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Ternit fon luftre en voulant trop briller,
Et fe deffeche à force de f'enfler.
Toute fcience, enfin toute industrie

Qui ne tend point au bien de la patrie,
„Ne fauroit rendre un mortel orgueilleux
"Que ridicule au lieu de merveilleux.
„Avec raifon le fens commun rejette
„L'homme d'Etat qui veut être Poëte,
Et plus encor le Financier badin,

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Qui pour Rameau f'erige en Paladin, ,,Et malgré lui confus de la milére ,, De fe fentir ignorant dans fa fphére, »Ne longe pas que c'eft encor l'outrer, "Que de favoir ce qu'il doit ignorer. Fuyez fur tout ces efprits téméraires, Ces écumeurs de dogmes arbitraires, " Qu'on voit, tout fiers de leur corruption, „Alambiquer toute Religion;

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"Du Pyrronisme applaniffant les routes, En argumens habiller tous leurs doutes, Et convertir, fubtils Sophiftiqueurs,

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"Leur ignorance en principes vainqueurs. „Il ne vous faut que des Sages dociles, Aimés du Ciel, et fur la Terre utiles, Qui de l'honneur louablement jaloux,

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Puiffent répondre, et pour eux et pour vous. Quand vous aurez pour vous la voix des Sages, Les fous bientôt y joindront leurs fouffrages." De ces leçons que le bon fens dicta,

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Qu'arriva-t-il! Le fils en profita.
De fes talens la beauté foutenue
D'un choix d'amis de vertu reconnue,
Lui fit braver de fes jours les plus verds
Tous les dangers à la jeuneffe offerts:
Le preferva de ces haines qu'attire
La dedaigneufe et mordante fatyre;
Toujours affable, et jamais refrogné,

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Et, quant aux moeurs, fagement éloigné,

Dans tous les tems, même en font plus jeune âge,
Du cagotisme et du libertinage.

Beisp. Samml. 3. B

e

3

Auffi

3

J.B. Rouf feau.

1

Chaulieu.

Mais il faut que mon Exemple,
Mieux qu'une Stoîque leçon,

T'aprenne à fupporter le faix de la vieilleffe
A braver l'injure des ans;

Te montre comme il faut par des amusemens
Arrêter pour quelques momens

La Volupté qui fuit, le plaifir qui nous laisse.
En vain la nature epuifée

Tâche à prolonger lagement

Par le fecours d'un vif et fort tempérament,
La trame de mes jours que les ans ont ufée;
Je m'aperçois à tout moment.
Que cette mere bien-failante,

Ne fait plus d'une main tremblante,
Qu'étaïer le vieux Bâtiment
D'une machine chancelante.

Tantôt un deluge d'humeur,

De fucs empoifonnez inonde ma paupiere
Mais ce n'eft pas affez d'en perdre la lumiere,
Il faut encor que fon aigreur

Dans des yeux inutiles me forme une douleur,
Qui fervé à ma vertu de plus ample matiere.
La Goutte d'un autre coté

Me fait depuis vingt ans un tiffu de fouffrance:
Que fais-je en cette extrêmité!
J'oppofe encor plus de conftance
A cette longue adverfité,
Qu'elle n'a de perfevérance:

Et m'accoutumant à fouffrir
J'aprends que la patience

Rend plus legers les maux que l'on ne peut guérir.
Au milieu cependant de ces peines cruelles,
De nôtre trifte hiver, Compagnes trop fidéles
Je fuis tranquille et gai: Quel bien plus précieux
Puis-je espérer jamais de la Bonté des Dieux?
Tel qu'un rocher, dont la tête

Egale le mont Athos,

Voit à fes piés la Tempête
Troubler le calme des flots.
La Mer autour bruit et gronde;
Malgré les emotions,

Sur

Chaulieu.

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Sur fon front élevé regne une paix profonde,

Que tant d'agitations

Et les fureurs de l'Onde

C

Refpectent à l'égal du nid des Alcyons.
Heureux qui fe livrant à la Philofophie,
A trouvé dans fon fein un azile affûré,
Contre des Préjugez, dont l'efprit enivré
De fa propre raifon lui-même fe defie,
Et fortant des erreurs où le peuple eft livré,
Déméle autant qu'il peut les principes des chofes;
Connoit les noeuds fecrets des effets et des causes;
Regarde avec mépris et la barque et Charon,
Et foule aux pieds les bruits de l'avare Acheron.

Mais c'eft pouffer trop loin peut-être la fageffe:
J'aime mieux me prêter à l'humaine foibleffe,
Et de l'opinion refpectant le bandeau,

Croire voir les enfers, mais ne les voir qu'en beau.
Je laiffe là Minos et fon urne fatale,

Le rocher de Sifyphe, et la foif de Tantale
Et fans m'aller noircir de cent tourmens divers,
Tout ce qui f'offre à ma pensée

Ce ne font que des fleurs, des berceaux toûjours
verds

Et les champs fortunez de la plaine Elifée.

Là dans l'inftant fatal que le fort m'aura mis,

J'espére retrouver mes illuftres amis,

La Fare avec Ovide, et Catulle et Lesbie,
Voulant plaire à Corinne, ou careffer Julie,
Chapelle au milieu d'eux, ce maitre qui m'apprit
Au fon harmonieux de rimes redoublées,
L'art de charmer l'Oreille et d'amufer l'Esprit
Par la diverfité de cent nobles Idées.

Quel fpectacle à mes yeux et quel plaifir nou

veau

Dans un bois d'Orangers qu'arrofe un clair ruiffeau,
Je revois Seignelay, je rencontre Béthune,

Efprits fupérieurs, en qui la volupté ·

Ne deroba jamais rien à l'habileté,

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ت

Chaulieu. Dignes de plus de vie et de plus de fortune.
Avec Gafton de Foix quelle ombre le proméne?
Ah! je la reconnois, c'eft le jeune Turenne;
Prefent rare et precieux,

Que l'avare main des Dieux,
Ne fit que montrer à la terre.

Digne héritier du nom de ce foudre de Guerre,
A quel point de gloire et d'honneur
Ne t'euffent point porté tes deftinées,

Si Mars jaloux de ta valeur,

A la fleur de tes ans ne les eût terminées.
Que vois-je près de toi? c'eft ta Mere eperdue,
Tout à coup aux Enfers depuis peu defcendue;
Qui confervant pour toi fes tendres fentimens,
De ce fils fi cheri vole aux Embraffemens:
Marianne eft-ce vous! Le Ciel impitoyable
A-t-il voulu fi-tôt dérober aux Mortels
Ce qu'il leur a donné jamais de plus aimable?
Et qui pouvoit aux Dieux difputer des Autels,
Si la grace et l'efprit comme eux eft adorable.
Quoi donc quand j'efperois qu'à mon heure
fatale

Tu recevrois mon ame en fes deniers adieux
Et que ton amitié pour moi toujours égale,
Peut être en foupirant, me fermeroit les yeux:
C'est moi qui te furvis, et ma douleur profonde
N'a pour me confoler dans l'excès de mon deuil,
Que de porter ton nom jusques au bout du Monde,
De jetter tous les jours des fleurs fur ton Cer-
cueil,

Chanter tes agrémens, et célébrer tes charmes
Dans ces vers mille fois arrofez par mes lar

mes.

Dans une foule de Guerriers
Vendosme fur une Eminence
Paroit couronné de Lauriers,
Vendosme de qui la vaillance,
Fait avouer aux Scipions,

Que le fac de Carthage, et celui de Numance

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Chaulieu.

N'obfcurcit pas les actions;

Et laiffe à juger à l'Espagne,

Si fon bras ne fit pas plus en une Campagne,
Qu'ils ne firent en dix avec vingt Légions.

Dans le fonds des Jardins de ce féjour tran-
quille :

Mais quel eft ce Heros iffy du fang des Dieux?
C'eft Enguien qui f'ofre à mes yeux.
Sur Nervinde et Stinkerque entretenant Achille
Je vois ce vainqueur d'Ilion

Fremir, que tout fon courage

Au bord du Simois n'ait pas fait davantage
Que dans ces deux combats fit ce jeune Lion.
Plus loin dans le fonds d'un Bocage
Je vois Catinat et Caton

A tous les Gens de bien faisant une Leçon;
Ainfi libre du joug des paniques terreurs,
Parmi l'email de prairies,

Je proméne les erreurs

De mes douces Rêveries;

Et ne pouvant former que d'impuiffans defirs,
Je fais mettre en dépit de l'age qui me glace
Mes fouvenirs à la place.
De l'ardeur de mes plaifirs.

Avec quel contentement

Ces fontaines, ces bois où j'adorai Silvie,
Rapellent à mon coeur fon amoureux tourment;
Bien loin que ce plaifir qui ne peut revenir,
De regrets inutiles empoifonne ma vie,
J'en favoure à longs traits l'aimable fouvenir.
Que de fois j'ai groffi ce Ruiffeau de mes larmes,
C'eft fur ce Lit de fleurs que le premier Baifer
Pour gage de fa foi diffipa mes allarmes;
Et, que bien-tôt après vainqueur de tant de char

mes

Sous ce tilleul au frais je vins me repofer:
Cet arbre porte encore le tendre caractére
Des vers que j'y gravai pour l'aimable Bergere:
Arbre croiffes, difois-je, où nos Chifres tracez
Confacrent à l'Amour nos Noms entrelacez,

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