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(1811-1814). Mais de graves évènements se préparaient encore, l'horizon s'obscurcissait de nouveau; les flammes du Kremlin semblaient éclairer l'Europe fatiguée de tant de luttes..... Bien des signes précurseurs de l'orage annonçaient l'immense coalition armée qui amena la chûte de l'empire. Louis XVIII, à peine rétabli sur le trône après vingt-huit ans d'absence, se voyait contraint, au bout de quelques mois, de regagner furtivement la terre étrangère, à la nouvelle que Napoléon, le captif de l'île d'Elbe, déjouant la surveillance de ses geôliers, marchait à grands pas vers Paris, au milieu de l'étonnement public.... La ville de Gand venait d'ouvrir ses portes au monarque fugitif auprès duquel accouraient de tous les points du royaume, bon nombre d'officiers français, jaloux d'offrir respectueusement leur épée au Roi. Louis de Givenchy fut de ce nombre; il crut remplir un devoir de conscience et d'honneur en quittant les douceurs du repos pour consacrer son bras à la défense du souverain qui avait toutes ses sympathies.... Le lieutenant-général prince de Croy Solre, gouverneur de la Picardie au nom du Roi, se l'attacha comme aide-de-camp, il le garda en cette qualité pendant deux ans, puis, lorsque la dynastie des Bourbons fut de nouveau en possession des Tuileries, Givenchy demanda à rentrer dans la vie privée pour ne plus en sortir.... En se retirant, il résigna ses fonctions à un de ses frères et emporta dans sa retraite les regrets et l'estime de son général qui, quelques années après, s'écriait parfois encore : « Quel homme que Givenchy ! << quel cœur! Je n'ai jamais rencontré personne comme « lui!.......... Nul ne savait mieux organiser une fête ! »

Rendu à la paix domestique, M. de Givenchy vit chaque année s'accroître sa famille; il eut douze enfants dont

plusieurs moururent en bas-âge; ceux qui survivent sont les dignes représentants de leur excellent père (1)........

Esquerdes, Ebblinghem, Saint-Omer, qu'il habita tour à tour, ressentirent les effets de sa générosité sans bornes et de son inépuisable charité; les pauvres, en particulier, bénissaient sa présence et connaissaient bien celui qui, en leur tendant secrètement la main, semblait leur dire tout bas « La Providence, en me rendant ma for<«< tune, n'a pas compté avec moi, pourquoi compterais« je avec vous ? »

Bien des années s'écoulèrent ainsi paisiblement au milieu d'un intérieur qui faisait le charme de ceux qui le fréquentaient, cet intérieur pourtant sortait parfois de son calme ordinaire lorsque, grâces à l'imagination ardente, au cœur généreux de M. de Givenchy, il y avait une bonne action à faire, un service à rendre, quelque mal à éviter, un agrément même à procurer aux autres; alors rien n'était oublié, rien ne lui coùtait, toujours tout à tous, son obligeance excessive le mettait entièrement à la discrétion de ceux qui avaient besoin de lui; son temps, sa plume, ses démarches, sa bourse, ses voyages, tout était employé.... Combien de négociations utiles n'a-t-il pas conduites à bonne fin? Combien d'heureux n'a-t-il pas faits avec le plus noble désintéressement?....

Il en était de même dans les affaires publiques, où sans

(1) M. de Givenchy laisse encore trois fils et deux filles, MM. Charles, Léon et Henri, Mme St-Paul, religieuse de la congrégation de NotreDame dite des Oiseaux, et Mlle Amélie, dont les manières aimables et l'excessive bonté rappellent si bien le père qu'ils viennent de perdre..... Parmi ceux qui ne sont plus, pouvons-nous oublier de citer Mile Césarine, ange de vertu, que le ciel enviait à la terre, et M. César, mort en 1850; il était marié à Me de Cauchy dont il a un fils du nom de René.

cesse on avait recours à lui. Fallait-il organiser une fête royale, lorsque le vénérable et malheureux Charles X vint, en 1827, avec toute sa cour, visiter le camp de S-Omer? Le zèle de M. de Givenchy ne fait pas défaut; à la prière de l'administration communale, il se charge de tout, pense à tout, prévoit tout, pourvoit à tout; le garde-meuble de la couronne arrive, pour décorer au mieux l'appartement des princes; un splendide festin, un bal du meilleur ton, sont donnés somptueusement dans notre ancien et historique hôtel-de-ville. Par ses soins, les attentions les plus délicates ne sont pas négligées..... La plus vertueuse des princesses, Madame la Dauphine et son auguste sœar, se plurent à exprimer une agréable surprise en recevant régulièrement chaque matin, le frais bouquet de violettes qui journellement leur était présenté aux Tuileries....

Une magnifique épingle en pierre précieuse fut offerte à M. de Givenchy, en souvenir du voyage de Sa Majesté (1), qui témoigna, à diverses reprises, avec cette grâce parfaite qui la caractérisait, combien elle était enchantée de la réception qu'elle avait reçue dans la bonne ville de St-Omer....

Fallait-il encore se prêter à une fête historique de bienfaisance, le concours éclairé de votre secrétaire-perpétuel était assuré; il présidait la réunion, prenait part à la discussion, communiquait son plan, écrivait ses idées et les conciliait avec celles des autres. Fallait-il aplanir les obstacles qui se présentaient dans l'exécution du projet ? Y avait-il des démarches à faire, des demandes

(1) Cette épingle fut remise, de la part du Roi, par M. le duc de Blacas, premier gentilhomme de la chambre du Roi.

à adresser aux autorités compétentes à Arras, à Lille, à Paris, au préfet, aux généraux, aux ministres, aux princes, M. de Givenchy prend à l'instant la poste à ses frais (nous n'étions pas encore dotés d'un chemin de fer), il entraîne ses collègues, tranche les difficultés, assure le succès, ayant toujours soin de s'amoindrir luimême pour faire valoir les autres.

On sait combien une petite brochure de notre confrère sur Guillaume de Normandie surnommé CLITON (1), brochure répandue alors avec profusion au profit des pauvres, servit à populariser la vie du héros de notre fête historique, auquel la ville de St-Omer est redevable de ses franchises municipales; on sait aussi la juste renommée qu'a conservée cette belle fête dans toutes les provinces du nord de la France et du midi de la Belgique.

Partout on voyait percer, malgré lui, la légitime influence de M. de Givenchy (l'influence naturelle de la supériorité) dans le monde dont il était l'ornement, dans les conseils de la ville, dans les réunions publiques ou particulières, dans les projets utiles à exécuter pour l'intérêt général comme pour l'intérêt privé, partout il était une des lumières, partout sa grande habitude de discuter et d'écrire le faisait choisir comme organe des assemblées où il assistait.

Qui plus que M. de Givenchy a joué un rôle actif et utile lors de l'établissement des chemins de fer? Qui mieux que lui a contribué à doter le pays de la plupart de nos chemins ruraux si importants pour l'agriculture,

(1) Notice historique sur Guillaume de Normandie surnommé Cliton, 14 comte de Flandre, par Louis de Givenchy, président de la Société de bienfaisance, 33 pages in-8° avec tableau généalogique, vendue au profit des pauvres.

le commerce et l'industrie de notre arrondissement? Le nom de M. de Givenchy, en effet, se trouve lié à presque toutes les grandes, à toutes les heureuses entreprises.

-Par suite des diverses oscillations de sa vie et de la pénible position de sa jeunesse forcément négligée au point de vue de l'instruction, Louis de Givenchy avait à regagner le temps qu'il avait perdu, il le comprit et se livra alors ardemment à l'étude.

Vers l'année 1820, lorsque rentré dans une part des mines d'Anzin, dont le bel établissement était l'œuvre de son grand-père (1), ancien procureur général au parlement de Flandre, et lorsque cette part grandit, par suite des évènements de 1815 qui, en nous enlevant la Belgique, firent cesser la libre concurrence des charbons de Mons, et améliorèrent singulièrement la valeur de cette immense exploitation houillère, Givenchy songea à donner un libre cours à son goût pour les livres, et avec cette tête ardente, ce goût prononcé qu'on lui connaissait, il ne fit pas la chose à demi; il demanda le plan d'une bibliothèque à un bibliophile éclairé (2), aussitôt ce plan adopté fut littéralement suivi.... Trente années furent employées à former cette belle collection.... Il faut tant de choses pour remplir convenablement cette tâche que souvent la vie entière d'un homme ne peut y suffire !....

La bibliothèque de M. de Givenchy était remarquable;

(1) Pierre Taffin, dont on voit un beau portrait au musée de Douai. (2) Ce plan lui fut tracé par l'un de ses meilleurs amis, M. Edouard de Laplane, correspondant de l'Académie des Inscriptions et BellesLettres, auteur de plusieurs ouvrages, notamment d'une histoire de Sisteron, ouvrage couronné par l'Institut.

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