de ces textes, nous en convenons, ne révèle si saint Dominique était là, suppliant, à côté de l'évêque de Carcassonne et de ses clercs. Il n'est cependant guère possible d'en douter; et même comment ne pas attri buer au saint une très large part d'efficacité dans les supplications adressées à Dieu en cette mémorable circonstance, quand on lit dans le B. Jourdain que tout aussitôt « Simon de Montfort gratifiait Dominique de ce château et de ses revenus, conquis avec tant de peine. » C'est que « le comte,» dit le Bienheureux, « avait pour le saint une intime dévotion et, du consentement des siens, il fit don de ce château-fort à lui, et aux quelques compagnons de sa vie, ses auxiliaires dans l'œuvre de salut qu'il avait commencée. Dominique avait, en plus, l'église de Fanjeaux et certains autres biens, à l'aide desquels il subvenait à ses propres besoins et à ceux de ses disciples. Tout ce qu'ils pouvaient soustraire de ces revenus (c'est toujours le B. Jourdain qui parle et qui nous fournit cet intéressant détail) ils l'abandonnaient aux Soeurs du Monastère de Prouille. L'Ordre des Prêcheurs n'existait pas encore. On s'occupait seulement d'en constituer un, et néanmoins le saint, avec le petit nombre des siens, se livrait de toutes ses forces au ministère de la prédication (1). »

Ces renseignements, de source primitive, malgré leur concision, donnent suffisamment à entendre où en était le Bienheureux de ses projets, vers la fin de l'année 1214, la huitième depuis la fondation de son œuvre de Prouille. Dominique, dans la maturité de l'âge, avait quarantecinq ans. « Fortifié par la vertu du Seigneur, dit

(1) B. Jordan., Vita B. Dominici, éd. Berthier, p. 13.

Constantin d'Orviète, et procédant avec sagesse dans tout ce qu'il entreprenait, il s'était concilié la grâce de Dieu et la faveur des hommes. » Le monastère de Prouille prenait de l'extension et achevait de s'organiser. Le saint s'était attaché quelques disciples qui prêchaient avec lui, comme le remarque Bernard Gui. Autant qu'on peut le conjecturer, outre Fr. Guillaume Claret et Fr. Noël, demeurés à Prouille pour le service des Sœurs, ces ouvriers de la première heure étaient Dominique de Ségovie, Étienne de Metz, Matthieu de France et Bertrand de Garrigue, tous dignes d'être coopérateurs d'un tel apôtre. Dépositaire et confident de ce qu'il y avait de plus cher au cœur de Diego d'Osma, son Père et son maître, Jésus Christ et la prédication, Dominique avait fait graver cette devise sur son sceau. N'était-ce pas dire que c'était l'unique but de sa vie? C'est pourquoi, non content de prêcher le Seigneur Jésus en tout lieu et à toute occasion, dès qu'il entrevit la possibilité d'instituer un Ordre spécial de Prédicateurs, il s'occupa sans relâche d'en activer la réalisation. Car, remarque le B. Jourdain, «pour ce qu'il avait conçu et jugé raisonnable et selon Dieu, il mettait une telle constance de volonté, qu'après l'avoir mûri et s'y être déterminé, jamais ou presque jamais il ne consentait à y changer quoi que ce soit. » A cette date de la fin de 1214, la divine Providence lui préparait le moyen d'arriver prochainement à ses fins, il en profita; nous ne tarderons pas à le constater.

XLV

Saint Dominique autorise Raymond Guillaume d'Auterive, maître pelletier de Toulouse, à garder, avec lui, le nommé Guillaume Hugues, jadis hérétique vêtu, afin qu'il n'en résulte, pour Raymond Guillaume, aucune note d'infamie, ni aucun dommage, et jusqu'à ce que le cardinal légat ait formulé plus explicitement ses intentions.

Universis Christi fidelibus ad quos littere presentes pervenerint, frater Dominicus Oxomensis canonicus, predicationis humilis minister, salutem et sinceram in Domino karitatem: Discretio universitatis vestre, presencium auctoritate, cognoscat quod nos Raimundo Guillelmo de Altaripa peleganterio licenciam concessimus ut Guillelmum Hugonem hereticali condam habitu, ut idem coram nobis asseruit, investitum, secum in domo sua apud Tholosam teneat more aliorum. hominum conversantem, quousque hoc nobis vel sibi expressius mandatum faciat Dominus Cardinalis, et quod hoc sibi non cedat videlicet Raimundo Guillelmo in infamiam seu dampnum (1).

Copie: Barcelone, Bibl. universit., Ms. (quatorzième siècle). Arm., III,

n° 16.

Paris, Bibl. nat., Ms. 4548 (fin quatorzième siècle).

Paris, id. Doat, t. XXX, 3.

Rome, Arch. de l'Ordre, LL, 298.

Imprimé: Acta SS., t. I, Aug., 410.

Echard, 1, 9.

Jean de Réchac, Malvenda, Mamachi, etc., etc.

(a) A ces lettres était appendu le même sceau qu'aux lettres données vers 1208 à l'hérétique Pons Roger, et que nous avons décrit plus haut. Cf. Cartulaire, p. 188.

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