صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

« Les arméniens avoient demandé avec instance que la procession se détournât, pour passer devant une de leurs églises ; on accorda cette grâce à l'évêque de cette église, qui reçut la procession, lorsqu'elle passa devant le temple; il étoit en chape et en mitre; plusieurs prêtres de son clergé l'accompagnoient, et étoient précédés par une cinquantaine de flambeaux. La procession s'arrêta quelques moments; un de nos diacres chanta l'évangile du jour, et l'oraison du patron de cette église; le prélat s'approcha; je lui présentai la sainte-épine, et il la baisa, avec une profonde vénération... Le lendemain, jour de Pâques, de grand matin, ils reviennent (les confrères de Ste-Anne) faire une autre procession, le long des principales rues de Galata, avec la croix haute, et chantant des hymnes; de tout temps, ils ont eu cette permission. Les Turcs qui se rencontrent sur leur chemin, sont les premiers à s'arrêter et à donner des marques de leur respect. »

Cette procession continua, sans doute, d'avoir lieu jusqu'en 1749,époque, on l'a vu plus haut, où les processions nocturnes furent interdites, à la demande du capitan-pacha.

Quant à la sainte relique, il résulte des renseignements dont je suis redevable à Mgr Testa, vicaire-général, camérier du Souverain-Pontife, qu'elle se trouvait à St-François, lors de l'incendie de cette église, en 1696; elle fut sauvée des flammes par l'un de ses aïeux; puis, des différends étant survenus entre sa famille (Charles Testa) et la confrérie, la cause fut portée à Rome, où il fut décidé que la relique resterait aux mains de ceux qui l'avaient conquise au péril de leur vie. Cependant, le possesseur de cette relique consentit à la prêter, le vendredisaint, pour la procession d'usage, à la condition qu'un prêtre de St-Benoît viendrait la prendre et la rapporter chaque fois. Cette condition n'ayant pas été remplie du vivant du père du vicairegénéral actuel, il se refusa à la prêter désormais. Au-dessous de la relique, à côté de laquelle se trouve aussi un morceau de la vraie croix, il y a, dans un double fond du reliquaire, les documents attestant son authenticité, comme il est dit dans le rapport précédent du père Tarillon.

St-Benoît possède présentement une autre sainte épine,qu'on porte, processionnellement, dans l'église, à l'issue des ténèbres, le vendredi-saint; elle est également présentée à la vénération

des fidèles, le jour de Pâques, après la procession de la Résurrection, par la confrérie de Ste-Anne.

Les églises de Ste-Marie, à Péra, et du Saint-Esprit, à Pancaldi, ont aussi, chacune, une relique de la sainte épine,exposée à la vénération des fidèles, le vendredi-saint, à l'issue des ténèbres.

Les grecs ont conservé l'usage de la procession le vendredisaint; le 26 avril 1872, vendredi-saint, ancien style, je me trouvai sur le passage de la procession sortie de l'église grecque de St-Jean, à Galata', à six heures de l'après-midi, et se déroulant, au milieu d'un grand concours de peuple, dans les rues avoisinant l'église; le clergé, précédé de la croix, entourée des . csefteria, « emblèmes des chérubins, » de riches bannières et lanternes, portait, sur une espèce de dais, porté par quatre prêtres, l'image du Christ mort, reposant sur ce dais, symbole du saint tombeau. Le clergé de l'église voisine, dite du Christ, se porta sur le passage de la procession. La même procession se fait, dans l'église épiscopale de Péra, dans l'enceinte du cloitre, autour du temple, sans sortir au dehors.

Ces détails que nous avons donnés sur une ancienne et vénérable association ont surtout un intérêt rétrospectif et historique et nous transportent au Moyen-Age, ou du moins à l'ancien régime. La confrérie de Ste-Anne s'est conservée : elle a subi, selon les temps, différentes phases de prospérité, de décadence et de renaissance. En dernier lieu, elle se serait éteinte en 1840, pour se reconstituer, sous une nouvelle forme, le 13 décembre 1856, jour de la première réunion de la nouvelle société.

L'association de St-Jean-Baptiste, chargée, après l'extinction de celle de Ste-Anne, du soin de l'hôpital des pestifėrės de Péra, au Taqcim, avait conservé une ombre d'existence par la perception du loyer de son ancien hôpital, loué aux sœurs de charité. Conservé scrupuleusement, puis accru, dans une proportion considérable, par le prix de la vente de ce même hôpital, faite à la France en 1862, le montant de cette location finit par former un capital important qui permit à l'ancienne société de se reconstituer à nouveau. Elle se compose, actuellement, de

L'ancienne église de St-Spiridion, cédée aux Chiotes, et dont il a été parlé plus haut. (Latinité de Péra-Galita, note.)

deux sections, comptant chacune dix-huit familles, l'une pour Galata, dite plus spécialement de Ste-Anne, l'autre pour Péra, dite de St-Jean-Baptiste. Chaque section est dirigée par un syndic ou président-secrétaire, assisté d'un ou deux délégués, chargés de la distribution des secours. Au moyen de ses ressources, sagement administrées, l'œuvre pourvoit à l'entretien des orphelins du choléra, au soutien des aliénés, à l'éducation de jeunes filles placées dans les pensionnats religieux, à l'entretien de malades, dans l'hôpital du Taqcim; de vieillards, dans l'hospice de l'Artigiana; et à l'assistance de pauvres honteux. Elle a acheté, à Feri-keui, non loin du cimetière catholique latin, un terrain où l'on avait projeté de construire un hôpital; sans renoncer à ce projet, la société a fait élever, sur ce terrain, un certain nombre de maisonnettes bâties en briques, pour y donner asile, provisoirement, aux victimes de l'incendie. du 5 juin 1870.

Les confréries unies de Ste-Anne et de St-Jean-Baptiste ont depuis quelques années transporté le siège de leurs réunions à l'église de Ste-Marie. Nous regrettons vivement de ne pouvoir donner de détails sur l'état de la confrérie depuis sa translation à Ste-Marie. Elle y continue ses cérémonies de la SemaineSainte et du jour de Pâques et a encore ses œuvres de charité.

2o Association commerciale et artisane de piété.

Fondée le 1er janvier 1838, par les latins de Péra, à l'instigation zélée et efficace de M. Giacomo Anderlich, cette association, entièrement séculière, possède à Pancaldi, vis-à-vis l'École impériale militaire, un hospice composé de quarantedeux petites maisons, où l'on reçoit les veuves chargées de famille, les vieillards et les infirmes hors d'état de gagner leur vie. L'association, selon les statuts, datés du 10 mars 1844, assiste toutes les infortunes, sans distinction de culte ou de nationalité; et elle dispose d'un revenu annuel d'environ cent mille piastres. En outre des cotisations d'admission et de chaque mois, les associés doivent faire la quête aux jours de fète, au moins une fois l'an, en faveur de l'œuvre, à la porte des églises.

L'administration de l'hospice avait été d'abord absolument

laïque et civile ; mais, pour faciliter le service et pour économiser les ressources, le conseil d'administration, après une entente avec Mgr Pluym, vicaire patriarcal, en remit la direction aux Filles de la Charité. La chapelle de l'hospice est placée sous l'invocation de N.-D. Auxiliatrice, et célèbre sa fête le 24 mai.

Pour les détails statistiques de l'hôpital de l'Artigiana, voir « les établissements dirigés par les Filles de la Charité. >>

CHAPITRE VII.

LES HOPITAUX CATHOLIQUES, ANCIENS ET MODERNES.

Nous avons vu au Chap. VIII, § III, de la 2 Part. que les hôpitaux catholiques sont fort anciens à CP. Leur nombre a été encore augmenté de nos jours, à mesure que la charité chrétienne a pris de nouveaux développements. Aux hôpitaux religieux se sont venus joindre les établissements nationaux : nous ne parlerons de ces derniers qu'autant qu'ils se rattachent à notre sujet, à cause des religieuses qui les desservent.

SI.

Hôpitaux anciens, pour la plupart disparus
ou fondus en d'autres.

1° Hôpital de St-Jean (confrérie de St-Jean-Baptiste).

Cet hôpital, le même que celui dit, autrefois, « des Latins >> ou « des Peyrotes, » et qui, aujourd'hui, n'existe plus, par suite de la vente faite à la France en 1862', aurait été créé par la Comunità di Péra vers 16692. Cet hôpital fut alors géré et administré par la confrérie de St-Jean-Baptiste, issue de celle de Ste-Anne, probablement à l'époque où l'hôpital San-Giovanni fut transféré de Galata à Péra.

1 Voyez plus bas, Hôpital français,

2 Cf. procès-verbal du 13 mars 1669. (Comunità di Péra.)

[blocks in formation]
« السابقةمتابعة »