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Elle lançoit des quartiers de rochers, des milliers de flèches, une grêle de balles de plomb et de fer elle suppléoit, dit-on, à une armée de vingt mille hommes; et les remparts, les fortifications les plus solides ne pouvoient lui opposer d'invincibles barrières.

3. Chez les anciens cénobites, chez les premiers solitaires, on ignoroit le repos. La vie monastique étoit une vie active, partagée entre deux exercices également utiles : la travail et la prière. Al'exemple des apôtres, ces vénérables pénitens vivoient du produit de leurs ouvrages ; et telle étoit leur ardeur et leur application, que souvent chaque religieux gagnoit assez pour nourrirencore trois ou quatre pauvres. Dans une contrée de la Thébaïde, on vit sous la direction de l'abbé Paconius quinze cents moines obligés de trouver, dans leur industrieuse activité seule, les moyens de soutenir leurs jours. Nonseulement ils subvenoient à toutes les dépenses, sans le secours de personne, mais ils se procuroient même le doux plaisir de soulager souvent la misère des villes et des bourgades voisines, où, par l'effet de leurs soins et de leur charité, on ne voyoit aucun pauvre. Ils firent plus: ayant appris qu'une famine cruelle désoloit Antioche et Constantinople, ils envoyèrent à chacune de ces villes une somme très-considérable, sans cependant diminuerleurs aumônes ordinaires : seulement on doubla, durant un an, les travaux de chaque religieux; et chaque particulier déroba quelques heures sur son sommeil, afin de suppléer à l'épuisement des fonds du monastère, ou plutôt, afin d'avoir de nouvelles ressources pour opérer de nouvelles œuvres de bienfaisance.

4. La jeune Euphraxie s'étoit consacrée à Dieu dans un monastère de la Thébaïde; mais, comme elle avoit quitté le monde de bonne heure, son abbesse craignit que ses charmes trompeurs ne se présentassent quelquefois à son esprit pour séduire son innocence. Afin donc de prévenir un ennemi qu'on ne peut vaincre que par la fuíte, outre les travaux ordinaires et communs à toutes les autres religieuses, elle chargea de plus la jeune vierge, objet de sa vigilance, de porter et de rapporter, d'un lieu à un autre, un grand monceau de

pierres dans ses heures de loisir. Elle croyoit, par cet exercice de surérogation, empêcher toutes les pensées dangereuses de naître dans l'esprit chaste et pur de cette sainte fille. Elle ne se trompa point; et la labo¬ rieuse Euphraxie devint le modèle et l'édification de

ses sœurs.

6. Afin de ne point croupir dans une molle indolence, les rois des Parthes avoient coutume d'aiguiser la pointe de leurs traits; et, au soin qu'ils apportoient à cet exercice, on voyoit bien qu'ils cherchoient non-seulement à en tirer quelque plaisir, mais encore à mériter la gloire de l'avoir bien rempli. Voyez ACTIVITÉ, TRAVAIL,

EXPÉRIENCE.

1. A u siége de Cambrai, M. de Vauban n'étoit pas

:

d'avis qu'on attaquàt la demi-lune de la citadelle. Du Metz, brave homme, mais chaud et emporté, persuada à Louis XIV de ne pas différer davantage. Ce fut dans cette contestation que M. de Vauban dit au roi: « Vous perdrez peut-être à cette attaque tel homme <«< qui vaut mieux que la place. » L'avis de Du Metz fut suivi la demi-lune fut attaquée et prise; mais les ennemis y étant revenus avec un feu épouvantable, ils la reprirent, et le roi y perdit plus de quatre cents hommes et quarante officiers. M. de Vauban, deux jours après, l'attaqua dans les formes, et s'en rendit maître sans y perdre que trois hommes. Louis XIV lui promit qu'une autrefois il s'en rapporteroit à son expérience, et qu'il le laisseroit faire.

1.

FAMILIARITÉ.

LA souveraine habileté dans la peinture n'étoit pas

le seul mérite du célèbre Apelle. Une politesse, la connoissance du monde, les manières douces, insinuantes, spirituelles, le rendirent fort agréable au grand Alexandre, qui ne dédaignoit pas d'aller souvent chez le peintre, tant pour jouir des charmes de sa conversation, que pour le voir travailler,et devenir le premier témoin des merveilles qui sortoient de son pinceau. Cette affection du conquérant de l'Asie pour un peintre qui étoit poli, agréable, délicat, ne doit pas étonner. Un jeune monarque se passionne aisément pour un génie de ce caractère, qui joint à la bonté de son cœur, la beauté de l'esprit et la délicatesse du pinceau. Ces sortes de familiarités entre les héros de divers genres ne sont pas rares, et font honneur aux princes.

2. Le roi Charles II étoit familier de son naturel, d'un accès très-facile, et aimoit assez à voir et à être vu. Plus d'une fois il dîna avec ses bons sujets de Londres chez le lord-maire. Lorsque sire Robert Viner eut été élu en cette qualité, il eut l'honneur de donner à dîner à sa majesté. Sire Robert, encouragé par sa bonté, et portant des santés continuelles à la famille royale, devint à chaque rasade plus passionné pour son prince, et bientôt sa tendresse dégénéra en familiarité. Charles II, qui s'en lassa, se leva de table, courut à la porte sans bruit, et fit avancer son carrosse. Sire Robert s'aperçut de son évasion; et, trop satisfait de sa compagnie pour le laisser partir, il courut après lui, le joignit sur l'escalier, et lui frappant dans la main : «Oh! parbleu, sire, lui dit-il, vous resterez, s'il << vous plaît ; vous ne me quitterez pas que nous n'ayons « vidé encore une bouteille de vin. » Le roi se mit à rire, le regarda avec bonté ; et, se tournant vers ceux qui étoient présens, il leur dit ce vers d'une

vieille chanson: « Celui qui est ivre est égal aux rois.» Il revint avec le maire, et eut la complaisance de rester jusqu'à ce que le bon-homme eût besoin d'un guide pour trouver son lit.

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FERMETÉ.

ULIEN l'Apostat avait malheureusement fait connoître qu'il étoit sensible aux traits de la satire; et la piété, naturellement si patiente et si douce, contracte trop souvent quelque teinture des passions humaines qu'elle trouve dans le coeur : elle y prend surtout dans la persécution un peu de fiel et d'amertume. Une sainte veuve, nommée Publie, connue par sa vertu et par celle de son fils, un des prêtres les plus respectés de la ville d'Antioche, étoit à la tête d'une communauté de filles chrétiennes. Leur occupation ordinaire étoit de chanter des hymnes. Depuis que Julien avoit déclaré la guerre au christianisme, elles affectoient d'élever leurs voix toutes les fois que l'empereur passoit devant leur maison, et de lancer pour ainsi dire sur le prince, certains versets des psaumes comme autant de traits qui lui perçoient le cœur. Elles avoient choisi celui-ci « Les dieux des nations ne : << sont que de l'or et de l'argent ; c'est l'ouvrage de la « main des hommes: que ceux qui les font, et qui met<< tent en eux leur confiance, leur deviennent sembla«bles. » Julien leur fit commander de se taire. Publie n'endevint que plus hardie: dès la première fois qu'elle sut que le prince approchoit, elle fit chanter cet autre verset: «Que Dieu se lève, et que ses ennemis soient "dissipés. » L'empereur, outré de colère, manda la supérieure, lui fit donner des soufflets par un de ses gardes, et la renvoya. Elle continua; et Julien s'apercut un peu trop tard que, ne pouvant faire taire ces femmes, il n'avoit d'autre parti à prendre que de ne pas paroître les entendre. Théodoret donne à Publie de grands éloges sa fermeté dans la foi est en effet

admirable. mais la prudence chrétienne dirigeoit-elle le zèle de cette sainte femme? Parce que l'empereur étoit païen, en étoit-il moins son maître ? lui devoitelle moins de respect?

2. Caton d'Utique fut élevé dans la maison de son oncle Drusus, alors tribun du peuple. Les députés des Latins étant venus chez ce magistrat, pour le prier de leur obtenir le droit de bourgeoisie, Popédius leur chef pria le jeune Caton d'appuyer leur demande auprès de son oncle; mais l'enfant répondit d'un ton assuré qu'il n'en feroit rien, et résista constamment à ses vives instances. Alors Popédius le prend entre ses bras, l'emporte au haut de la maison, et le menace de le précipiter en bas, s'il ne se rendà sa demande; mais rien ne put ébranler la fermeté du jeune Romain. Popédius saisi d'admiration, s'écria: «Nous sommes bienheureux << qu'il ne soit encore qu'un enfant; s'il étoit sénateur, << nous n'aurions rien à espérer. »

3. Pendant que Phocion commandoit l'armée des Athéniens, ses soldats voulurent le forcer de les mener à l'ennemi. Ce grand homme, qui ne jugeoit pas à propos de livrer bataille, tint ferme, et résista à leurs cris. Les Athéniens irrités l'accablèrent d'injures., l'appelant poltron et lâche. Phocion leur répondit en souriant, et sans s'émouvoir: « Vous ne sauriez me rendre << courageux, ni moi vous rendre timides; mais nous nous connoissons, demeurons en là. »

Dans des temps fort difficiles, le peuple, devenu insolent, s'emporta contre lui, et vouloit que sur l'heure il lui rendit compte de sa conduite. Phocion, toujours inébranlable, se contenta de répondre à la multitude: «Songez d'abord à vous tirer de l'embarras « où vous êtes ; c'est ce qu'il y a de plus pressé. »

Quelqu'un lui représentoit qu'il étoit dangereux pour lui de s'opposer avec autant de fermeté aux volontés du peuple; que les Athéniens, irrités de sa résistance opiniatre, pourroient bien enfin le faire mourir: « Oui, ré«pondit Phocion, ils me feront mourir; mais injuste<«ment, si je leur conseille ce qui est utile, et très-juste«ment, si pour les flatter je trahis leurs intérêts. »

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