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« répondit cet homme apostolique la foi lui sert de << bouclier; le Tout-Puissant le protège et l'environne: <«< que peut-il redouter? Ah! mes amis, ce qui me <«< touche, c'est la profession vile et dangereuse que » vous exercez. » Alors il leur parla de Jésus-Christ avec tant d'onction, qu'il les convertit.

Etant évêque, il abattit un grand nombre de simulacres et d'arbres que les païens honoroient comme des divinités. Souvent son zèle ardent exposoit ses jours; mais les périls ne pouvoient le ralentir. Un jour, après avoir renversé un temple fameux, il voulut couper un grand pin qui étoit proche; mais les païens n'y consentirent qu'à condition qu'il se tiendroit du côté que l'arbre pencheroit pendant qu'ils le couperoient. Martin se laissa donc lier de ce côté-là. Une grande foule de monde accourut au spectacle, pour être témoin de sa mort; et l'arbre, à demi-coupé, commencoit à tcmber sur lui, lorsque, par le seul signe de la croix, il fut repoussé comme par un coup de vent, tomba de l'autre côté, et pensa écraser ceux qui se croyoient le plus en sureté. Aussitôt il s'éleva un grand cri; et les idolâtres étonnés, ravis d'admiration, embrassèrent à l'envi la foi de Jésus-Christ.

3.S. Grégoire, qu'on nomme Thaumaturge, à cause des grands miracles que Dieu a opérés par son ministère, sacré évêque de Néccésarée, demanda au Seigneur de lui accorder une connoissance parfaite des mystères de la sainte religion. Il fut exaucé; et, fortifié de cette connoissance sublime, il part pour sa ville épiscopale, dont il étoit éloigné. Surpris par la nuit, il se retire dans un temple d'idoles, d'où, par ses prières, il chasse les démons qui y rendoient auparavant leurs oracles. Le sacrificateur, n'ayant pu les obliger à revenir par ses cérémonies superstitieuses, menace le saint de le faire punir par les magistrats. Grégoire, sans s'émouvoir, lui répond qu'avec le secours du Dieu qu'il adore, il peut chasser les démons d'où il lui plaît, et les faire entrer où il veut. Le sacrificateur, touché, le prie de lui faire oonnoître ce Dieu qui a tant de pouvoir sur les autres. Mais, choqué de ce qu'il lui disoit de l'incar

nation du fils de Dieu, il lui promet de croire ce mystère, s'il pent, par son commandement, faire changer de place une pierre d'une grosseur extraordinaire qu'il lui montre, et la faire passer dans un endroit qu'il lui marque. La pierre obéit aussitôt au saint, comme si elle eût été animée. Alors le païen, sans plus délibérer, quitte sa femme, sa maison, son bien et son sacerdoce, pour suivre Grégoire et devenir son disciple.

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FRANCHISE.

1. Ux jour, Louis XIV jouant au trictrac, il y eut

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un coup douteux. On disputoit : les courtisans demeuroient dans le silence. Le comte de Grammont arrive. « Jugez-nous, lui dit le roi. - Sire, c'est vous qui avez << perdu, répondit le comte. - Eh! comment pouvez<< vous me donner le tort, avant de savoir ce dont il << s'agit? Eh! sire, ne voyez-vous pas que, pour« peu que la chose eût été douteuse, tous ces mes<«<sieurs vous auroient donné gain de cause? »

2. Denis le tyran avait la manic de faire des vers, et, comme tous les mauvais poètes, la fureur de les réciter. Ses courtisans entretenoient sa folie poétique, par les louanges excessives dont ils l'accabloient. Le seul Philoxène, poète habile et grand musicien, osa lui dire son sentiment, et lui avouer qu'il trouvoit ses vers mauvais. Denis, irrité de cette hardiesse, le fit conduire aux Latomies, fameuse prison de Syracuse, creusée dans le roc. Quelques jours après, s'imaginant que Philoxène, instruit par sa disgrace, seroit d'un goût moins difficile, il le fit venir, et après lui avoir fait plusieurs caresses, l'invita à se mettre à table avec lui. Sur la fin du repas, Denis commenca à lire un de ses ouvrages favoris, sûr du suffrage de son convive, dont il ambitionnoit les applaudissemens. Mais Philoxène, se levant tranquillement au milieu de la lecture, prit le chemin de la porte. << Eh! où allez-vous done, lui dit le tyran?-Aux La« tomies, répondit Philoxène. » Le prince fut charmé

de cette plaisanterie : il en rit beaucoup, et pardonna au critique, en faveur du bon mot.

3. Themistocle sachant que dans la flotte grecque qui mouilloit à Salamine, on songeoit à éviter d'en venir aux mains avec celle de Xerxès, roi des Perses, fit donner avis, sous main, à ce monarque, que les alliés étant réunis dans le même lieu, il lui seroit facile de les vaincre et de les accabler tous ensemble; au lieu que, s'ils se séparoient, comme ils étoient près de le faire, il manqueroit pour toujours une si favorable occasion. Le roi le crut; et, par son ordre, un grand nombre de vaisseaux environna, de nuit, Salamine, pour ôter aux Grecs tout moyen de sortir de ce poste.

Personne ne s'aperçut que l'armée fût ainsi enveloppée. Aristide vint, la nuit même, d'Egine, où il commandait quelques troupes, et traversa, avec un très-grand danger, toute la flotte des ennemis. Quand il fut arrivé à la tente de Thémistocle, il le tira en particulier, et lui parla de la sorte : « Thémistocle,si <«< nous sommes sages, nous renoncerons désormais à « cette vaine et puérile dissension qui nous a divisés « jusqu'ici, et, par une plus noble et plus salutaire « émulation, nous combattrons à l'envi à qui servira << mieux la patrie; vous, en commandant et en faisant << le devoir d'un bon et sage capitaine; et moi, en

obéissant et en vous aidant de ma personne et de << mes conseils. » Il lui apprit ensuite que l'armée étoit enveloppée par les vaisseaux des Perses, et l'exhorta fort à ne point différer de donner le combat. Thémistocle, étonné jusqu'à l'excès d'une telle grandeur d'ame et d'une si noble franchise, eut quelque honte de s'être laissé vaincre par son rival; et, ne rougissant point d'en faire l'aveu, promit bien d'imiter sa générosité, et même, s'il pouvoit, de la surpasser par tout le reste de sa conduite. Puis, après lui avoir fait confidence de la ruse qu'il avait imaginée pour tromper le Barbare, il le pria d'aller trouver Eurybiade, généralissime de la flotte, et qui s'opposoit fortement à la bataille, pour lui représenter qu'il n'y avoit d'autre salut pour eux, que de combattre par mer à Salamine;

ce qu'il fit avec joie et avec succès; car il avoit beaucoup de crédit sur l'esprit de ce général.

4. Lélius, fameux jurisconsulte romain, s'étoit chargé de plaider une affaire criminelle, dans laquelle étoient impliqués quelques publicains ou fermiers des revenus publics, et dont le sénat avoit renvoyé la connoissance aux consuls. Il la plaida avec son exactitude et son élégance ordinaires; mais les consuls ne furent point persuadés, et ordonnèrent que l'affaire seroit plaidée une seconde fois. Nouveau plaidoyer de Lélius, encore plus travaillé et plus précis que le premier : nouveau renvoi du jugement à une troisième plaidoirie. Les fermiers reconduisirent Lélius à son logis, en lui marquant une vive reconnoissance, et le priant de ne point se rebuter. Il leur répondit qu'il étoit plein de considération pour eux, et qu'il le leur avoit prouvé en se chargeant de cette affaire; qu'il y avoit donné tout le soin et tout le travail dont il étoit capable; mais qu'ils feroient mieux de s'adresser à Galba, qui, étant orateur plus véhément, mettroit plus de feu, plus de force dans la manière dont il plaideroit leur cause, et emporteroit vraisemblablement le consentement des juges. Ils prirent ce parti, et recoururent à Galba, qui, ayant à remplacer un homme d'un si grand mérite, refusa long-temps de s'en chatger, et ne céda qu'avec peine à leurs vives sollicitations. Il employa le lendemain tout entier à étudier la cause, à s'en instruire à fond, à préparer et à arranger ses preuves. Le troisième jour, qui étoit celui où elle devoit se plaider, il s'enferma dans un cabinet voûté qui étoit à l'écart, avec des esclaves lettrés qui lui servoient de secrétaires. Quand on lui eut annoncé que les consuls étoient sur leur tribunal, il sortit deson cabinet le visage et les yeux tout en feu, comme s'il venoit de prononcer son plaidoyer. L'auditoire étoit fort nombreux et dans une grande attente: Lélius luimême étoit présent. Galba commenca à parler avec tant de vivacité et d'éloquence, que, presqu'à chaque partie de son plaidoyer, il étoit interrompu pas des applaudissemens; et il employa si à propos et la force des preuves

preuves et la véhémence des passions, que les fermiers gagnèrent absolument leur cause, et furent renvoyés absous. On applaudit à l'éloquence victorieuse de Galba; mais tout le monde combla d'éloges la noble franchise de Lélius.

FRUGALITÉ.

OCRATE devoit recevoir chez lui des étrangers et cependant il n'avoit apprêté qu'un repas très-frugal. Un de ses amis lui représentant qu'il falloit mieux traiter ses hôtes « Si mes hôtes sont gens de bien, ré<< pondit-il, il y en aura assez pour eux; s'ils sont «< méchans, il y en aura toujours trop. »

2. Jamais on ne vit le fameux Phocion rire, ni pleurer, ni se baigner dans les bains publics, ni avoir ses mains hors de son manteau quand il étoit habillé. Quand il alloit à la campagne, ou qu'il étoit à l'armée, il marchoit toujours nu-pieds et sans manteau, à moins qu'il ne fit un froid excessif et insupportable; de sorte que les soldats disoient en riant: «Voilà Pho«cion habillé; c'est signe d'un grand hiver. » Quoiqu'il fût d'un naturel fort doux et très-humain, il avoit le visage si rude et si austère, que ceux qui ne le connoissoient point auroient craint de se trouver seuls avec lui. Un jour que l'orateur Charès parloit fortement contre ses sourcils terribles, les Athéniens s'étant mis à rire, Phocion prit la parole, et leur dit : «< Ja<< mais ces sourcils ne vous ont fait de mal; mais les bons mots de ces rieurs vous ont souvent coûté « bien des larmes. >>

3. Le ministre Walpole vouloit détacher du parti du parlement un seigneur anglais, distingué par son mérite. Il va le trouver; il lui dit qu'il vient de la part du roi, pour l'assurer de sa protection, et lui marquer le déplaisir qu'a samajesté de n'avoir encore rien fait lui. Il lui offre en même temps un emploi considérable. « Milord, lui répliqua le seigneur anglais, avant Tome II.

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