صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

CHAPITRE III.

RESTAURATION BYZANTINE.

En même temps que l'empereur Baudoin II, était parti Giustiniani, patriarche Latin de CP. : ils n'avaient pas plus l'un que l'autre de racines dans le sol de CP. Le clergé des principales églises avait, comme eux, abandonné un pays où il ne comptait presque pas de fidèles. Michel Paléologue avait fait son entrée modestement, il marchait à pied, sans ornements impériaux, à la suite de l'image de la T. Ste Vierge, qu'on disait peinte par St Luc. Il la déposa au monastère de Stude, puis étant monté à cheval, il se rendit à Sainte-Sophie, pour rendre grâces à Dieu, et de là au grand palais où il prit son logement.

Un de ses premiers soins fut de remplir le siège patriarcal, vacant par la mort de Nicéphore: il se détermina à y rappeler Arsène, qu'il en avait fait descendre quelque temps auparavant. Il le conduisit avec de grands honneurs à Sainte-Sophie, et, le prenant par la main, il lui dit : « Voilà votre chaire, seigneur, jouissez-en, maintenant, après en avoir été si longtemps privé. >> Il le mit en possession du patriarcat, rétablit en son premier état l'église de Sainte-Sophie, et pourvut à la subsistance des ministres sacrés, et à la décence du culte divin.

Un peu plus tard, désirant rétablir CP. en son antique état, il mit un clergé nombreux, avec des revenus convenables, dans l'église des Apôtres, et un autre dans celle de N.-D. des Blaquernes. De plus, à l'hôpital S. Paul, destiné pour les orphelins,

il établit une école de grammaire, avec des pensions pour les maîtres et pour les enfants. Il allait quelquefois lui-même à cette école, pour en connaître les élèves, et voir les progrès qu'ils faisaient il leur donnait, pour les exciter au travail, des prix et des congés. C'est ainsi qu'il agit partout où il lui fut possible, cherchant à effacer les traces éphémères du passage des Latins.

Ceux d'entre eux qui étaient restés continuaient à être divisés. Quoique l'appui des Génois eût été plutôt moral qu'effectif, malgré la jonction de l'escadre génoise à celle des Grecs, dans le port de CP., jonction qui selon Fanucci, amena l'amiral vénitien Michieli à conduire la sienne à Venise', Michel Paléologue n'observa pas moins avec fidélité ses engagements envers ses alliés il mit les Génois en possession du palais et de l'église des Vénitiens. A quelle « Religion » la desservance de cette église fut-elle donnée par suite de ces événements? Il est évident que ce fut à des clercs nationaux ou bien à l'un des Ordres nouveaux des Frères Prècheurs ou des Frères Mineurs, dont les membres n'avaient pas abandonné le terrain, où leur zèle trouvait ample matière à s'exercer; mais on ne sait lesquels en furent chargés. Dans tous les cas elle dut sortir de la juridiction du patriarche de Grade, pour passer sous celle de l'archevêque de Gènes.

Encore selon Fanucci, les Vénitiens irrités de leur dépossession en faveur de leurs rivaux, se seraient portés eux-mêmes vers le palais, dont ils enlevèrent tous les emblèmes nationaux et le démolirent; mais d'après Sauli, ce furent les Génois qui, par représailles de l'affront d'Acre, et cédant à leurs sentiments de rivalité et de vengeance, démolirent le palais vénitien, au bruit des instruments de musique, et des acclamations de triomphe, envoyèrent les principales pierres de l'édifice à Gènes pour y servir de trophée: elles furent employées ensuite à la construction de l'église de S. Georges". Toutefois cet acte lui

1 Fanucci, loc, lau 1. III, 24.

? Le Pantocrator, selon M. de Simoni, Giornale Ligustico 1876, 283; mais peut-être, d'après les termes du traité de Nymphie, Ste Marie de Embolo. 3 Loc. lau 1. III, 24. A Id. II, 62.

5 Ducange, Hist. de l'emp. de CP. par Buchon, p. 360.

6 Vincens, Hist. de Genes, 1, 329.

même, qui provoqua le ressentiment dissimulé de l'empereur, comme aussi le nombre toujours croissant des Génois venant s'établir à CP., engagèrent Michel, par mesure préventive de sécurité, à éloigner ces hôtes dangereux. Il leur assigna d'abord pour résidence Héraclée de Thrace', puis bientôt après, le rocher de Galata, vis-à-vis CP., dans la région de Péra?. Quant aux Vénitiens (ce qui restait de l'ancienne colonie de l'empire latin) et aux Pisans, (dont on a vu plus haut la prudence intéressée,) comme ils étaient en petit nombre, l'empereur leur permit de rester dans la ville, mais séparés les uns des autres 3. Malgré cela Michel n'obtint pas de cette mesure les résultats espérés; les nouveaux colons, hors d'état d'ailleurs de résister victorieusement, se déclarèrent bientôt en état de rébellion: mais tout en les ramenant à l'obéissance Michel, voulant établir une sorte d'équilibre, et au besoin se ménager un appui parmi leurs rivaux, conclut, le 30 juin 1268, avec le doge Raniero Geno une trève, dans laquelle on lit : « De même, l'empereur nous a concédé les églises, les prètres et le baptême (?), selon notre coutume, à Constantinople et autres lieux de son empire; ces églises, prêtres et baptême seront exempts de la juridiction impériale, et cela sans possibilité de révocation, jusqu'à l'expiration de la présente trève. »

Le 19 mars 1277, le même empereur donna aussi un chrysobulle, portant ce qui suit : « Notre empire leur donne, dans Constantinople, les maisons (hospicia), sous les murs de la ville, commençant de la porte Trungarion, venant à Saint Quintan, à gauche, et allant « ad cubam Sanctæ Mariæ, » vers la rue des Ciriers; puis, allant jusqu'à la porte de Perama, et

1 Nicéphore Grigoras L. IV, ch. 5. Pachymères, Bonnæ 1835, I, 168... M. Paspati pense que les Génois auraient été envoyés à Galata par suite de l'agrandissement du palais impérial, dont la muraille d'enceinte aurait été reculée vers le sud; les motifs de cet éloignement, furent multiples et, sans admettre que cette raison fut absolue, il est possible que l'empereur s'en soit servi comme d'un prétexte pour arriver à ses fins, sans blesser ses anciens alliés.

2 Sauli loc. cit. 64.

3 Pachymères L. cit. Buchon, Hist. de l'Emp. de CP. 360.

▲ CPlis, ch. I, 60; Constantiniade 160.

[merged small][ocr errors][merged small]

7 Le texte porte currigiariorum; M. Paspati lit cerulariorum. En prolongation de la rue Balyq-Basar, on trouve celles des Épongiers, puis des Mar

de celle-ci à la porte de Trungarion, les maisons en dedans (deintus), de la muraille, savoir une maison pour l'habitation du baile, une autre pour les conseillers, et une autre pour magasins (pro cannava)' des objets de la commune vénitienne; notre empire prendra à loyer, pour les marchands vénitiens venant du dehors, vingt-cinq autres maisons, autour des trois susdites; et elles leur seront données gratuitement, pour habitation.

<< Notre empire leur donnera également deux églises dans Constantinople, savoir celle de la très sainte Marie, Mère de Dieu, et l'église de Saint-Marc3; notre empire leur concède aussi d'avoir des prètres, le baptême, etc., comme dessus. »

Les auteurs que nous avons pu consulter ne parlent point d'une église spéciale sous ce dernier vocable; il est permis de supposer que cette dénomination était employée dans le peuple, et par métonymie, pour désigner l'église sur laquelle, aux jours de solennité, flottait le pavillon de Saint-Marc c'est-à-dire St. Akindin; une semblable métonymie s'est reproduite plus tard, à l'égard de Saint-Paul, de Galata, désignée dans certains documents, sous le nom de Saint-Dominique, par la seule raison qu'elle était desservie par les Pères Dominicains. Il paraîtrait donc résulter du texte précité, que les Vénitiens furent remis en possession de leurs églises de Saint-Marc, et de celle de la Très Sainte Vierge.

Une autre dénomination: Santa Maria delle Grazie, qu'on retrouve comme désignant une église latine de Constantinople, paraît devoir s'appliquer encore au même édifice religieux.

briers et des Moumljilar « Ciriers; » à l'entrée de celle-ci, il existe une petite mosquée, dite de Hadji-Moustafa, ancien chef des eunuques, qui aurait été brulée trois ou quatre fois, et dont une partie des dépendances (racouf) aurait été vendue.

1 Cannava ou Canova d'où Cannoraro, officier de la maison de l'archevêque de Gênes et de certains couvents d'Italie.

2 Cf. Acta... Græca, III, 88; p. 11, il est fait mention de l'église tis peraïou Theotocou ecclicia tis Pissis, dite, dans la table, « ecclesia metropolitana Pisanorum. » On lit aussi dans le même index : « o aïos Marcos, ecclesia Venetorum CPli. >>

3 Miltitz, II, 1, 19, 25, et, ci-après S. Benoît et S. Pierre.

▲ Cf. Chapitre 1, p. 11. Ces deux églises devaient être l'ancienne église Sainte-Marie de Embolo et Saint-Marc, autrement dit Saint-Akindin,

1

En 1285, le 15 juin, l'empereur Andronic conclut avec le doge Jean Dandolo une trève de dix années; on lit dans ce document, comme dans la trêve de 1277, la délimitation du quartier vénitien et le passage relatif aux églises, aux prètres et au baptême. Cet acte fut confirmé le 28 juillet suivant 2.

Tout en ayant opéré la restauration byzantine sur les ruines de l'empire latin, Michel Paléologue, selon la politique d'équilibre qu'il s'efforçait de pratiquer, comprenant, comme certains de ses prédécesseurs, que, bientôt peut-être, son pays pourrait avoir besoin de l'Occident, ne voulut pas rompre entièrement avec la Latinité.

Nous avons vu les tentatives réitérées qui avaient été faites pendant la durée de l'empire latin pour amener la réconciliation des deux Églises, de nouvelles, mais aussi infructueuses négociations, furent encore entamées après la restauration byzantine. Ainsi, comme Guillaume de Villehardouin, prince d'Achaïe, secondé par les autres barons chrétiens du Levant, faisait aux Grecs une guerre avantageuse, Michel Paléologue dépêcha au pape Urbain IV une ambassade composée de Maxime Alufard, moine, Andronic Muzzalon et Michel Abalante, pour le mème objet. Urbain répondit (28 juillet 1263) par une lettre très digne et très paternelle, et lui envoya quatre Frères Mineurs, FF. Simon d'Auvergne, Pierre de Moras, Pierre de Crest et Boniface d'Yvrée. Il écrivit en même temps au prince d'Achaïe pour l'en avertir et lui faire cesser les hostilités.

Comme les négociateurs pontificaux ne comprenaient pas assez le grec, l'empereur demanda au Pape de lui envoyer Nicolas, évèque de Cortone, qui parlait bien cette langue. Le Pape y consentit, et sans révoquer la mission des autres, il adjoignit à Nicolas deux autres Frères Mineurs, F. Gérard de Prato et F: Rainier de Sienne, qui connaissaient déjà le Levant. Les nouveaux venus, d'accord avec les anciens et avec les théologiens nommés par l'empereur, dressèrent une profession de foi que tous souscrivirent. Puis comme les difficultés renaissaient toujours et que les Grecs en appelaient à un concile général, le Pape, alors Clément IV, envoya de nouveaux nonces, (4 mars 1267), pris cette fois parmi les Dominicains ou FF. Prêcheurs. C'est que

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]
« السابقةمتابعة »