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gedies de Sophocle & d'Euripide. Elles l'enchanterent à un tel point qu'il paffoit les journées à les lire & à les apprendre par cœur, dans les bois qui font autour de l'étang de Port Royal. Il trouva le moyen d'avoir le Roman de Théagene & de Chariclée en Grec, Le Sacriftain lui prit ce Livre, & le jetta au feu: huit jours après Racine en eut un autre, qui éprouva le même traitement. Il en acheta un troifieme & l'apprit par cœur: après quoi il l'offrit au Sacriftain, pour le brûler comme les autres.

II.

DANS la difpute qu'eut Racine avec Nicole, fur la Comédie, M. Arnauld quoique fort irrité contre Racine, ne put s'empêcher de convenir enparlant à un de fes amis, que Nicole avoit pris le change, & que ce n'étoit point à l'art qu'il devoit faire le procès, mais à l'ouvrier qui avoit péché contre le but & l'intention de l'art.

III.

RACINE aima long-tems Mademoifelle de Champ-Mělé. Il ne fe dégoûta d'elle que lorfqu'elle l'eut quitté, pour M. de Clermont Tonnerre: ce qui fit dire alors de cette fameuse Actrice, qu'un Tonnerre l'avoit déra

cinée.

IV.

RACINE fut reçu à l'Académie Françoife, avec Fléchier. Celui-ci ayant parlé le premier fut infiniment applaudi. Racine qui parla enfuite gâta fon difcours par la trop grande timidité avec laquelle il le prononça. Ainfi voyant qu'il n'avoit pas été goûté, il ne voulut pas le donner à l'Imprimeur.

V.

RACINE & Defpréaux venant de faire un jour leur cour à Verfailles, fe mirent dans un carroffe public avec deux bons Bourgeois, qui s'en retour

noient à Paris. Comme ils étoient con tens de leur cour, ils furent extrèmement enjoüés pendant tout le chemin, & leur converfation fut la plus vive, la plus brillante, & la plus fpirituelle du monde. Les deux Bourgeois étoient enchantés & ne pouvoient fe laffer de marquer leur admiration. Enfin à la defcente du carroffe, tandis que l'un d'eux faifoit fon compliment à Racine, l'autre s'arrêta avec Defpréaux & l'ayant embraffé tendrement: Fai été en voyage, lui dit-il, avec des Docteurs de Sorbonne, & même avec des Religieux mais je n'ai jamais oui de fi belles chofes en vérité vous parlez cent fois mieux qu'un Prédicateur.

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VI,

RACINE difoit à fes enfans: Quand vous trouverez dans le monde des perfonnes qui ne vous paroîtront pas eftimer mes Tragédies, & qui même les attaqueront par des critiques injuftes: pour toute réponfe, contentez-vous de les afsûrer que j'ai fait tout ce que

j'ai pû pour plaire au Public ; & que j'aurois voulu pouvoir mieux faire.

VII.

RACINE auroit eu les paffions extrèmement vives, fi elles n'avoient été réprimées par la Religion: fur quoi Defpréaux difoit: La raison conduit ordinairement les autres à la foi: mais c'est la foi qui a conduit Racine à la raifon.

VIII.

SE'GRAIS dit que cette maxime de la Rochefoucault : C'est une grande pauvreté de n'avoir qu'une forte d'ef prit; fut écrite à l'occafion de Racine & de Defpréaux, dont tout l'entretien rouloit fur la Poëfie, & qui hors de là ne favoient rien.

IX.

RACINE étoit fort amer dans fes railleries. Ses amis ne trouvoient point grace auprès de lui, quand il leur. échappoit quelque chofe qui lui don

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noit prife. Un jour Defpréaux ayant avancé à l'Académie des Infcriptions quelque chofe qui n'étoit pas jufte; Racine ne s'en tint pas à une fimple plaifanterie, qui part fouvent du premier feu de la difpute; mais il tomba fi rudement fur fon ami, que Defpréaux fut obligé de lui dire: Je conviens que j'ai tort; mais j'aime mieux avoir tort que d'avoir auffi orgueilleufement raifon que vous l'avez.

X.

DESPRE AUX accablé un jour des railleries de Racine, lui dit, d'un grand fang froid quand la difpute fut finie; avez-vous eu envie de me fâcher? Dieu m'en garde, répond fon ami. Eh bien, répond Defpréaux,

vous avez donc tort, car vous m'avez fâché.

X I.

RACINE rapportoit de Verfailles, une bourfe de mille louis; & trouva Madame Racine qui l'attendoit à Au

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