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« s'exécutera, ou je me plaindrai jusqu'au dernier sou<< pir de la violence qu'on me fait. » En prononçant ces paroles avec beaucoup d'agitation, il serroit ses livres entre ses bras, sans vouloir permettre qu'on en lût même les titres, et il protesta que rien n'étoit capable de lui faire changer de résolution. La crainte d'avancer sa mort, qui ne paroissoit pourtant guère éloignée, l'emporta sur le regret qu'on avoit de lui obéir. Les trois manuscrits furent dévorés par les flammes, et M. Ravingthon mourut content quelques heures après. 9. Bien des gens s'imaginent que les travaux de l'étude sont incompatibles avec la foiblesse de l'âge tendre; et si quelque enfant se rend célèbre par des talens acquis dans ses premières années, on le regarde comme un de ces phénomènes que la nature se plaît quelquefois à produire pour manifester ses richesses. Cependant ces prodiges ne sont pas si rares qu'on le pense; et pour détruire le préjugé, il suffit de présenter aux lecteurs un précis de l'histoire de ceux qui se sont fait un nom par les productions de leur esprit, avant l'àge de vingt ans ; ce sont, pour ainsi dire, des exemples domestiques que nous offrons à la jeunesse : puissentils piquer son émulation !

Eupolis, poète de l'ancienne comédie, vivoit à Athènes, du temps d'Artaxerxès-Longuemain. Avant l'age de dix-sept ans, il avoit déjà composé dix-sept comédies, qui furent toutes représentées sur le théâtre avec l'applaudissement des Athénieus, ses compatriotes. Suidas ajoute qu'il y en eut sept qui remportèrent le prix destiné aux meilleurs ouvrages.

Le célèbre Hortensius, gendre de Catulus, n'avoit pas encore dix-huit ans, lorsqu'il acquit la réputation d'excellent orateur. Cicéron fait dire à Crassus qu'il le jugeoit tel dès-lors; et qu'il en avoit déjà fait le même jugement, lorsqu'étant consul il lui entendit plaider la cause de la province d'Afrique contre les préteurs, et depuis encore celle du roi de Bithynie. Que ce n'étoit ni flatter Catulus, ni favoriser Hortensius, que de reconnoître qu'il avoit perfectionné les dons de la nature par l'étude la plus variée et l'exercice le plus assidu.

Cicéron n'avoit pas plus de douze ou treize ans ; lorsqu'il composa un Traité de l'art de parler, De ratione dicendi, qu'il divisa même en deux livres, où il avoit tâché de réduire en méthode l'invention qui fait la principale partie de l'art oratoire. Dans la suite il retoucha cet ouvrage, le refondit, et en forma les trois dialogues de l'Orateur.

Coccéius Nerva expliqua publiquement le droit à l'âge de dix-sept ans, et répondoit déjà aux consultations les plus épineuses.

Pline le jeune n'avoit que seize ans, lorsqu'il composa une tragédie grecque, qui fut suivie bientôt après de plusieurs élégies, et d'un grand nombre d'épigrammes, qui furent applaudies de tous les bons connoisseurs.

Dès sa première enfance, Origène fut un grand homme, dit S. Jérôme. A l'âge de dix-sept ans, il ouvrit une école publique de grammaire et d'humanités dans la ville d'Alexandrie; et, quelques mois après, l'évêque Démétrius, instruit de son rare mérite et de sa profonde érudition sur l'Ecriture-Sainte, le chargea des instructions chrétiennes de la ville, en qualité de théologal et de professeur des lettre saintes.

Michel Vérin donna au public, à l'âge de quinze ans, des Distiques moraux, en latin, qui lui acquirent une grande réputation, et qui ont été traduits en presque toutes les langues.

Ange Politien, F'un des plus doctes et des plus polis écrivains du quinzième siècle, composa, dans les premières années de son adolescence, un poëme latin sur le tournoi de Julien de Médicis; ouvrage qui lui fit donner place parmi les plus grands poètes. Quelque temps après, le prince qu'il avoit célébré dans ses vers, ayant été assassiné dans la conjuration de Pazzi, Politien publia une relation historique de cet événement; elle parut si belle aux doctes de son temps, qu'ils la jugèrent digne des honneurs que l'on rend aux ouvrages des bons siècles.

Hermolaus Barbaro avoit lu et étudié, à l'âge de dix-huit ans, tous les livres qui étoient sortis de des

sous la presse, et une multitude de manuscrits; de sorte qu'avec de si bons secours, il se rendit auteur dès la même année.

Everard Second, à l'âge de douze ans, commenca à donner au public les poésies que nous avons de lui. La délicatesse, l'élégance et les autres beautés que l'on trouve dans les productions heureuses de ce savant précoce, ont fait tant d'honneur aux Hollandais, qu'on peut dire que c'est au jeune Second qu'ils sont redevables de l'anéantissement du proverbe de Martial, dont le sens est, qu'avoir l'oreille batave, n'est autre chose qu'être grossier, et n'avoir ni discernement ni délicatesse.

A l'âge de quatorze ans, Nicolas Bourbon fit un poëme de la Forge, Ferraria, pour faire honneur à la profession de son père, maître de forges aux environs de Langres.

Constanzo Felice, natif du bourg de Durance, dans la Marche-d'Ancône, fit paroître, avant l'âge de dixhuit ans, divers ouvrages d'érudition romaine, parmi lesquels on remarque, 1.o l'histoire de la conjuration de Catilina; 2.o deux livres de l'histoire de Cicéron, le premier sur son bannissement, le second sur son

retour.

Avant l'âge de dix-huit ans, Mélanchton enseigna publiquement dans l'université de Tubingue, dont it étoit docteur; et, à ses heures perdues, il s'amusoit à corriger les épreuves des livres, et les ouvrages qui sortoient de l'imprimerie de cette ville. C'est à ses soins qu'on est redevable du Naucler, qu'il fit paroître à dix-neuf ans.

Etienne de la Boëtie, conseiller célèbre du parlement de Bordeaux, composa, à l'âge de seize ans le traité de la Servitude volontaire, dont Montaigne, son ami, fait un pompeux éloge.

Jacques Grévin, l'un des plus beaux esprits du seizième siècle, n'avoit que treize ou quatorze ans, lorsqu'il donna au public une tragédie intitulée César, et deux comédies francaises, la Trésorière et les Esbahis, qui firent l'étonnement de Paris, lorsqu'on en ent

connu l'auteur. Ces trois pièces furent suivies assez immédiatement de pastorales, d'hymnes sur les mariages des princes et princesses de son temps, de sonnets, de chansons, odes, villanelles et autres pièces de poésies latines. Enfin il couronna son adolescence par la traduction des Œuvres de Nicandre en vers francais; traduction qui ne le cède point à l'original grec, au jugement de M. de Thou.

Jérôme de la Rovère, qui fut cardinal et archevêque de Turin, fit imprimer à Pavie, eu 1540, un recueil de ses poésies; et tout le monde fut étonné qu'à l'àge de dix ans qu'il avoit alors il eût pu joindre dans ses productions une érudition profonde, à cette heureuse facilité qu'on n'acquiert ordinairement que par un long exercice.

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Janus Douza, ou Jean Vander Doës, se montra poète, philosophe et mathématicien, dès l'âge de douze ans. A seize ans, il donna au public de savans commentaires sur les comédies de Plaute; et à dix-neuf ans, il publia son traité des choses célestes, sa dissertation de l'Ombre, et des commentaires sur Catulle, Tibulle et Properce.

Joseph Scaliger composa, à l'âge de seize ans, une tragédie d'Edipe, dans laquelle il fit entrer tous les ornemens de la poésie, et une justesse d'expression dont peu d'auteurs étoient alors capables,

Jean Argali n'étoit âgé que de dix-sept ans, lorsqu'il mit au jour son poëme intitulé l'Endymion, qu'il divisa en douze chants, et qu'il dédia au prince Philippe Colonne.

Jean Mursius se distingua dès sa plus tendre enfance par ses progrès dans les sciences, dans les langues, et dans l'étude de l'histoire ancienne. A douze ans, il composa des oraisons et des harangues qui furent admirées de tous les connoisseurs. A treize, il donna une collection de vers grecs, fruits de sa verve féconde et prématurée. A seize, il fit un commentaire sur le Lycophron, c'est-à-dire sur le plus obscur et le plus difficile des auteurs grecs. Enfin, à dix-sept ans, il travailla sur les idylles de Théocrite, et fit de très-heureuses

découvertes qui étoient échappées à la diligence de Henri Estienne, d'Isaac Casaubon, et de Joseph Scaliger, qui l'avoient précédé dans cette même carrière. Hugues Grotius fit des progrès si rapides dans ses études, qu'il composa de très-jolis vers latins à huit ans, et qu'à quinze il fut regardé comme un savant universel. Il en donna des preuves en soutenant des thèses fort difficiles sur toutes les parties de la philosophie, et en publiant son Martianus Capella, avec des notes. A seize ans, il composa la tragédie latine d'Adam disgracié et banni, un ouvrage sur les alliances de quelques puissances de l'Europe, et un autre sur la manière de trouver les ports, intitulé la Liméreutique. A dix-sept ans, il mit au jour un nouveau chef-d'œuvre d'érudition, intitulé Syntagma Arateorum. Ce sont des commentaires sur les phénomènes d'Aratus et sur les trois versions latines de cet ouvrage, faites par Cicéron, par Germanicus, et par Aviénus, avec des supplémens et les figures gravées des constellations. Grotius y fait voir jusqu'où alloit dès-lors la connoissance profonde qu'il avoit des antiquités grecques et romaines, et de l'astronomie. Enfin il travailla jusqu'à sa vingtième année aux divers ouvrages qu'il publia quelque temps après.

Fortunio Liceti, qui naquit avant le sixième mois de la grossesse de sa mère, est un de ces paradoxes historiques qui obligent de convenir que tout ce qui est incroyable n'est pas toujours faux, et que la vraisemblance n'est pas la perpétuelle compagne de la vérité. Liceti, en venant au monde, n'étoit pas plus grand que la paume de la main. Son père, qui étoit un habile médecin, l'ayant examiné, le transporta tout vivant à Ripallo, où il le fit voir à Jérôme Bardi et à d'autres médecins du lieu. On trouva qu'il ne lui manquoit rien d'essentiel à la vie; et son père, pour faire connoître combien il étoit instruit des secrets de son art, entreprit d'achever l'ouvrage de la nature, et de travailler à la formation de l'enfant avec le même artifice que celui dont on se sert pour faire éclore les poulets en Egypte. Il enveloppa son fils

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