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leurs, et peut fournir un indice de l'importance attachée à cette position tant par les Génois que par les Turcs.

La colonie génoise, après une existence autonome de deux siècles environ, disparut avec l'empire grec, qu'elle avait presque toujours combattu. Durant cette période et celle qui la précéda, c'est-à-dire lorsque les Latins habitaient encore la ville même de Constantinople, la Latinité peut compter deux périodes bien distinctes, celle pendant laquelle Venise exerça la prépondérance, mais sans exclure les autres nations, et celle pendant laquelle Gênes l'emporta alors, comme elle était chez elle à Galata, sa domination fut exclusive, même au point de vue religieux. Sa puissance fut détruite, mais comme la religion catholique n'est attachée à aucune bannière politique, elle continua à vivre, même sous l'empire du croissant.

CHAPITRE II.

LA « MAGNIFICA COMUNITÀ DI PERA. »

PROTECTORAT DE LA FRANCE.

POPULATION LATINE.

Nous avons vu comment était organisée la colonie de Galata sous la domination génoise. Au moment de la capitulation, accordée par sultan Mehemmed, le podestat, qui représentait le pouvoir central de la métropole, n'ayant pas voulu signer la capitulation, et s'étant retiré, il n'était resté en face du conquérant qu'une réunion de Bourgeois, qui ne tarda pas à s'organiser comme nous aurons à le dire bientôt. Mais il est à remarquer que, pour la colonie galatiote, comme pour toutes les nationalités que l'empire ottoman absorba peu à peu, c'est bien moins avec un peuple qu'avec une communauté religieuse que le conquérant veut avoir à traiter. Plus tard il entrera en relations amicales avec les puissances occidentales et conclura avec elles des traités ou capitulations, mais pour le moment il n'est question que d'une concession faite à des sujets nouveaux, donnés par la conquête.

On peut considérer cette capitulation de Mehemmed II, comme l'origine de la communauté dite des Latins, Latin raïacy, administrant, jusqu'à nos jours, dans tout l'empire, les affaires des Latins, sujets de la Porte. Le chef de la chancellerie des Latins à Constantinople est en possession d'un sceau portant en turc cette inscription: « N. Chef de la communauté des Raias latins, Vėkifi-milleti réáïâï latîn.» Celui-ci a auprès de lui un fonctionnaire ou Moukhtar (chef de quartier), pour Ga

lata, dit Moukhtari mahallei ghalata, milleti latin. Des chancelleries latines sont aussi établies à Brousse, Chio, Smyrne, et dans quelques autres localités; elles relèvent de celle de Constantinople, celle-ci à son tour relève du ministère ottoman des affaires étrangères, témoignage évident de son caractère originel d'extranéité. Il est à remarquer cependant que cette autorité', quoique bien reconnue par la Porte, ne figure point dans le Sal-Namè, ou annuaire ottoman 2.

Quelle forme prit la nouvelle administration de Galata, après la conquête ottomane? Elle dut, nécessairement, être réglée d'après les bases de la capitulation; mais les renseignements font défaut; seulement, et d'après une copie d'anciens documents, euxmêmes incomplets", il résulterait que les notables de la ville se seraient constitués en un corps municipal, civil et religieux, sous le titre de « Confraternité de Sainte-Anne; » à quelle époque cela. eut-il lieu ? fut-ce immédiatement après la conquête? On pourrait supposer le contraire, en considérant l'espoir que Gênes avait conservé d'obtenir, de sultan Mehemmed, une fois en paix avec lui, et, comme autrefois, des empereurs byzantins, la possession de Galata; mais la réponse de ce prince à l'ambassadeur génois fit évanouir ces espérances'. A propos d'une visite de sultan Murad III à Galata, en 1584, l'historien turc Selâniki parle des plaintes du peuple et des primats de Galata contre le cadi de cette ville; comme il n'aurait pas employé ce terme pour désigner les musulmans, l'historiographe ottoman désigne donc par là « les notables, les chefs de la communauté chrétienne. »

La communauté latine, dont le chef, comme autrefois l'ancien baile vénitien à Constantinople, se décorait du titre de Magnifico, donné dans l'antiquité aux préfets de l'empire romain", la communauté latine était dirigée par un prieur, un sous-prieur et douze conseillers, elle paraît n'avoir jamais

1 Voyez au sujet des Latins ou Catholiques, sujets de la Porte, Ubicini, Lettres sur la Turquie, 1854, II, 385, et seq.

2 V. Notre Étu le sur la propriété en pays musulman, p. 177. 3 Procès-verbaux de 1603 à 1689 et quelques pièces de 1793.

A Hammer, loc. lau l. III, 68.

Page 282.

6 Cf. Miltitz, II, 472; Guizot, Cours d'histoire mo·lerne, p. 47.

7 Tous les conseillers devaient être de rite catholique latin, natifs de Péra, ou du moins, mariés à des femmes pérotes; (décision du 25 avril 1632).

compté guère plus d'une trentaine de membres; elle avait l'administration temporelle des églises, et nommait annuellement, pour chacune d'elles, deux procureurs', chargés de l'administration de leurs biens immobiliers, du produit des quêtes, des aumônes, et des taxes établies par la communauté; tout procureur élu prieur, devait se démettre de la procure. (Décision du 12 décembre 1617.)

Dans les documents contenus encore dans les archives des diverses communautés religieuses, elle est ordinairement appelée «La Magnifica Comunità di Pera. »

En 1583, le 18 novembre, la « Magnifica Comunità di Pera >> fit une instance formelle auprès du Vicaire patriarcal, pour réclamer les droits anciens qu'elle avait, depuis la capitulation de Mehemmed II, en 1453, de choisir (sauf confirmation de l'Ordinaire), les religieux qui devaient desservir les églises lui appartenant, c'est-à-dire celles de Ste-Marie et de St-Nicolas à Constantinople, et celles de Ste-Anne, de St-Benoît, de St-Jean, de St-Sébastien, de St-Antoine, et de St-Georges de Péra. Ce droit de nomination lui avait été contesté par l'évêque de Tinos, visiteur apostolique, dans les ordonnances laissées par lui à l'issue de sa visite. Il paraît que l'on fit droit à ses réclamations; mais les procureurs ne satisfaisant pas à leurs obligations, le Père Ministre Provincial des Conventuels menaça d'excommunication les procureurs de « la Magnifica Comunità » qui ne rendraient pas compte à la fin de l'année, selon les ordres des Visiteurs apostoliques, de l'administration des églises et autres établissements pieux, confiés à chacun d'eux.

La communauté prélevait sur les recettes, les fonds nécessaires à la réparation des églises, au paiement des avanies, etc. L'argenterie des églises était placée sous la garde des procureurs qui, sur inventaire, en faisaient remise, chaque année, à leurs

successeurs.

La « Comunità » entretenait, pour ses affaires, une correspondance active avec un prince de la Cour romaine, dit « cardinale protettore di Levante; » elle se serait plainte à ce prélat,

Les procureurs de la Curie épiscopale de Gênes s'intitulaient, economo, vice-domino, ministro e procuratore: (Atti della Società ligure, 1871, p. 332.)

en 1606, « de l'introduction, à Péra, du calendrier grégorien', à cause de la nouvelle barrière que cela élèverait entre les catholiques et les Grecs comme aussi des dissentiments qui en résulteraient par suite des alliances mixtes, et elle aurait prié le cardinal-protecteur d'obtenir, de Sa Sainteté, la faculté de célébrer les fètes selon l'ancien calendrier, comme cela avait été accordé pour Candie, Corfou et autres lieux.

En 1590, le Prieur de la Confraternité de Ste-Anne, président de la « Magnifica Comunità, » était en même temps procureur de St-François (Ce n'était point contre les règlements, car St-François n'appartenait pas à la commune). En 1631, le Vicaire Patriarcal, à la suite de sa visite pastorale, enjoignit aux deux procureurs de la « Magnifica Comunità di Pera,» sous peine d'excommunication, de lui rendre compte de leur administration des églises et autres établissements pieux.

En 1648 la mème intimation leur fut faite, sous peine des censures de l'Église ; et l'année suivante l'Ordinaire enjoignit à Messieurs les membres de la « Comunità di Pera,» sous peine d'excommunication, de fournir les comptes de leur administration des églises de Galata que, depuis de longues années, ils refusaient de présenter; comme aussi de restituer tous les produits encaissés par eux, et de verser le montant des pertes et dommages occasionnés par les retards apportés dans la reddition de leurs comptes. Comme ces Messieurs ne voulurent pas se soumettre et rendre leurs comptes, le R. P. Gian-Franceso Circhi, d'Anagni, Vic. Patriarcal, lança contre eux l'excommunication. Mais ce religieux ayant renoncé à sa charge et étant remplacé par le R. P. Severoli (Fr. Filippo, min. Conv.), la « Magnifica Comunità di Pera » lui présenta un mémoire justificatif de son administration, à la suite duquel, par un acte du 7 septembre, non seulement il les absout, mais encore il les comble de louanges. (Il est vrai que dans un mémoire subséquent, il revient sur cette appréciation), 1650-1651.

Il n'y avait pas que la « Magnifica Comunità di Pera » à s'occuper des communautés, et à s'en occuper sans droit, en cer

Le Pape aurait déjà recommandé, à M. De Germigny, en 1583 (Négociations, IV, 231), de s'employer auprès des Grecs, pour l'adoption du nouveau calendrier.

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