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tiques. Morellet trouve en Italie le Directorium inquisitorum, et en donne une traduction; il traduit le livre des Délits et des peines de Beccaria, et l'on en répand sept éditions dans une année. Voltaire recueille les bénédictions, en se faisant le défenseur des opprimés.

Dans l'attente d'améliorations sociales, force particuliers s'ingéniaient à instruire, à moraliser les classes pauvres, à faire prospérer l'agriculture, à étudier les maladies des bestiaux, à introduire des plantes étrangères. La première société économique fut instituée à Zurich en 1747. Une société d'agriculture, fondée à Paris en 1761, fut bientôt imitée dans les provinces. Les académies bannissaient de leurs concours les questions frivoles. L'Académie des sciences, en 1787, chargea Bailly d'un rapport sur la construction des hôpitaux, où il réunit tout ce que les sciences et la pratique suggéraient de mieux pour le soulagement de l'humanité. Celle de Besançon, prenant en considération la fréquence des disettes, proposa, en 1771, un prix pour la découverte d'un nouvel aliment à l'usage du peuple. Parmentier proposa la pomme de terre déjà connue depuis longtemps, elle était repoussée par le préjugé ou la négligence; mais il s'obstina, et finit par en triompher. Il obtint du gouvernement un terrain dans la plaine des Sablons, et ce fut bientôt une mode de porter à son habit une fleur de cette plante. On plaça des sentinelles autour du champ, pour stimuler le désir et donner plus de prix à ce fruit défendu; Parmentier donna un repas où assistaient Franklin, Lavoisier, et la pomme de terre s'y montra sous toutes les formes.

Duhamel étudia la structure d'une foule de plantes, et donna un traité général des arbres à fruit, et un autre de la culture des terres. Claude Bourgelat, de Lyon, tout occupé des chevaux et de leurs maladies, écrivit pour l'Encyclopédie les articles relatifs à l'art vétérinaire, dont il ouvrit la première ecole dans sa ville natale en 1762. L'abbé Rozier, son successeur à Lyon, étendit et améliora cette science. S'appliquant ensuite à l'agriculture, il chercha dans ses voyages et dans la science de nouvelles sources de prospérité pour le pays; il publia un Cours d'agriculture, écrit avec chaleur et simplicité.

Malesherbes, ministre et plus tard défenseur de Louis XVI, avait débuté en 1756 par combattre la multiplicité et la rigueur des impôts. Il rédigea cinq mémoires sur la législation de la presse, en même temps qu'il enrichissait les jardins et les bois d'espèces nouvelles. Le médecin Helvétius enseignait les soupes économiques à la Rumfort; Parmentier améliorait le pain de munition; Daubenton introduisait les moutons mérinos. Lombe établissait à Derby un moulin à soie dont les 26,586 dévidoirs, mus par l'eau, donnaient en vingt-quatre heures une énorme quantité de fil d'organsin. Oberkampf fondait à Jouy une manufacture de toiles peintes et une filature de coton à Essonne, industries toutes nouvelles. Les indiennes de France devinrent de mode à la cour, et l'Angleterre elle-même les rechercha. L'abbé de Lasalle, chanoine de Reims, touché de l'ignorance des enfants du peuple, fonda l'École des frères, et le chevalier Paulet introduisit parmi eux l'enseignement mutuel. Oberlin, de Strasbourg, institua dans sa paroisse des asiles pour l'enfance; il améliora l'économie rurale, et transforma en un véritable jardin un canton stérile et désolé des Vosges,

Montyon, si célèbre depuis par les prix qu'il institua, en fondait un premier dès 1780 pour des expériences utiles aux arts; un autre, pour l'œuvre littéraire la plus profitable à la société; un troisième, pour la découverte qui rendrait moins nuisibles les opérations mécaniques, et pour l'artisan qui simplifierait un procédé industriel; un quatrième, pour celui qui trouverait les meilleurs moyens de suppléer ou d'économiser le travail des nègres.

Le nombre des machines s'augmenta; ou établit les pompes à feu, l'éclairage public, les cimetières en plein air. Les horloges furent perfectionnées; on introduisit le tartre émétique; on établit les secours pour les noyés. La chimie améliora les procédés des arts et de la pharmacie. Berthollet enseigna à blanchir les toiles avec le chlore. Lavoisier s'ingénia à obtenir le nitre sans endommager les édifices; il améliora la poudre à canon, les méthodes agricoles, l'élève du bétail. Poissonnier trouva le moyen de rendre l'eau de mer potable; Seguin apprit à tanner les cuirs par un système nouveau; Thenard et Bron

ainsi

gniart, à améliorer les peintures à l'huile et sur émail, qu'à faire macérer le chanvre par des procédés chimiques. Déjà Chaptal proclamait que la science est stérile, si elle n'est pas applicable: il employait sa fortune à multiplier les expériences, et à arracher à la nature des secrets profitables à l'humanité; il introduisit les fabriques d'alun artificiel, d'acide sulfurique, de soude, et les blanchisseries à la vapeur.

D'Arcet, cherchant à imiter les porcelaines de Chine, étudia les procédés des potiers et des vitriers; poussa les analyses chimiques à l'aide du feu, et accrut la célébrité de la manufacture de Sèvres. Les frères Montgolfier simplifiaient les procédés de la papeterie, la fabrication de la céruse, et la stéréotypie; ils appliquaient le bélier et la presse hydraulique, et osèrent tenter les ascensions aérostatiques. Constantin Périer établissait à Paris les pompes pour élever l'eau et la distribuer dans les différents quartiers, comme il en existait déjà à Londres (1779); et sa Pompe à feu de Chaillot devenait une école de machiniste. Le mécanicien Vaucanson, de Grenoble, après avoir construit des automates qui faisaient de la musique, des canards qui mangeaient et digéraient, perfectionna le moulin à soie et la machine pour exécuter les étoffes à fleurs. Réveillon fabriquait des papiers peints; Lenoir, des instruments de mathématique; Argan, les lampes à double courant ; Réaumur, le fer blanc et l'acier fondu. L'art des jardins s'améliorait aussi. Ambroise Didot introduisait le papier vélin, et, grâce au procédé de la stéréotypie, son fils Firmin Didot put donner des éditions plus correctes et à meilleur marché. Rappelons ici les nombreux ouvrages de médecine populaire, parmi lesquels il suffira de citer ceux de Tissot et de Hufeland.

La petite vérole, acclimatée en Europe dès le huitième siècle, croissait en violence depuis le commencement du seizième, et elle tuait par an un demi-million d'Européens. Huit individus sur dix en étaient attaqués; un septième succombait; les autres y perdaient quelque organe, ou restaient défigurés. Les Grecs modernes et les Circassiens apprirent, on ne sait d'où, à prévenir ce mal par l'inoculation artificielle; on la pratiquait sur les filles, pour préserver leur beauté destinée aux sérails

turcs. L'Europe n'avait pas ignoré ce procédé; mais elle en avait dédaigné l'usage, jusqu'au moment où lady Wortley Montagu, dont le mari était ambassadeur d'Angleterre à Coustantinople, entendit raconter qu'une vieille femme de la Thessalie inoculait la petite vérole avec des cérémonies superstitieuses, qu'elle prétendait lui avoir été révélées par la Vierge : elle faisait, disait-on, une incision en croix sur le front ou sur le menton, puis elle y appliquait une moitié de noix; elle exigeait un cierge pour récompense. Quoique l'opération fût douloureuse, lady Montagu voulut y soumettre son fils; elle fit tout pour mettre cet usage à la mode (1718) parmi les mères d'Europe, tandis que Maitland, son chirurgien, prenait à tâche de convaincre les médecins.

L'opposition fut violente, et les gouvernements allèrent jusqu'à la contrainte pour vaincre le préjugé. Le médecin Jenner (1749 1823) observa à son tour que, dans certains comtés d'Angleterre, ceux qui gardaient les vaches contractaient, en les trayant, une espèce de pustule qui les garantissait de la petite vérole, au point que l'inoculation ne pouvait même prendre sur eux. Il multiplia les observations, les expériences, et publia ses immortelles Recherches sur les causes et les effets de la variole vaccine, qui bientôt furent traduites dans toutes les langues.

Un sourd-muet était alors une calamité dans une famille, presque un opprobre, bien que le vulgaire vénérât en eux quelque chose de surnaturel, comme on le fait encore aujourd'hui pour les crétins dans le Valais. Des tentatives d'éducation avaient été faites, surtout en Espagne et en Italie, au commen

'Timonio, médecin grec, qui avait étudié à Oxford et à Padoue, publia en 1715 une Historia variolarum quæ per incisionem excitantur. En 1717, Klaunig, médecin de Breslau, faisait connaître, dans les Éphémérides de l'académie Léopoldine-Caroline, l'inoculation, qu'il avait apprise de Skragenstiern, premier médecin du roi de Suède. Un nommé Boyer, étudiant en médecine à Montpellier, la prit pour sujet d'une thèse. On peut voir dans Sprengel les preuves de la connaissance antérieure de l'inoculation, et de l'usage qu'on en faisait en Chine, dans l'Hindoustan et dans l'Arabie.

cement du dix-huitième siècle. Le juif portugais Pereira instruisait à Paris des sourds-muets, et il en présenta quelques-uns à l'Académie et au roi; mais il n'existait pas encore de méthodes fixes, ou l'on en faisait un secret. Plein de sympathie pour ces infortunés, l'abbé de l'Épée ne recula devant aucune difficulté pour créer un intermédiaire entre le langage parlé et l'intelligence de ses élèves; il multiplia en conséquence et fixa les signes corporels à l'usage du sourd-muet. L'abbé Sicard perfectionna ensuite cette méthode (1712-1789). Pour la répandre, l'abbé de l'Épée s'appliqua à apprendre plusieurs langues; et Catherine II l'ayant fait complimenter par son ambassadeur : Qu'elle m'envoie plutót, dit-il, un sourd-muet à instruire. Joseph II lui ayant offert une abbaye, il lui répondit : Ce n'est pas à moi que vous devez faire du bien, mais à mon œuvre. Il lui demanda donc de fonder à Vienne un institut. « Puissent les différentes nations, répétait-il, ouvrir les yeux sur les avantages d'une école pour les sourds-muets de leurs pays! Je leur ai offert et je leur offre encore mes services; mais qu'elles se souviennent que je n'accepterai aucune récompense!

Hay fonda, en 1786, une école d'aveugles.

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L'esprit philanthropique apparaissait aussi dans les mesures du gouvernement. C'est à peine si sous le règne fastueux de Louis XIV il avait été construit cinq ponts; et les chemins étaient dans un tel état, que la plupart des gens voyageaient à cheval. Au dix-huitième siècle, les routes s'améliorèrent, les ponts se multiplièrent, et celui de Neuilly, entre autres, est un chefd'œuvre de Perronet. En 1662, l'abbé Laudati obtint des lettres patentes pour établir, à Paris et ailleurs, des postes, où on louait un homme avec une lanterne pour se faire accompagner; le tarif était de cinq sous par quart d'heure pour une voiture, de trois sous pour les gens à pied. On commença vers ce

'On cite parmi ceux de ses disciples devenus instituteurs, l'abbé Stork à Vienne, l'abbé Silvestri et l'avocat consistorial de Saint-Pierre à Rome, Ulrich en Suisse, Dangulo et d'Alea en Espagne, Dole et Guyot en Hollande, Sicard, Salvan, Huby en France. L'abbé Assarotti introduisit à Gênes et y soutint cet enseignement avec ses propres res

Sources.

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