صور الصفحة
PDF
النشر الإلكتروني

<< preuves de votre attachement, n'êtes-vous pas venu d'abord à moi? Pensez-vous donc que les Romains soient assez ingrats pour ne savoir pas récompenser « la vertu de leurs amis, eux qui savent si bien ho<<norer et estimer celle de leurs ennemis même ? » Après ces gracieuses paroles, qui furent accompagnées de beaucoup de caresses, il lui donne un beau cheval de bataille, avec une somme de deux cent cinquante livres. Depuis ce moment, Bondius servit comme de garde à Marcellus, et fut entièrement dévoué à ses intérêts. Comme il avoit été lié avec tous les mécontens qui étoient dans la ville, il les dénonça à Marcellus, et lui apprit que leur dessein étoit de fermer les portes, dès que ies Romains seroient sortis pour marcher aux ennemis; de piller leurs bagages, et de se rendre aux Carthaginois. Marcellus, averti de cette conspiration, range ses troupes en bataille dans la ville même, place le bagage à la queue, et fait publier, à son de trompe, défense aux habitans de paroître sur les murailles. Cette solitude trompa Annibal, qui, voyant les murailles désertes, ne douta point qu'il n'y eût une grande sédition dans la ville; et, plein de confiance, il s'en approchoit avec moins d'ordre et de précaution. Dans ce moment, Marcellus commande qu'on ouvre la porte qui est devant lui; et sortant avec sa meilleure cavalerie, il charge de front l'ennemi, et l'enfonce. Un instant après, on ouvre une seconde porte. L'infanterie sort rapidement et avec de grands cris; et comme Annibal veut partager ses troupes, pour faire tête à ces dernières on ouvre une troisième porte, et tout le reste des troupes sort en même temps, pour tomber sur l'ennemi déconcerté par cette irruption soudaine. Pour la première fois, Annibal recule devant les Romains; et ce triomphe de Marcellus est le fruit de sa douceur.

,

6. Un insolent donna un coup de pied à Socrate. Le sage souffrit patiemment cet outrage; et comme ses amis lui reprochoient son insensibilité : « Que << vouliez-vous done que je fisse, leur demanda-t-il ? « Il falloit citer ce misérable en justice, et deman

<< der raison de cette insulte. - Quoi! reprit Socrate, <«< si un âne en passant, me donnoit un coup de pied, «< il faudroit donc aussi le traduire devant les tri« bunaux ? >>

,

,

7. Nouschirvan, surnommé Kosrou, ou Chosroès, premier du nom, roi de Perse, avoit défendu à un des officiers de sa cour de paroître devant lui. Le jour étant venu auquel les rois de Perse avoient coutume de tenir leur cour plénière, ce qui arrivoit une fois tous les ans, cet officier disgracié se présenta pour donner la serviette. Chacun crut alors que cet homme avoit été rétabli en grace, et aucun des gardes ne se mit en peine de le faire retirer. Il prit si bien son temps pendant que le festin duroit, qu'il mit un plat d'or sous son bras avec lequel il disparut aussitôt. Nouschirvan seul s'en aperçut, et n'en témoigna rien. Les tables étant levées, celui qui avoit soin de la vaisselle d'or, voyant qu'il lui manquoit un plat fit un fort grand bruit pour le trouver. Le monarque alors lui imposa silence, et lui dit : « Celui qui a pris << le plat ne le rendra pas, et celui qui le lui a vu « prendre ne le découvrira jamais. » L'année suivante, le même officier vint se présenter au festin royal, qui se faisoit selon la coutume; et Nouschirvan, qui l'aperçut, le faisant approcher de lui, lui demanda secrètement si l'argent qu'il avoit tiré de son plat étoit fini. L'officier, tout confus de ce que son vol avoit été découvert, se jeta aussitôt à ses pieds, et lui demanda pardon de sa faute. Alors le prince, usant de sa générosité et de sa douceur ordinaires, non-seulement la lui pardonna, mais le rétablit encore dans sa charge. 8. Ptolémée II du nom, fils de Lagus, surnommé Philadelphe, voulant éprouver un grammairien fort ignorant, lui demanda quel étoit le père de Pélée. Le grammairien, qui peut-être n'en savoit rien, répondit: << Prince, dites-moi auparavant quel est le père de « Lagus?» Les courtisans du roi d'Egypte lui conseillèrent de punir l'insolence de cet homme. « Je « serois injuste si je le punissois, répondit le mo« parque ; c'est moi qui l'ai attaqué le premier. »

108

9. L'empereur Antonin, surnommé le Pieux et le Débonnaire, montra dans tous les temps de sa vie, uné douceur inaltérable et supérieure aux injures. Dans une famine, la populace, qui ne se connoît plus lorsque le pain lui manque, lui jeta des pierres. Antonin, au lieu de venger l'autorité outragée, fit acheter du blé qu'il distribua gratuitement aux pauvres citoyens.

Il visitoit un jour la maison d'un opulent sénateur qu'on nommoit Omulus. Il y aperçut avec admiration des colonnes de porphyre, et lui demanda d'où lui venoit un ornement si magnifiquê : « Souvenez-vouš « bien, répondit brusquement Omulus, lorsque vous «êtes dans la maison d'autrui, que vous devez être « sourd et muêt. » Antonin supporta patiemment cette incartade d'un sénateur si peu respectueux. Voyez BONTÉ, INDULGENCE, PATIENCE.

ÉDUCATION.

1. LE législateur de Lacédémone, Lycurgue, prit

deux petits chiens de même race, qu'il éleva chez lui d'une inanière bien différente. Il nourrit l'un avec déli catesse, et forma l'autre aux exercices de la chasse. Quand l'âge eut fortifié le corps et les habitudes de ses deux élèves, il les amena dans la place publique, fit placer devant eux des mets friands, et lâcha ensuite un lièvre. Aussitôt l'un de ces chiens courut vers les mets dont il avoit coutume d'être nourri; l'autre se mit à poursuivre le lièvre avec ardeur. En vain l'animal timide vent éviter l'ennemi. Le chien le presse, et l'attrape. Tout le peuple applaudit à son adroite agilité. Alors Lycurgue, s'adressant à l'assemblée : « Ces deux « chiens, dit-il, sont de même race; voyez cependant « la différence que l'éducation a mise entre eux. » 2. << Quand vous instruirez votre fils dans les lettres, disoit-on an philosophe Aristippe, quel profit en < retirera-t-il? Du moins, répondit le sage, quand <«< il sera assis au théâtre, on ne pourra pas dire de «hui, que c'est pierre sur pierre. >>

-

Il demandoit cent drachmes pour élever le fils d'un citoyen très-riche. Cet homme avare se récria, sur la grandeur des honoraires exigés : « Je pourrois, dit-il, à moins de frais, avoir un esclave habile dans les << lettres, qui instruiroit mon fils. Eh bien rés « pondit Aristippe, achetez cet esclave: il fera bientôt « de votre fils un autre lui-même, par le cœur et par <«<les sentimens; voyez quel profit! au lieu d'un « esclave, vous en aurez deux. »

[ocr errors]

3. Quelqu'un disoit à Agasiclès, roi de Lacédémone, qu'il s'étonnoit de ce qu'élant avide de s'instruire, il ne faisoit pas venir auprès de lui Philophane, sophiste alors très-célèbre. « Je veux, répondit-il, être le disciple « de ceux dont je tiens, le jour. ». Il ne pouvoit pas faire

entendre plus clairement, que la meilleure éducation est celle qui se donne par les parens eux-mêmes.

4. Dès que Philippe, roi de Macédoine, eut recu là nouvelle de la naissance d'Alexandre-le-Grand, son fils, son premier soin fut de songer à son éducation ; et pour remplir cet objet avec succès, il lui choisit pour précepteur le célèbre Aristote, l'un des plus fameux philosophes de la Grèce. « Je vous apprends, lui écrivitil, , que le ciel vient de me donner un fils. Je rends gra<«< ces aux dieux, non pas tant du présent qu'ils me font, << que de me l'avoir fait du temps d'Aristote. J'ai lieu de << me promettre que vous en ferez un successeur digne << de nous, digne de commander aux Macédoniens. »

[ocr errors]

5. La fameuse Cornélie, mère des Gracques, éleva ses enfans avec tant de soin, que, quoiqu'ils eussent recu les plus heureuses dispositions, on jugeoit qu'ils devoient encore plus à l'éducation que leur avoit donnée leur mère, qu'à la nature même. La réponse que fit Cornélie, à leur sujet, à une dame campanienne, prouve combien elle avoit à cœur ce droit maternel. Cette dame qui étoit très-riche, et encore plus fastueuse, après avoir étalé à ses yeux, dans une visite qu'elle lui rendit, ses diamans, ses perles, ses bijoux les plus précieux, la pria avec instance de montrer aussi les siens. Cornélie fit tomber adroitement la conversation sur une autre matière, pour attendre le retour de ses fils qui étoient allés aux écoles publiques. Quand ils en furent revenus, et qu'ils entrèrent dans la chambre de leur mère : « Voilà, dit-elle à la << dame campanienne, en les lui montrant de la main ; << voilà mes bijoux et ma plus belle parure. »

6. Une femme d'Ionie montroit à une Lacédémonienne un riche morceau de tapisserie qu'elle avoit fait elle-même. La Lacédémonienne, à son tour, lui montra quatre de ses enfans, qui étoient des mieux élevés de la ville : « Pour moi, ajouta-t-elle, voilà ce «qui a fait toute mon occupation : ce sont les seuls << ouvrages dont une femme de bien puisse se glorifier.»

7. La célèbre Pulchérie, chargée de la tutèle de Théodose II, son frère, s'appliqua à former le cœur et

« السابقةمتابعة »