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Ne le fuis-je pas toûjours, difoit-il?

XX V,

LORSQU'IL meurt un Académi cien, on lui fait un Service aux frais. de ceux qui font actuellement Di recteur & Chancelier. Il arriva que Corneille étant mort la nuit du der nier de Septembre au premier Octo bre; l'Abbé de Lavau & Racine fe difputerent l'honneur de lui rendre les devoirs funebres. J'étois encore Directeur quand Corneille eft mort, difoit l'Abbé de Lavau; & moi, difoit Racine, j'ai été nommé Direc teur le jour même de fa mort, avant que le Service pût être fait. On déci→ da en faveur de l'Abbé de Lavau : & c'eft ce qui donna lieu à ce mot de Benferade où le double fens eft affez vifible. Si quelqu'un de nous, dit-il à Racine, avoit pû prétendre d'enterrer Corneille; c'étoit vous Monfieur, cependant vous ne l'avez pas fait,

XXVI.

MONSIEUR le Duc de Bourgogne 'difoit que Corneille étoit plus homme de génie, Racine plus homme d'efprit. XXVII.

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CORNEILLE eft prefque le feul de nos Poëtes auquel les Anglois rendent juftice. Ils regardent Moliere, Lafontaine Racine Defpréaux Rouffeau, plutôt comme de grands Ecrivains que comme de grands Poëtes. Corneille feul leur paroît parler véritablement le langage des Dieux. Nos Compatriotes, difoit un Lord, font auffi mauvais politiques que les François font mauvais Poëtes. Nous de notre côté nous appliquons aux Anglois le mot de Pétrone; vous parlez plus en Poëtes qu'en hommes: Plus Poetice quam humane locutus es & nous difons d'eux en particulier ce que le Duc de Buxingham dit de tous les Poëtes en général.

Pour un feul d'infpiré dix feront poffédés.

;

CLAUDE

CLAUDE

EMANUEL

LULLIER, furnommé CHAPELLE. né près de Paris l'an 1621 mort en 1686.

I

HAPELLE étoit l'homme le

plus agréable & le plus voluptueux de fon fiecle. Un jour qu'il étoit à table chez un de fes amis à Paris; un Seigneur qui revenoit de la Cour arriva au milieu du repas, & prit brufquement fa place auprès de Chapelle qu'il ferroit un peu. Ce Seigneur, après avoir débité quelques nouvelles, vint à parler des Poëtes qui avoient la hardieffe de faire des chanfons contre quelques perfonnes de Condition, & dit en même tems: Si je les connoiffois, je leur donnerois volontiers vingt coups de canne. Chapelle fatigué de ces difcours, & inquiet de n'être pas à fon aife à taTome II.

B

ble, fe leve en préfentant le dos & lui dit: Frappe & va-t'en. Ce Seigneur étonné du ton dont Chapelle avoit prononcé ces paroles, en fentit la force; il lui fit beaucoup d'honnêtetés & le ferra moins.

II.

UN jour que Chapelle dînoit en nombreufe compagnie chez le Marquis de Marfilli, dont le Page pour tout domeftique fervoit à boire, il fouffreit qu'on ne lui verfât pas auffi fouvent qu'on le faifoit ailleurs; la patience lui échappa à la fin: Eh! je vous prie, dit-il, Marquis, donneznous la monnoie de votre Page.

III.

DESPREAUX qui étoit ami de Chapelle, l'ayant rencontré un jour auprès du Palais, lui dit que le penchant qu'il avoit pour le vin lui faifoit tort; Chapelle parut touché du difcours de Defpréaux. Il le remercia de fes confeils; mais malheureuse

mentil fe trouva un cabaret vis-à-vis . l'endroit de leur conférence, & Chapelle invita Defpréaux d'y entrer pour s'affeoir, & pour fuivre plus commodément la converfation qu'ils avoient commencée.Defpréaux ne put s'en difpenfer pour achever la converfion de Chapelle. Il fallut bien en entrant au cabaret demander au moins une bouteille de vin, laquelle fut fuivie de plufieurs autres. Enfin ces Meffieurs, l'un en prêchant, l'autre en écoutant, s'enivrerent fi bien qu'il fallut les porter chez eux.

IV.

CHAPELLE avoit pris de l'inclination pour Mademoiselle Chouars qui avoit de l'efprit, de l'érudition, & du bon vin; il alloit fouvent fouper chez elle. Un jour la femme de chambre étant entrée après un long repas dans la falle pour deffervir, elle trouva fa maîtreffe toute en pleurs, & Chapelle d'une trifteffe extrème. Elle parut curieufe d'en favoir la raifon ;&

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