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Corneille avoit deftiné la dédicace de Cinna au Cardinal Mazarin ; mais ayant sû que ce Ministre ne lui feroit point de préfent, il prit le parti de l'addreffer à M. de Montoron qui lui donna mille piftoles. On a depuis appellé les épitres dédicatoires qui font lucratives, des épitres à la Montoron,

XV.

AVANT que l'on jouât Polieucte, Corneille le lut à l'Hôtel de Rambouillet, fouverain tribunal des affaires d'efprit en ce tems-là. La piece y fúť applaudie autant que le demandoit la bienféance & la grande réputation que Auteur avoit déjà. Mais quelques jours après, Voiture vint trouver Corneille & prit des tours fort délicats, pour lui dire que Polieucte n'avoit pas réuffi comme il penfoit, que furtout le Chriftianifme avoit déplu. Corheille allarmé voulut retirer fa piece d'entre les mains des Comédiens qui l'apprenoient: mais enfin il la leur laiffa fur la parole d'un d'entr'eux qui n'y joüoit point.

XV I.

MADAME la premiere Dauphine difoit en admirant Pauline dans Polieucte: Eh bien! ne voilà-t'il pas la plus honnête femme du monde, qui n'aime point du tout fon mari?

XVII.

PEU de tems après que Corneille eut donné Polieucte, la Serre fi connu par les fatyres de Defpréaux, fit représenter fa Tragédie de Thomas Morus. On y fuoit, dit la Serre, au mois de Décembre, & l'on tua quatre portiers de compte fait, la premiere fois qu'elle fut jouée. Voilà ce qu'on appelle de bonnes pieces. M. Corneille n'a point des preuves fi puiffantes de l'excellence des fiennes ; & je lui céderai volontiers le pas, quand il aura fait tuer cinq portiers en un feul jour.

Ce la Serre eft le même, qui, étant un jour aux conférences que Richefource faifoit fur l'éloquence, l'alla

embraffer en lui difant: Ah! Mon fieur, je vous avoue que depuis vingt ans, j'ai bien débité du galimathias: mais vous venez d'en dire plus en une heure que je n'en ai écrit en toute ma vie. XVIII.

LA plus ingénieufe critique qui ait été faite de Pompée, eft celle d'une Dame très fpirituelle, qui difoit que cette piece lui paroiffoit belle, & qu'elle n'y trouvoit qu'une chofe à reprendre, c'eft qu'il y avoit trop de Héros. Cette expreffion finguliere, renferme une penfée fort délicate. Elle entendoit par ce mot de Héros, des perfonnages qui attiroient fon admiration & fa pitié, & ne fachant pour qui prendre parti; l'émotion qu'elle recevoit de chacun d'eux n'étoit ni affez diftincte ni affez vive pour l'attacher autant qu'elle l'auroit voulu

XIX.

CORNEILLE a écrit que pour trou

ver la plus belle de fes pieces, il falloit choifir entre Rodogune & Cinna; & ceux à qui il en a parlé ont démêlé fans beaucoup de peine, qu'il étoit pour Rodogune,

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L'ABBÉ Pelegrin difoit qu'Héra clius étoit le désespoir de tous les Auteurs Tragiques. Defpréaux appelloit la Tragédie d'Héraclius un Logogriphe,

XXI.

MONSIEUR de Turenne, s'étant trouvé à une représentation de Sertorius, s'écria à deux ou trois endroits de la piece: Où donc Corneille a-t'il appris l'art de la guerre ?

XXII

LE Maréchal de Grammont dit à l'occafion d'Othon, que Corneille devroit être le Breviaire des Rois. Et M. de Louvois, qu'il faudroit un parterre compofé de Miniftres d'Etat pour juger cette piece,

XXIII,

CORNEILLE eut à fe louer & à fe plaindre du Cardinal de Richelieu Auffi fit-il à la mort de ce grand Miniftre des vers où il l'envifageoit d'un côté comme fon ennemi, & de l'autre comme fon bienfaicteur.

Qu'on parle bien ou mal du fameux Car

dinal,

Ma profe ni mes vers n'en diront jamais rien; Il m'a fait trop de bien pour en dire du mal ? Il m'a fait trop de mal pour en dire du bien, XXIV.

Qui fera affez hardi pour nous di→ re que nous vieilliffons.; Corneille quoique chargé de lauriers, ne vouloit pas croire que l'heure de la retraite fût arrivée pour lui, & il prit en mauvaise part ces deux Vers de l'art Poëtique,

Que Corneille pour lui ranimant fon audace,

Scit encore le Corneille & du Cid & d'Ho

race.

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