صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

muns, il y ait entre leurs Biens, cette unité que la Loi du Mariage a mise entre leurs

corps.

Rompre cette unité dans les Coutumes qui l'établiffent, c'eft renoncer aux avantages les plus réels qu'elles affurent, fans pouvoir prétendre à ceux feulement qu'elles ne peuvent donner, qu'elles réprouvent même, & qui, en d'autres Pays, font au moins un adouciffe ment à la dureté de la Loi qui profcrit la Communauté.

Auffi eft-il paffé en Axiome, à Paris furtout où la tournure des Contrats est toute à

l'avantage des Femmes, qu'un homme lié & garotté par cette foule de claufes furajoutées à la Loi, eft néceffairement ruiné s'il devient veuf dans les premiéres années de fon Mariage. Eft-il donc moins réellement ruiné vingt ans, trente ans plus tard? Ses Enfans le font-ils moins en quelque tems qu'ils perdent leur Pére? Pour remédier au premier mal, on a introduit l'ufage des Fidei-commis; & l'on dit qu'une Femme peut & doit même en con fcience indemnifer fon Mari, au moins d'une partie des pertes que va occafionner fa mort prématurée: ainfi le renversement d'une Loi

n'a

n'a de reméde que dans la contravention à une autre Loi.

Il est une nouvelle néceffité que ce renverfement a encore introduite: celle où se trouve un grand nombre de Maris de penfionner leurs Femmes dont ils ne peuvent autrement borner les dépenses: refsource auffi injurieuse aux Loix, que déplorable pour les Moeurs : reffource à laquelle les Maris ne fe trouveroient pas réduits, fi les Femmes naturellement portées à l'Economie, fçavoient que leur Bien eft inglobé dans la maffe qu'elles diffipent.

Que penferoient de tels abus, ces Jurifconfultes du vieux tems, lefquels confidérant la Communauté en elle-même, l'ont jugée trop avantageuse aux Femmes, onéreuse pour les Maris, & ruineufe pour les Enfans? Ainfi en penfoit Jean Faber, qui, avec une naïveté digne de fon fiécle, s'adreffant à ceux qui avoient à se marier dans une Coutume qui admet la Communauté, leur confeille de limiter la portion de la Femme dans les conquêts,

[ocr errors]

de peur, difoit-il, que venant à vous furviDyre, elle ne ruine vos Enfans, en portant » dans les bras d'un nouveau Mari, le fruit » de vos veilles, de vos fueurs & de vos travaux. « Bénédicti confideroit la Communauté

fous

fous le même point de vue relativement aux Enfans, dans le cas du prédécès de leur Pére.

[ocr errors]

Pour connoitre ce que peuvent & ce qu'ont pû fur les mœurs nos coûtumes qui ont établi la Communauté, jugeons- en par les mœurs anciennes jugeons- en par l'état de cette Famille d'Auvergne, qui en adoptant dans toute fon étendue la Loi de la Communauté, qui en la perpétuant avec les générations, a réalifé & perpétué dans fon fein toutes les merveilles que la Poëfie nous chante de l'Age d'or. Jugeons en par la comparaifon de cette partie de notre Peuple qui eft demeurée fidéle à la Loi primitive de la Communauté, avec les Pen ples dont les Loix ou la profcrivent, ou ne l'établiffent pas. Jugeons-en enfin par les Mœurs actuelles: foit que les Mœurs les Moœurs ayent infenfiblement énervé la Loi; foit que la Loi méprifée ait ouvert dans les Moeurs une brêche au Luxe & à toutes fes fuites. Ce que je dois dire relativement à mon objet, ce que peut dire un Homme qui connoît fon Siécle, mais qui n'en eft point établi le Cenfeur, fe trouve renfermé dans ces mots, par lefquels je fuis entré dans cette matiére importante: Les Cœurs ne font unis qu'autant que les Intérêts ne font point divifés.

ARTICLE TROISIEME.

L'HABIT

FAIT L'HO M M E. *

C

Es trois mots renferment un tréfor de fa

geffe inépuifable. Ils nous fourniffent la clef de mille événemens, qui non- feulement étonnent le Peuple, mais qui paroiffent même inconcevables aux Philofophes. Ils nous enfei gnent le vrai & le feul moyen de parvenir à toutes ces félicités, que la plupart des hommes cherchent inutilement. Il faudroit fans doute être tout-à-fait imbécille, pour fe mettre aujourd'hui dans la tête, & pour vouloir perfuader aux autres, que ce n'eft que le vrai mérite, l'amour de la patrie, la probité, la vertu en un mot, qui foient capables de nous rendre heureux & véritablement eftimables, Rien égale-t-il la cruelle dureté avec laquelle nous avons été traités jusqu'ici par nos Mora liftes?

Cette Piéce eft de Mr. Rabener.

liftes Mais à quoi nous conduisent tous les efforts, que ces Hipocondriaques exigent dé nous? Ah! l'heureuse invention que celle des habits! C'eft des habits qu'il faut attendre ce que fouvent la vertu, le mérite, la probité, l'amour de la patrie, réunis ensemble, tentent fans fuccès. Rien ne doit donc paroître plus ridicule qu'un homme de bien mal habillé ; & rien n'est affurément plus impertinent que ces petits génies, qui exigent du respect, & peutêtre de l'admiration, par la feule raison qu'ils font honnêtes gens. Auffi les voyons - nous réduits à lutter longtems contre la faim & lè mépris, avant que de pouvoir fe faire feule ment fouffrir par un homme bien vêtu. Une fcrupuleuse attention à remplir les devoirs de P'honnête homme ne leur donne point, en tren te ans, la confidération qu'un habit magnifi que peut leur procurer en vingt-quatre heures.

Qu'on fe figure un homme, qui avec l'uni forme de fa vertu gothique, fe hazarde à paroitre la premiére fois dans une affemblée d'ha bits brillans il faut qu'il ait bien du bonheur, s'il n'eft pas arrêté par le Suiffe, att premier pas qu'il fait à la porte de l'Hôtel Arrive-t-il à l'Antichambre? il lui refte à

: percer

« السابقةمتابعة »