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la majorité d'Alexandre, fils de Roxane; Lysimaque, la Thrace; Ptolémée, l'Égypte et les frontières de la Libye et de l'Arabie; Antigone, toute l'Asie; toutes les villes grecques devoient jouir de la liberté mais cet accord ne dura guère. Il est étonnant que ces princes, se connoissant si bien, et sachant que de part et d'autre la sainteté des sermens n'étoit employée que pour se tromper mutuellement, espérassent quelque succès d'un moyen si usé et si décrié. A peine ce dernier traité étoit-il conclu, que chaque parti prétendit qu'il s'y étoit fait des infractions et les hostilités recommencèrent: La véritable raison étoit la grande puissance d'Antigone, qui, s'accroissant tous les jours, devenoit trop formidable aux trois autres pour leur permettre de demeurer en repos qu'ils ne l'eussent abattue.

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Il étoit visible qu'ils ne travailloient tous qu'à leur intérêt particulier, sans songer à la famille d'Alexandre. Mais les Macédoniens commencèrent à se lasser, et à dire qu'il étoit temps de faire paroître le jeune Alexandre, qui étoit parvenu à l'âge de quatorze ans, et de le tirer de prison pour lui donner connoissance des affaires. Cassandre, qui auroit vu par là toutes ses espérances ruinées, fit mourir secrètement le jeune roi avec sa mère Roxane dans le château d'Amphipolis, où il les tenoit renfermés depuis quelques années.

Av. J.C.310.

Polysperchon, qui gouvernoit dans le Péloponèse, prit As. M. 3694. cette occasion de se déchaîner partout contre Cassandre, Diod. 1. 20, et, de faire sentir la noirceur de cette action pour le rendre p. 760.761, et 766.767. odieux aux Macédoniens et s'en attirer l'affection. Comme il songeoit à rentrer dans la Macédoine, dont il avoit été chassé par Cassandre, il affectoit de paroître fort zélé pour la maison d'Alexandre; et, pour en donner des preuves, il fit venir de Pergame Hercule, autre fils qu'Alexandre avoit en de Barsine, veuve de Memnon, qui pouvoit alors avoir dix-sept ans; et, s'étant avancé avec une armée contre Cassandre, il proposa aux Macédoniens de le mettre sur le trône. Cassandre en fut effrayé; et, dans une entrevue qu'il eut avec lui, il lui représenta

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qu'il alloit lui-même se donner un maître; qu'il feroit bien mieux de se défaire d'Hercule et de s'emparer de la Grèce; et il lui offroit pour cela son secours. Il n'eut pas

de peine à le faire consentir à lui sacrifier ce jeune prince, dans la mort duquel il lui faisoit envisager de grands avanAN. M. 3695. tages. Ainsi, l'année suivante, Hercule et sa mère eurent Av. J.C.509. le même sort entre ses mains qu'avoient eu Roxane et son

Diod. p. 760.

Diod. p. 766.

fils entre celles de Cassandre: et ces deux scélérats assassinèrent chacun à leur tour un héritier de la couronne afin de la partager entre eux.

En effet, comme il ne restoit plus de prince de la maison d'Alexandre, chacun d'eux retint son gouvernement en souveraineté, et se sut bon gré de se l'être assuré pour toujours par le meurtre des princes qui seuls paroissoient y avoir un droit légitime, et d'avoir étouffé dans leur cœur un reste de respect pour la mémoire d'Alexandre leur maître et leur bienfaiteur, qui jusque-là les avoit retenus. Qui peut soutenir sans saisissement et sans horreur la vue d'une telle perfidie, si honteuse et si lâche des deux côtés? Mais l'aveuglement est tel de part et d'autre, qu'on se félicite également du succès d'une confédération scélérate, qui se termine à répandre le sang de ses maîtres. Les crimes les plus noirs ne coûtent rien à des ambitieux, pourvu qu'ils les conduisent à leur but.

Ptolémée, ayant recommencé la guerre, enleva plusieurs villes à Antigone dans la Cilicie et ailleurs. Démétrius reprit bientôt tout ce qu'on avoit enlevé à son père dans la Cilicie; et les autres généraux d'Antigone eurent le même succès ailleurs contre ceux de Ptolémée, qui n'étoit pas venu en personne à cette expédition. Il n'y eut que l'île de Cypre, où Ptolémée conserva ses conquêtes; parce qu'en faisant, mourir Nicoclès, roi de Paphos, il avoit absolument terrassé le parti d'Antigone dans cette île.

Pour se dédommager de ce qu'il venoit de perdre dans la Cilicie, il fit une invasion dans la Pamphylie, la Lycie, et quelques autres provinces de la côte de l'Asie mineure, où il enleva à Antigone plusieurs places.

Av. J. C.308.

De là, entrant dans la mer Egée, il prit l'île d'Andros; A. M. 3696. et, passant au continent, il se rendit maître de Sicyone, Diod. p. 774. de Corinthe et de quelques autres villes.

Pendant le séjour qu'il fit dans ces quartiers-là, il lia Ibid. 775. correspondance avec Cléopâtre, sœur d'Alexandre. C'étoit celle qui avoit épousé Alexandre, roi d'Epire. Depuis la mort de son mari, tué dans les guerres d'Italie, elle étoit toujours demeurée veuve; et, depuis plusieurs années, elle faisoit sa résidence à Sardes en Lydie. Comme Antigone, maître de cette ville, ne ménageoit guère cette princesse, Ptolémée se servit avec habileté de son mécontentement pour l'attirer dans son parti. Il l'invita à le venir trouver, espérant de tirer de sa présence plusieurs avantages contre Antigone. Elle s'étoit déjà mise en chemin; mais le gouverneur de Sardes, l'ayant arrêtée, la ramena, et peu de temps après, par ordre d'Antigone, il la fit mourir secrètement. Antigone, aussitôt après, vint à Sardes, et fit le procès à toutes les femmes qui avoient été les instrumens de ce meurtre, et qui y avoient prêté leur ministère.

On voit ici avec surprise et avec admiration combien le bras de Dieu, s'étoit appesanti sur toute la race d'Alexandre, et avec quelle rigueur il en poursuivoit les moindres restes, et tout ce qui avoit eu le malheur d'appartenir à ce fameux conquérant, dont tout l'univers ambitionnoit la faveur quelques années auparavant. Une malédiction funeste dévoroit toute cette famille, et vengeoit sur elle toutes les violences commises par ce prince. Dieu se servoit de ses courtisans mêmes, de ses officiers, de ses domestiques, pour exercer la sévérité de ses jugemens à la vue de toute la terre, qui recevoit ainsi une sorte de réparation de tous les maux qu'Alexandre lui avoit faits.

Antigone, ministre et exécuteur de ces ordres pleins de justice du côté de Dieu, n'en étoit pas moins criminel, parce qu'il ne s'y portoit que par des vues d'ambition et de cruauté, dont il sentoit lui-même toute l'horreur, et dont il auroit bien souhaité pouvoir dérober la connois

AN. M. 3697.

sance aux hommes. Il célébra les funérailles de Cléopâtre avec une magnificence extraordinaire, espérant par tous ces beaux dehors éblouir le public, et éviter la haine que cette noire action méritoit. Mais une profonde hypocrisie comme celle-ci découvre pour l'ordinaire le crime qu'elle veut cacher, et ne fait qu'augmenter la juste horreur qu'on a pour ceux qui en sont les auteurs.

Cette lâche et barbare action n'est pas la seule que commit Antigone. Séleucus et Ptolémée élevoient l'édifice de leur puissance sur la clémence et sur la justice avec lesquelles ils gouvernoient leurs peuples; et ils établirent par cette voie des empires durables, qui demeurèrent pendant plusieurs générations dans leurs familles. Le caractère d'Antigone étoit bien différent. Sa maxime étoit, si quelqu'un faisoit obstacle à ses desseins, de s'en défaire sans avoir aucun égard à la justice ni à l'humanité. Aussi cette force brutale et tyrannique, par laquelle seule il s'étoit soutenu, venant à lui manquer, il perdit l'empire et la vie.

Quelque sage et modéré que fût le gouvernement de Ptolémée, il ne fut pas à l'abri des révoltes : l'infidélité d'Ophellas, gouverneur de la Libye et de la Cyrénaïque, qui se souleva à peu près dans ce temps-ci, lui donna une juste inquiétude, mais heureusement elle n'eut pas de suite. Cet officier avoit d'abord servi sous Alexandre. Après sa mort, il s'étoit attaché à Ptolémée, et l'avoit suivi en Egypte. Ptolémée lui avoit donné le commandement de l'armée qu'il envoya pour réduire la Libye et la Cyrénaïque, provinces qui lui avoient été accordées, aussi-bi n que l'Egypte et l'Arabie, par le partage qui se fit de l'empire. Quand ces deux provinces furent soumises, Ptolémée lui en laissa le gouvernement. Ophellas, le voyant trop occupé contre Antigone et Démétrius pour avoir quelque chose à craindre de sa part, s'étoit rendu indépendant, et étoit demeuré possesseur tranquille de son usurpation jusqu'à cette année.

Agathocle, roi de Sicile, étant venu en Afrique faire Av. J.C.307 la guerre aux Carthaginois, essaya d'engager Ophellas

Diod.p.777.

dans son parti, et lui promit de lui aider à se rendre maître de toute l'Afrique. Ophellas, séduit par une promesse si flatteuse, mena à Agathocle une armée de vingt mille hommes sur les terres des Carthaginois; mais à peine y fut-il arrivé, que le scélérat qui l'y avoit attiré se défit de lui et garda son armée. On peut voir dans l'histoire des Carthaginois quel fut le succès de cette noire trahison. Ptolémée, par la mort d'Ophellas, recouvra la Libye et Plut. in Dela Cyrénaïque. Ce dernier avoit pour femme une Athé- metr. p. 894. nienne d'une rare beauté, nommée Eurydice, qui étoit descendue de Miltiade. Après la mort de son mari, elle retourna à Athènes, où Démétrius la vit l'année d'après, et l'épousa.

§. VII. Démétrius, fils d'Antigone, assiége et prend
Athènes, et y établit le gouvernement démocratique.
Démétrius de Phalère, qui y commandoit, se retire à
Thèbes. Il est condamné à mort, et ses statues renver-

sées. Il passe en Égypte. Honneurs excessifs que les
Athéniens rendent à Antigone et à son fils Démétrius.
Celui-ci remporte avec sa flotte une grande victoire sur
Ptolémée, prend Salamine, et se rend maître de l'île
entière de Cypre. Après cette victoire, Antigone et Dé-
métrius prennent le titre de roi, et les autres princes à
leur exemple. Antigone forme une entreprise contre l'É-`
gypte qui lui réussit mal.

Av. J.C.566.

894.

Antigone et Démétrius avoient formé le dessein d'af- AN. M. 3698. franchir la Grèce entière, que Cassandre, Ptolémée et Plut. in DePolysperchon tenoient dans une espèce de servitude. Ces metr. p. 892princes confédérés, pour s'assujettir les Grecs, avoient jugé nécessaire d'établir dans toutes les villes dont ils s'étoient rendus maîtres l'aristocratie, c'est-à-dire le gouvernement des riches et des puissans, qui approchoit le plus de celui des rois. Antigone, pour s'attirer ces mêmes peuples, prit une voie contraire en y substituant la démocratie, qui flattoit davantage l'inclination des Grecs, et en mettant le pouvoir entre les mains du peuple. C'é

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