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<< celle des Juifs apostats nous fait rougir. L'univers en<< tier auroit souscrit en aveugle aux ordres iniques de « votre maître, que ce ne seroit pas pour nous un mo<< dèle à imiter. Mes frères, mes enfans et moi, nous << ne reconnoissons qu'un souverain qui ait droit de do« miner sur notre foi. Ce n'est pas, sans doute, votre « Antiochus, qui fait profession de ne rien croire : c'est le Dieu du ciel et de la terre, le Dieu de nos pères, « et le nôtre. C'est à lui que nous obéissons. Il entend la déclaration publique que nous faisons de le servir, « Qu'il nous traite en ennemis, qu'il nous abandonne, << si nous sommes assez lâches pour lui manquer de pa<< role ! Nous n'avons qu'un mot à répondre aux ordres

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de votre maître qu'il en porte, s'il veut, qu'on << puisse exécuter sans crime, et qui ne donnent point << atteinte à une liberté inséparable de notre nom, ou « qu'il cherche ailleurs de vils esclaves de sa tyrannie. « Qu'on ne nous demande ni encens, ni sacrifices, ni « abandon de nos lois. Il est trop tard de nous montrer de nouvelles routes elles nous égareroient avec <<< vous. Nous sommes résolus de suivre celles que nous << ont tracées nos pères. Au reste, on n'a déjà que trop << immolé de victimes pacifiques, qui se sont laissé tran« quillement égorger. On pourroit porter la violence à <«< cet excès, que bientôt l'innocence opprimée et la << religion insultée trouveroient des vengeurs en état << de se faire craindre. Je remercie votre maître de ses << offres généreuses qu'il réserve ses dons: un vérita« ble serviteur de Dieu a toujours rejeté les présens << fait s par ceux qui l'outragent. »

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14. Les officiers de ce même Antiochus vouloient forcer Eleazar, vénérable vieillard, à sacrifier aux idoles, et à manger des viandes défendues par la loi. Les amis de ce véritable Israélite, alarmés pour ses jours, voulurent l'engager à obéir au roi. « Pourquoi, « lui dirent-ils, respectable Eleazar; pourquoi vous << obstiner à périr, tandis qu'il dépend de vous d'échap<< per à la mort, sans rien faire contre votre conscience? « Souffrez du moins que vos amis vous sauvent, puis« que vous vous abandonnez vous-même. S'il se trouve

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du crime dans nos conseils, il retombera sur nous « et vous n'en serez point chargé. Nous ferons appor<< ter ici des viandes, dont il vous est permis de man«ger; nous ne vous demandons que d'avoir la com<< plaisance d'y toucher. Vous le pouvez, selon la loi; << reposez-vous sur nous du succes. S'il faut faire enten<< dre aux officiers du roi que vous êtes déterminé à & obéir, c'est notre affaire; et le soin que notre zèle « nous impose ne doit point vous inquiéter. Voilà, sans « doute, un moyen sûr, et tout-à-la-fois fort innocent << d'échapper à une mort honteuse, qui déshonore votre « nation. Nous vous conjurons d'accepter ce parti, « que l'humanité seule nous obligeroit de vous sug« gérer, quand nous n'y serions pas engagés par le « devoir de notre ancienne amitié. »

Eleazar ne put entendre ces paroles, sans être pénétré d'une sainte indignation. « Quelle humanité bar« bare ! s'écria-t-il, quelle indigne amitié! Qu'on mề « mène au supplice; et, plutôt que de consentir jamais à une infame lâcheté, qu'on me jette tout vivant dans « le tombeau. Eh quoi! on me croit donc capable à « mon âge, de l'odieuse dissimulation qu'on ne rougit point de me proposer? Eleazar auroit attendu, dans « la pureté et dans l'innocence, qu'il eût atteint quatre« vingt-dix ans, pour donner lieu de croire qu'il seroit « passé de la religion de ses pères aux superstitions des » étrangers? Et ce seroit le vieux Eleazar que notre « jeunesse pourroit se proposer comme le modèle de «la plus lâche prévarication! Ce seroit moi qui leur « montrerois l'exemple de se laisser séduire par l'amour « de la vie et par la crainte des supplices! Car, après 1 « cela, qu'auroient-ils à se reprocher dans les plus « beaux jours de leur vie, et dès l'entrée de la car«rière, si moi, prêt à la fournir, et touchant déjà au « terme, j'imprimois à mon nom cette tache honteuse « si j'attachois à ma vieillesse l'exécration de tous les « gens de bien? Le peu qui me reste de jours ne « mérite pas d'être acheté à ce prix. Mais quand je < pourrois aujourd'hui, en prostituant mon honneur « et ma conscience, me rédimer des tourmens',

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« blerois-je que je sers un Dieu, à la justice duquel il << ne m'est pas possible d'échapper pendant ma vie, <«< dont le pouvoir éternel s'étendra sur moi jusqu'au << delà de mon trépas. Mourons avec courage, et mon«<trons-nous dignes de nos longues années. Puisque << Dieu daigne nous choisir pour nous donner en specta<< cle, apprenons par notre allégresse à tous nos jeunes << gens attentifs sur nos démarches, que la mort la << plus cruelle est aussi douce qu'elle est honorable << quand c'est à la souveraineté de son Dieu, à la sain<< teté de ses lois, à la conservation de son innocence, << qu'on fait le sacrifice de sa vie. »

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15. Mathathias, près de terminer sa glorieuse carrière, fit assembler ses cinq fils, connus sous le nom des cinq Machabées, et leur tint ce discours : « Je meurs, mes enfans, plein de jours et d'années, après avoir dans le cours d'une si longue vie, le peuple choisi de Dieu dans des états bien différens. Heureux aussi « long-temps que fidèles, nous n'avions point d'ennemis; et notre constante prospérité nous faisoit moins de jaloux, qu'elle ne nous attiroit d'admirateurs. Nous avons nous-mêmes enseveli notre bonheur sous les ruines de notre innocence, et nous avons commencé à trouver des tyrans dans nos souverains, quand «nous nous sommes fait un ennemi de notre Dieu. Nous avons lassé sa miséricorde, avant que sa justice ait éclaté. Mille avertissemens charitables nous pressoient de retourner à lui. Endurcis que nous étions, «< c'étoit trop peu pour nous gagner, que des caresses <«< paternelles ; il a fallu nous dompter par des vengean«ces éclatantes. Vous avez vu, mes enfans, jusqu'où << nos iniquités ont forcé notre Dieu de porter son in<< dignation. Il nous à livrés à l'orgueilleuse tyrannie «des rois de la terre. Les feux de sa vengeance ne se << sont point éteints dans notre sang. La ville sainte et «< le temple ont eu part à la désolation; mais ce qui << me console en ces derniers momens, dans le souve<«<nir funeste de tant de maux, c'est qu'il paroît qu'enfin «< notre Dieu, réconcilié avec nous, veut nous en faire << trouver le remède. C'est vous, mes enfans, dont

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il a dessein de se servir; et, en vous séparant du << milieu des coupables, il vous réservoit à être les << instrumens de ses miséricordes. Si vous vivez donc, << et si vous respirez, ce n'est pas pour vous, c'est pour « votre Dieu, c'est pour son peuple que vous vivez. << Restes précieux de tant de saints opprimés, songez à « être d'intrépides zélateurs de la sainte loi qu'ils ont « scellée de leur sang. N'oubliez jamais que son réta<blissement est entre vos mains. Vivez, en renouve«lant la divine alliance de nos pères, et mourez, " combattant pour elle. Je sais qu'une si grande en<< treprise est au-dessus de toutes vos forces, et qu'à << en juger selon les règles de la prudence humaine, << elle doit passer pour téméraire; mais, qui sommes<< nous pour mesurer les desseins de Dieu à nos foibles * intelligences, et pour donner des bornes à l'étendue << de son pouvoir? Je ne vous rappellerai point, pour « vous encourager, ce que je viens d'exécuter avec « vous en si peu de temps, et avec si peu de ressources. « C'en serait cependant assez pour vous faire com« prendre que la foiblesse se change en force, quand << elle est mise en œuvre par le Toul-puissant. Dieu m'a « fortifié dans l'exécution de ce que nous avons fait << ponr sa gloire; et je meurs content de n'avoir point « délibéré en faux sage, quand il ne s'agissoit que d'o«béir en fidelle. Remontez, mes enfans, jusqu'aux pre«miers temps de notre origine; rappelez-vous toute << notre histoire; souvenez-vous des merveilles que << nos pères ont opérées, et voyez si la confiance au << Seigneur a jamais été confondue. Devenus leurs imi<< tateurs, vous acheterez comme eux une gloire solide, << et vous vous ferez un nom qui ne périra jamais. « Abraham, notre père, fut mis à de rudes épreuves; << il sortit victorieux de la tentation; et la constance de << sa foi lui étant imputée à justice, attira sur lui et sur « sa famille les bénédictions les plus abondantes. L'in<< nocent Joseph vendu, calomnié, captif, ne put être « détourné de l'observation des saintes lois, par l'opi« niâtreté des plus violentes persécutions, et sa fidélité « fut enfin couronnée par une espèce de souveraineté

<< sur toute l'Egypte. Le brave Phinées, de quinous des «cendons et de qui nous avons recula qualité de prêtres «du Seigneur, brûla duzele ardent de la gloire de Dieu; « et il en recut, pour récompense, la promesse infailli«ble d'un sacerdoce éternel. L'intrépide Josué obéit à l'ordre de Dieu, malgré les prévarications d'un peu«ple incrédule, dont il étoit environné; et le Tout« Puissant le déclare, par son serviteur Moïse, chefet << conducteur d'Israël. Le fidelle Caleb soutint dans l'as« semblée du peuple un témoignage aussi glorieux à « Dieu, qu'avantageux à sa nation; et, parmi tant de <«< milliers d'hommes qui périrent dans le désert, Dieu « le réserva à un abondant héritage dans la terre de <<promission. Le vertueux David ne put être forcé à la vengeance par les plus indignes traitemens; et sa clémence lui valut un trône affermi pour toujours dans sa famille. L'incomparable Elie brûloit d'une sainte ardeur pour la défense de la loi ; et il mérita « d'être, tout vivant, enlevé dans le ciel. Ananias, «Azarie et Mizael, ces saints jeunes hommes, si cé<«<lèbres dans notre dernière captivité, demeurent « inébranlables dans la profession de leur for; et Dieu, « par un miracle éclatant, les conserve au milieu des « flammes. Daniel, ce prophète divinement éclairé, < persiste, avec une admirable pureté de cœur, dans « la pratique du saint culte, jusques dans le sein d'une <<cour idolâtre. On le jette en proie à des lions affamés; « et les bêtes féroces respectent sa vertu. Poussez plus <loin cette recherche, mes enfans: examinez en détail ce qui s'est passé, de race en race, depuis tant de << siècles; et vous verrez avec consolation, qu'une filiale confiance dans le Seigneur assure de sa constante protection, et, s'il le faut même, des prodiges de sa « droite. Que la puissance de ces hommes orgueilleux, «que vous avez à combattre, n'abatte point votre cou

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rage: ce sont des pécheurs et des ennemis de Dieu. «Leur gloire, plus méprisable que la boue, sera ense« velie dans le même tombeau, où leur corps livré à la « corruption deviendra la pâture des vers. Un impie « s'élève aujourd'hui jusqu'aux cieux; demain il n'en

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