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d'ètre sacrés, selon l'usage latin, Innocent III répond que,« si les évèques déjà sacrés, refusent de recevoir une nouvelle onction, le patriarche devra, sur ce point, fermer les yeux; mais que ceux qui devraient être sacrés ultérieurement, ne pourront l'être que d'après l'usage latin, parce que, dit le pape, nous ne pouvous sacrer, même les grecs, que selon nos propres coutumes1. »

Malgré la prépondérance dont ils jouissaient sur Ste Sophie, l'église patriarcale; les Vénitiens se rendirent pourtant coupables de la violation de cette église. Le patriarche fit au Pape le récit détaillé de cet événement dont voici les circonstances : le podestat fit enlever violemment l'icone sur laquelle, dicitur, S. Luc avait, de sa propre main, reproduit les traits de la sainte Vierge; placée autrefois, avec certaines reliques, dans la chapelle du grand palais, l'empereur Henri aurait fait don de cette image à Sainte-Sophie. Les Vénitiens, ne voyant pas la réalisation des promesses qui leur avaient été faites avant le couronnement de Henri, voulurent alors en assurer eux-mêmes l'exécution; le podestat envoya à Sainte-Sophie des agents qui brisèrent l'une des grandes portes de l'église; et ils se disposaient à en faire autant de celle du sanctuaire où l'image était déposée, lorsque le patriarche, informé de se qui se passait, accourut sur les lieux; voyant l'imminence du sacrilège, il menaça les envahisseurs de l'excommunication; n'ayant pu les arrêter, le prélat, « candelis accensis, » frappa publiquement et solennellement d'excommunication le podestat, son conseil et les exécuteurs de leurs ordres. Les foudres ecclésiastiques n'arrêtèrent pourtant pas les violateurs du sanctuaire; ils en brisèrent les portes, s'emparèrent de l'image, et la portèrent dans l'église du Pantocrator. Le patriarche s'étant ensuite rendu

1 Fontes, II, p. 68.

2 Cf. plus haut, serment des chanoines, 8 mai 1205.

3 Voyez ci-dessus, chap. 1.

du

4 M. le Dr. Dethier, dans une note insérée au Levant-Héral 24 avril 1876, dit : « Lorsque les croisés Latins assiégèrent et prirent CP., l'empereur fit faire une sortie contre eux, avec l'image de la madone Odighitria» conduisant à la victoire. >>> La sortie fut malheureuse, l'image tomba au pouvoir des Croisés, et fut envoyée en Italie. Sa reproduction est donnée par d'Azincourrt, dans son Histoire de l'art par les monuments, pl. 27. Le comte Riant, (des Dépouilles religieuses etc. p. 36), dit : « la cé

auprès du légat pontifical, celui-ci confirma l'excommunication. et l'interdit lancés contre toutes les églises du quartier habité par les sacrilèges. -Dans sa lettre du 15 janvier 1207, au patriarche, le pape confirma les censures prononcées dans cette circonstance 1.

Ces scènes de désordre, qui présentaient des symptômes qu'on ne saurait méconnaître, ne furent sans doute pas les seules de ce genre, car le pape enjoignait, le 7 mars 12082, aux membres du clergé de toutes les églises de Constantinople, non distraites de la juridiction patriarcale, « d'obéir aux ordres du patriarche, de le reconnaître comme le père, l'évêque de leurs âmes, et de lui rendre les honneurs et l'obéissance canoniques; il recommandait, en même temps, à l'empereur, de prêter aide et assistance à ce prélat, afin que les grecs, clercs et séculiers, rendent hommage à la très sainte Église romaine, à son vénėrable frère le patriarche de Constantinople, et le reconnaissent pour leur père et leur pasteur. »

Les marques d'insubordination se manifestaient, d'ailleurs, sur plus d'un point malgré la défense pontificale relative au serment d'exclusivité, prèté par les chanoines de Sainte-Sophie, après leur élection, cette formalité, comme le prouvent les actes de novembre 1207 et d'avril 1208, ne continuait pas moins d'être accomplie 3.

D'autre part, le patriarche se plaignait, de son côté, au pape, en mars même année, du refus des Pisans, Lombards, Amalfitains,

lèbre anscoine tomba entre les mains d'Henri d'Anjou, à l'embuscade de la Philée, elle fut attribuée à l'abbaye de Citeaux. Puis il ajoute en note: « l'identification exacte de cette image (décrite par Clari, Albéric et Coggeshale) avec l'une des trois ou quatre Icones miraculeuses de la Vierge, conservées à CP., est presque impossible. Cette ancoisne ne paraît pas d'ailleurs être venue en Europe. » Cf. Riant Dépouilles religieuses enlevées à CP, au XIII' siècle par les Latins, p. 53.)

Fontes, 72.

* Il semblerait résulter de ce passage, qu'il y avait encore à Constantinople d'autres juridictions ecclésiastiques que celle du patriarche de Grade, ne relevant pas de l'autorité patriarcale du lieu. « Vicarius patriarchæ Gradensis burgenses venetos habitatores civitatis ejusdem, sive maneant in quinque parrocchiis ejusdem patriarchæ Gradensis, sive se transferant ad parrochias sibi subjectas seu ad parrochias Pisanorum nec non etiam ad parrochias illorum, qui Constantinopolitano non sunt subditi patriarchæ, ecclesiastica districtione compellit... » (Fontes, II, 73.)

3 Id. II, p. 75.

Danois, Anglais et autres, résidant à Constantinople, d'acquitter, dans leurs paroisses, les taxes respectives; et, ce n'est pas non plus sans motif que le pape recommandait, le 8 mars 1208, au patriarche de Grade et aux siens d'éviter tout contact ou relation avec les excommuniés, et de leur refuser les sacrements 2. Enfin, un différend vint à s'élever aussi entre le patriarche et l'empereur, au sujet de la nomination (præpositura) à trente églises, et des meilleures de (infra) Constantinople, échues aux Français, que l'empereur Baudoin aurait retenues comme donation personnelle, et dans lesquelles il pourvoyait à la nomination des supérieurs et décans. Le patriarche demandait que ces églises fissent retour à sa juridiction, d'autant plus que le légat apostolique se serait adjugé vingt-trois de ces églises, sans se prononcer sur les sept autres, pour lesquelles il attendait la décision du Souverain Pontife.

L'empereur, de son côté, demandait au Siège apostolique de lui confirmer le droit de nomination sur ces églises, prétendant n'avoir pas, en cela, moins le droit que les princes occidentaux sur les églises de leurs contrées.

En l'état, le pape déféra l'examen du conflit à une commission d'enquête, formée d'un archevêque et d'un évêque, qui auraient ensuite à lui transmettre leur rapport3.

Une autre commission du même genre, composée de deux évêques et du décan de Sainte-Sophie, fut chargée d'examiner un autre conflit survenu entre le patriarche de Constantinople et celui de Grade. Le premier s'était plaint au pape, de ce que, malgré l'autorisation à lui donnée par le Siège apostolique, de prélever certaines taxes sur les Vénitiens, le vicaire du patriarche de Grade voulait contraindre les bourgeois vénitiens résidant dans la circonscription des cing paroisses de son patriarcat, ou de celles en relevant, ou bien domiciliés dans le district des paroisses des Pisans, ou tous autres non soumis au patriarche de Constantinople, d'acquitter ces taxes entre ses mains, ne leur permettant pas de recevoir la bénédiction nuptiale ailleurs que dans les églises de sa juridiction, c'est-à-dire

1 Id. II, p. 68.

Id. II, p. 69. 3 Fontes, II, 76.

là où ils ne résidaient point, et cela mème, quelquefois, sous peine d'excommunication. Le pape chargea des commissaires de prononcer canoniquement, sauf appel, sur le point en litige.

Revenant ensuite sur les faits déjà frappés de son blâme, Innocent III, sous la date du 23 avril 1208, adressa au patriarche de Constantinople des reproches sévères sur l'oubli de ses promesses; il condamna de nouveau le principe d'exclusion aux canonicat de Sainte-Sophie, appliqué à tous autres que les Vénitiens ou les prètres ayant desservi, durant dix années, une église vénitienne; et il termine en avertissant le patriarche qu'il prescrit à ses commissaires de prononcer sa suspension. Une autre lettre, de même date, enjoint aux chanoines de Sainte-Sophie d'abjurer le serment fait par eux à cet égard, faute de quoi ils seront également suspendus.

A son tour, et revenant sur l'affaire des églises à sa nomination, l'empereur Henri porta plainte au pape de ce que le patriarche, sans prendre son avis, nommait, de son libre arbitre, et sans le consulter, aux églises relevant de son autorité; et il manifestait le désir d'éviter le scandale de voir les supérieurs et le clergé de ces églises frappés d'excommunication. Il paraît que l'affaire aurait été jugée en faveur des prérogatives de l'empereur, car le pape écrit, le 2 novembre 1209, qu'il a enjoint au patriarche de mettre fin à ces injustes prétentions, et d'éloigner de ces églises les dignitaires nommés par lui'.

Poursuivant le cours de ses démarches antérieures en vue d'établir l'indépendance de sa juridiction, le patriarche de Grade requit et obtint de Mathieu, patriarche de Constantinople, le 31 janvier 1221, la rédaction d'un acte public par lequel celuici déclara et reconnut l'exemption de sa juridiction, tant au spirituel qu'au temporel, comme au temps des grecs pour les églises vénitiennes existant dans l'empire romain; il s'engageait de plus, pour lui et ses successeurs, et en cas de violation de cette promesse, à payer au patriarcat de Grade une amende de cent marcs d'argent.

1 Fontes, p. 111.

2 Fontes, II, 422. Cf. ci-dessus 14 mai 1205. Le pape Alexandre confirma cette exemption le 11 juillet 1256 (Fontes, III, 16.)

C'est vers cette époque, en 1219, que nous voyons apparaître pour la première fois en Orient des religieux nouvellement institués, les Frères Mineurs, appelés plus communément Franciscains, du nom de St. François d'Assise, leur fondateur (1182-1224). Les religieux ne manquaient pas à CP. : nous avons vu que les Bénédictins, des diverses branches de l'Ordre, s'y étaient établis dès le commencement. Les Cisterciens, qui avaient eu une si large part dans l'organisation de la croisade, avaient eu aussi une part correspondante dans la distribution des églises; les religieux de Cluny, ceux du Mont Cassin, avaient aussi leurs monastères, et nous avons même signalé un couvent de religieuses Cisterciennes. Nous avons noté aussi la présence des Ordres hospitaliers ou militaires. Tous ces Ordres entraient fort bien dans le système féodal que la conquête imposait à l'empire d'Orient; ils ne se trouvaient pas déplacés dans les conseils, à côté des Barons bardés de fer; ils s'y étaient même si bien unis et inféodés qu'au jour où l'empire fut renversé, non seulement le clergé séculier qui faisait partie du système politique, mais encore les religieux, furent renversés avec lui et disparurent des terres redevenues grecques. Les Frères Mineurs et les Frères Prêcheurs ou Dominicains, au contraire, plus indépendants des circonstances extérieures, parce qu'ils n'avaient pas de bénéfices ou de biens territoriaux, destinés, en vertu même de leurs règles, à se mêler au monde, organisés pour vivre sous toutes les latitudes et s'accommoder à tous les régimes, restèrent à leurs postes, non seulement sous les empereurs grecs, mais aussi sous les Sultans. Ils furent pendant des siècles, presque le seul clergé latin de CP., comme nous le verrons plus tard.

Le premier Frère Mineur que nous voyons cité à propos de CP. est un certain Fr. Lucas d'Apulie qui est nommé provincial de Romanie, ou de Grèce (la dixième des provinces de l'Ordre), au grand chapitre de 1219, dit Chapitre des Nattes. Il ne vint peut-être pas à CP. ou du moins il n'y resta pas bien longtemps, car en 1220, il y était remplacé par F. Benedetto d'Arezzo, un grand et saint religieux, qui organisa cette province et la fit reconnaître par l'empereur Robert de Courthenay. Cette province de Grèce comprenait tout le littoral de la Méditerranée, depuis l'Illyrie, jusqu'à CP., et même l'Asie-Mineure. Elle semble avoir été presque dès le commencement séparée de celle de Syrie ou

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