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faint vivant ou mort. Cette question imprévue les jetta dans un grand embarras. Ils délibérerent long-tems, Enfin l'un d'eux dit au peintre : « Le plus fûr eft de le » représenter en viego fi on le veut mort, on pourra » toujours bien le tuer.»›

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34. Deux religieux de l'ordre de S. Augustin, don't l'un étoit d'une communauté où l'on revêtoit un fure plis fur la tunique, & l'autre d'une communauté où le furplis n'étoit pas en ufage, fe difputoient entr'eux l'honneur de porter le véritable habit de S. Auguftin. Ils citerent plufieurs paffages, & firent un vain étalage d'érudition pour fe convaincre l'un l'autre. Ils s'aviferent, dans un efprit de plaifanterie, de prendre pour juge un paylan qui tomba fous leurs mains. Le villageois leur demanda fi S. Augustin avoit de l'efprit? » Belle demande!» répondirent-ils tous deux enfemple. «Hé bien reprit le ruftiques en s'adrefiant au » religieux qui portoit le furplis, vous avez donc tort; » car je ne puis croire que S. Auguftin, qui n'étoit pas » bête, à ce que vous dites, eût voulu mettre fa che» mife fur fon habit. »

35. Un payfan, étonné de voir le foleil fe coucher, tous les jours, à une extrémité du ciel, & de le voir le lendemain fe lever à l'autre, en demanda la raison à fon compere, qui paffoit pour le plus bel efprit du village. «C'eft, lui répondit celui-ci, qu'il s'en re» tourne pendant la nuit, pour fe trouver le lende? main à l'endroit où tu le vois. Bon! repartit le payfan, fi cela étoit, on le verroit s'en retourner. Eh grofle bête! repliqua le compere, comment

» pourrois-tu le voir? C'est la nuit.”

36. Un grand pénitencier, ayant confeffé un pay¬ fan, lui donna pour pénitence, de jeûner pendant un mois. «C'est trop, monfieur, lui répondit le villageois "je ne puis vous promettre de jeûner plus de huit »jours. Il fe leya du confeffional, & s'en alla, Ayant fait quelques pas, il revint lui dire: « Monfieur, >> voulez-vous, encore huit joues? --- Mon enfant reprit le pénitencier, » on, ne marchande pas ici comme vau marché, & il lui fit des remontrances. «Oh

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» bien, monfreur, puifque vous le voulez, dit le ruf»tique, je haufferai encore d'un jour; » & enfin, ayant été févérement repris de fon obstination, il s'engagea de jeûner un mois, mais à condition que ce feroit pendant Février, parce qu'il n'a que vingt-huit jours..

37. Le fils de l'intendant de l'évêque de *** fe préfenta à l'examen de ce prélat, pour être admis aux Ordres. Le pere avoit prié l'évêque de ne pas propofer à fon fils des questions difficiles, parce qu'il étoit d'un génie fort borné. Le prélat lui promit de faire tout pour le mieux; en effet il lui fit fimplement cette queftion: Sem, Cham & Japhet, enfans de Noë

leur pere, de qui font-ils fils? Quelqu'aifée que fût cette demande, le poftulant ne put y répondre. L'évêque le renvoya. Il fortit donc, & trouvá dans une anti-chambre fon pere, à qui il raconta la demande du prélat, & l'embarras où elle l'avoit jetté. Son pere, ne pouvant s'empêcher de rire, lui dit que rien n'étoit plus facile; c'eft la même chofe, ajoûta-t-il, que s'il vous eût dit : « Le fils du g gouverneur, de qui eft-il » fils? Vous auriez répondu : Il eft fils du gouverneur.» Son fils l'interrompit, en lui difant qu'en effet rien n'étoit plus facile à concevoir; & il retourna auffi-tôt vers l'évêque, qui lui demanda de nouveau en riant: » Sem, Cham & Japhet, enfans de Noë leur pere, » de qui font-ils fils? Monfeigneur, lui répondit » l'ordinand, ils font fils du gouverneur. »

38. Un jeune homme, fort ignorant, n'ofoit le préfenter à l'examen pour les Ordres. «Pour vous tirer » d'embarras, lui dit quelqu'un, retenez les réponses » de ceux qui feront examinés avant vous. » L'avis parut bon; & le jeune homme va se présenter à la fuite de plufieurs ordinands. L'évêque demande à l'un d'entr'eux ce qu'il feroit fi une araignée tomboit dans fon calice après la confécration? L'eccléfiaftique interrogé répondit qu'il falloit prendre l'araignée bien proprement avec les deux doigts, la mettre fur la patène, & en faire bien dégoutter le Sang ptécie x, & qu'enfuite il falloit fe confulter foi-même; que fi

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l'on ne fentoit pas une extrême répugnance, on devoit fans héfiter avaler l'araignée, mais que, fi l'on ne pouvoit fe vaincre là-deffus, il falloit brûler l'infecte, & en jetter les cendres dans la pifcine. Le prélat vint enfuite au jeune ignorant, qui avoit été fort attentif à cette réponse. « Et vous, lui demanda-t-il, que feriez» vous fi un âne buvoit dans le bénitier ? Monfei»gneur, répondit-il, je prendrois l'âne bien propre »ment avec les deux doigts; je le mettrois fur la pa» tène, & lui ferois rendre gorge de toute l'eau-bé»nite qu'il auroit pris. Enfuite je me confulterois moi» même; &, fi je n'avois pas une extrême répugnance, »je n'en ferois pas à deux fois, je l'avalerois; mais fi je ne pouvois me vaincre là-deffus, je brûlerois » cet infecte, & j'en jetterois les cendres dans la pif»cine.»>

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OBÉISSANCE.

1. S. IGNACE de Loyola répétoit fouvent que, dans toute fociété religieuse, fi un fupérieur commandoit à fon inférieur de s'embarquer dans un vaiffeau qui n'eût ni pilote, ni gouvernail, il devoit obéir fans héfiter. On lui dit alors: Où feroit la prudence dans ce religieux qui obéiroit? « La prudence, répondit le faint, n'eft » pas la vertu de celui qui obéit, mais de celui qui >> commande.»

2. Dieu, voulant éprouver Abraham, lui dit : « Pre» nez Ifaac, votre fils unique, qui vous eft fi cher; » & allez me l'offrir en facrifice fur une montagne que » je vous montrerai.» Abraham fe leva donc avant le jour il prit avec lui deux ferviteurs, & Ifaac fon fils; &, ayant coupé le bois qui devoit fervir au sa⇒ crifice, il fe mit en chemin pour aller au lieu que Dieu lui avoit marqué. Le troifieme jour, il apperçut la montagne. « Attendez-nous ici, dit-il à fes fervi»teurs: nous allons, mon fils & moi, offrir un facri» fice fur cette montagne; après cela, nous reviendrons » vous trouver. » Il prend le bois pour le facrifice, & le met fur les épaules d'Ifaac: lui-même porte le feu & le couteau. Lorfqu'ils marchoient ensemble Ifaac dit à Abraham: « Mon pere, voici le feu & le » bois; mais où est la victime? Mon fils, répondit » Abraham, Dieu y pourvoira. » Quand ils furent arrivés fur la montagne, Abraham dreffa un autel. II arrangea deffus le bois pour le facrifice, & lia fon fils' Ifaac; & l'ayant mis fur le bois, il prit le couteau pour l'immoler. Mais dans l'inftant l'ange du Seigneur T'appella, & lui dit : « Abraham, ne touchez point à » votre fils. Je connois maintenant que vous craignez » Dieu, puifque pour m'obéir vous n'avez point épargné votre fils unique. --- Je jure par moi-même, dit » le Seigneur, que, parce que vous avez fait cette n action, je vous bénirai, & je multiplierai votre pof

»térité comme les étoiles du ciel, & comme le fable » qui eft fur le bord de la mer. » En même tems, Abraham apperçut derriere lui un bélier, dont les cornes étoient embarraffées dans un buiffon : il le prit, & l'immola au lieu de fon fils.

3. Un faint folitaire, nommé Jean, fervant fon fupérieur dès fa jeuneffe, s'appliquoit à lui obéir jusques dans les chofes fuperflues, & même impoffibles, qu'il lui ordonnoit quelquefois pour éprouver fa vertu. Ce bon vieillard trouvant donc un jour un bâton fec, il l'enfonça dans la terre, en présence de fon difciple, & lui commanda d'aller deux fois le jour chercher deux fois de l'eau à une demi- lieue de-là pour l'arrofer. Pendant un an entier, Jean obéit fans murmurer. & fans raisonner. Enfin, fon fupérieur, charmé de fa perfévérance, s'approcha de ce bâton, & demanda · à. Jean: «Mon fils, ce bois commence-t-il à pouffer?» Ayant répondu que non, le vieillard, comme pour vérifier le fait, & voir s'il tenoit ferme par les racines, l'arracha devant lui, prefque fans aucun effort, & le jetta, en lui commandant de ne le plus arrofer.

4. Un foldat, prêt à percer un ennemi, entendit fonner la retraite, remit fon épée dans le fourreau, & partit. «Il falloit donc expédier celui que tu tenois," lui dit un de fes camarades. Il vaut mieux, ré»pondit le foldat, obéir à fon Général, que de tuer » un ennemi. »

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5. Un jour que Cyrus faifoit la revue de fon armée, il lui vint un courier de la part de Cyaxare, roi des Mèdes, fon oncle, l'avertir qu'il étoit arrivé des ambaffadeurs du roi des Indes, & qu'il le prioit de le venir trouver promptement. «Pour ce fujet, lui dit-il, » je vous apporte un riche vêtement; car il fouhaite » que vous parciffiez fuperbement vêtu devant ces » étrangers, afin de faire honneur à la nation. » Cyrus ne perdit point de tems: il partit fur le champ avec les troupes pour aller trouver le Roi, fans avoir d'autre habit que le fien, fort fimple à la maniere des Perfes, & qui, fuivant l'expreffion de Xénophon n'étoit point fouillé ni gâté par aucun ornement étran

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